Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Stephen Gauthier, de Demers valeurs mobilières.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

La volatilité qui va en augmentant depuis quelques semaines, s'est accentuée ces derniers jours. À l'intérieur d'une journée, on peut connaître une hausse importante pour terminer la séance en baisse, et vice versa.

On le voit avec l'indice VIX qui reflète la volatilité des actions américaines (ndlr: l'indice qui oscillait entre 20 et 30 depuis un an, a sursauté à 45 le 20 mai. Au plus fort de la crise du crédit, le VIX avait touché 80). Mais on le voit aussi sur le marché des matières premières et du côté des devises où on a vu des mouvements excessivement forts sur le dollar canadien, l'euro et le réal Brésilien, par exemple.

Qui dit plus de volatilité, dit plus de risque. Les rendements réguliers, où la Bourse semblait monter à chaque jour, sont plutôt en arrière que dans les mois à venir.

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

Je vais surveiller les commentaires des dirigeants des grandes sociétés qui nous donneront une indication sur les conditions d'affaires à l'international, surtout en Europe. Déjà cette semaine, le dirigeant de Microsoft Steve Ballmer a déclaré que les problèmes de finances publiques en Europe pourraient s'étendre ailleurs dans le monde, affectant la rentabilité de sociétés comme la leur.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

J'achèterais des actions de sociétés du secteur de la consommation courante qui dépendent surtout de l'économie locale, qui ont des revenus récurrents et qui versent un dividende élevé et en croissance d'année en année. Des exemples: Tim Horton qui est surtout au Canada et un peu aux États-Unis; Industries Lassonde qui détient une part dominante dans l'industrie des jus et dont le dividende augmente de 15% par an; les pharmacies Shoppers Drug Mart qui ont une source de revenus stables.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

J'éviterais les secteurs très cycliques, comme les mines et métaux. Même s'il y a une reprise économique mondiale, je ne crois pas qu'elle soit assez forte pour justifier le prix actuels des métaux. Comme je m'attends à un repli du prix du cuivre et d'autres métaux de base, je n'achèterais pas des actions de producteurs comme Teck Resources.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement?

Ce que l'on sous-estime au niveau mondial, c'est le potentiel de déflation. Tout le monde évite les obligations des gouvernements, à cause des craintes d'inflation et des risque de hausse des taux d'intérêt. Nous, on ne voit pas l'inflation comme un problème. Au contraire, plusieurs pays comme le Japon, l'Espagne et l'Irlande, sont en déflation. Même aux États-Unis, l'inflation est à son plus bas niveau depuis 1956.

À court terme, les banques centrales vont normaliser leurs taux d'intérêt qui étaient descendus à un niveau d'urgence, lors de la crise du crédit. La Banque du Canada pourrait même hausser son taux directeur dès la semaine prochaine. Mais à long terme, il n'y aura pas de hausse importante des taux d'intérêt.

Avec près de 25 ans d'expérience en finances, Stephen Gauthier agit à titre de stratège et gestionnaire de portefeuille principal chez Demers valeurs mobilières. Il s'est joint en 2009 à cette firme de courtage présente à Montréal depuis 18 ans.