À l'achat d'une auto, les consommateurs doivent négocier le prix de vente, plutôt que de magasiner en fonction des mensualités. Autrement, ils risquent de perdre le contrôle... surtout avec l'apparition des paiements hebdomadaires ou aux deux semaines.

Ces options de financement font rapidement leur chemin dans l'industrie automobile. Dans les publicités, on en trouve de plus en plus. Cela permet d'afficher des montants très bas. Par exemple, Chrysler annonce le RAM 1500, à 81$ par semaine, pour 84 mois (7 ans), à un taux variable de 2,25%.«On n'en revient pas! Je trouve ça déplorable» dit George Iny, président de l'Association pour la protecion des automobilistes (APA). Selon lui, les taux variables sont à proscrire, car les paiements sont sujets à des fluctuations importantes (les économistes s'attendent à une hausse des taux de 2% d'ici deux ans). Le financement sur plus de cinq ans est aussi à éviter, car le véhicule vaudra moins que le solde du prêt si vous le revendez après quelques années (vous devrez faire un chèque pour vous départir de l'auto).

Par contre, les paiements aux semaines ou aux deux semaines peuvent être intéressants pour les clients qui économisent un peu d'intérêts en remboursant un plus vite. Le problème, c'est que cela porte à confusion, comme le démontre l'histoire de Raymond Gauthier et de son épouse.

Un couple dérouté

Cet hiver, le couple a visité plusieurs concessionnaires pour faire l'achat d'un véhicule utilitaire sport. Partout, il demandait le prix par mois, pour un achat financé sur 60 mois (5 ans).

Après avoir fixé son choix sur le Honda CRV 2010, le couple décide d'acheter un démonstrateur (4600 km) qui coûte 456$ par mois (incluant tapis et pneus d'hiver, antirouille, et déduction de 3100$ pour un véhicule en échange).

Le couple et sa fille se présentent chez le directeur commercial. Celui-ci fait signer des documents à Mme Gauthier. «À quelques reprises, elle demande où est le montant de la mensualité. Le vendeur lui répond qu'il est indiqué plus loin. Il tourne rapidement les pages et nous laisse peu de temps pour lire les clauses», raconte M. Gauthier.

Le couple cherche en vain le montant de 456$... mais il en trouve plutôt un de 228$. «Le vendeur nous explique qu'une nouvelle politique de Honda Canada exige maintenant deux versements par mois, mais que cela revient au même. En effet, dit-il, 2 X 228$ ça fait bien 456$», rapporte M. Gauthier.

La dame signe et quitte avec le VUS. De retour à la maison, en relisant le contrat à tête reposée, le couple réalise que les paiements doivent être faits aux deux semaines et non pas deux fois par mois.

La différence est énorme, car il y a un peu plus de quatre semaines dans un mois. Une année compte 26 périodes de deux semaines... et non pas 24. Le paiement aux deux semaines implique donc deux paiements «en extra» chaque année.

Sur cinq ans, le couple pensait verser 60 mensualités de 456$, pour un total de 27 360$. À la place, ils devront faire 130 paiements (et non 120) de 228$, pour un total de 29 660$. Ainsi, le couple devra faire 10 paiements supplémentaires, ce qui représente pratiquement 2 300$ de plus!

Le soir même, le couple rappelle le concessionnaire pour exiger l'ajustement du prix ou l'annulation du contrat. Mais le vendeur refuse. Il insiste sur le fait que le montant total du véhicule est bien celui qui a été négocié. «Or, nous n'avons jamais négocié le montant total du véhicule, nous ne l'avons jamais vu avant la signature du contrat», dit M. Gauthier.

Joint par La Presse, le concessionnaire ne voit pas comment il pourrait dénouer l'impasse avec son client. «Je lui ai parlé hier. Je ne pense pas qu'il y a un terrain d'entente», a dit Patrick Wittmer, propriétaire de Honda Ste-Rose.

«Tout le dossier indique qu'il doit faire des paiements aux deux semaines. C'est très clair. Deux paiements pas mois, ça n'existe pas chez Honda!» précise-t-il. Il ajoute que Honda n'a aucune politique forçant les clients à payer aux deux semaines. Le choix revient aux acheteurs.

M. Wittmer n'a pas entendu les négociations entre le vendeur et le couple. Mais il estime que le contrat est en règle et que les clients l'ont signé en toute connaissance de cause. «Vous étiez trois, dit-il au couple. Vous avez initialé page par page. Et vous n'avez rien dit!»

D'ailleurs, le prix payé n'est pas catastrophique, même si on ne peut pas dire que le couple a eu une aubaine en achetant le démonstrateur. En fait, il aurait pu acheter un modèle neuf pour le même prix, évalue l'APA.

Néanmoins, «ça vaudrait la peine d'aller aux petites créances pour demander la différence», considère M. Iny. Même si le couple a signé le contrat, il est possible de faire renverser un document écrit, avec un témoignage, selon l'article 263 de la Loi sur la protection du consommateur.

Le couple devra démontrer que le contrat ne reflète pas les représentations faites par le vendeur. Ce sera sa parole contre celle du vendeur et du directeur commercial.