Personne ne se réjouit des déboires de la Grèce qui ont fait chuter l'euro. Reste que les touristes canadiens en auront plus pour leur argent cet été. Comment profiter au maximum de l'euro?

Benjamin se le demande. Il planifie un voyage en Europe en juillet. «J'aimerais profiter des taux dès maintenant sans accumuler de l'argent comptant, dit-il. Est-il possible d'ouvrir en compte en euros pour pouvoir en acheter le plus possible et vendre l'excédent lorsque l'euro aura remonté?»

Tout d'abord, est-ce le moment d'acheter ou est-il préférable de patienter avant de faire le plein d'euros? «C'est un bon niveau pour commencer à acheter des euros, si on veut être prudent», répond Antoine Lajoie, directeur principal, pour le change international, chez Banque Nationale Groupe financier.

Au début de 2009, il fallait débourser pratiquement 1,70 dollar canadien pour obtenir un euro. Aujourd'hui, l'euro est autour de 1,33$. «Il faut retourner en 2007, pour trouver un taux de ce genre. Avec les événements actuels, l'euro pourrait même descendre jusqu'à 1,30$, soit le niveau de 2001», indique le cambiste.

Mais il prévient que l'euro pourrait aussi remonter. Présentement, beaucoup de spéculateurs pessimistes misent sur la baisse de la devise. Ils ont emprunté des euros pour les vendre à découvert. «C'est inquiétant de voir tout le monde du même côté du bateau», dit M. Lajoie. Si les spéculateurs commencent à fermer leur position, ils vont devoir racheter l'euro, ce qui fera remonter la devise.

Tout bien considéré, l'idéal est de couper la poire en deux, en défrayant dès maintenant une partie des coûts associés au séjour estival en Europe. Par exemple, les vacanciers peuvent verser un dépôt pour réserver leur hébergement ou leur mode de transport.

Ils peuvent aussi acheter carrément des euros. Mais ceux qui ne veulent pas laisser les billets dans leur table de chevet, devraient les déposer dans un coffret de sécurité, plutôt que d'ouvrir un compte en euros, ce qui n'est pas monnaie courante.

Toutefois, les touristes n'ont pas avantage à se procurer plus d'euros que nécessaire, dans l'espoir de revendre la devise à profit si jamais elle remonte, comme songe à le faire Benjamin.

Ne s'improvise pas cambiste qui veut! «C'est un marché qui est complexe et qui doit être pris avec considération», dit M. Lajoie. De toute façon, les frais de conversion de devises réduiraient considérablement les perspectives de profits.

Ces frais passent souvent inaperçus, mais ils sont assez élevés, comme vient de le réaliser Pierre. Il est passé à sa banque au début de la semaine pour acheter 600 euros. Il lui en a coûté 845$, à un taux de 1,4045. En plus d'une commission de 2,75$ pour la transaction, l'institution s'est copieusement servie à même le taux de change, a-t-il découvert en comparant le taux de la banque avec le taux officiel.

«Je considère qu'il s'agit d'un piège pour le consommateur puisque nous subissons deux charges», dénonce-t-il.

C'est partout pareil! Le consommateur perd toujours au change, car les institutions achètent et vendent la devise à un taux différent. Par exemple, le 5 mai dernier, elles vendaient l'euro autour de 1,38$, mais elles achetaient l'euro à environ 1,29$, alors que le taux officiel était près de 1,33$.

En convertissant 1000$CAD, vous auriez obtenu entre 715 et 732 euros, selon l'institution (voir tableau). Si vous aviez reconverti immédiatement ces euros, on ne vous aurait remis que 917$ à 971$. Bref, vous auriez perdu entre 29$ et 84$ au change... sans compter les commissions.

Jusqu'à 8% du montant initial peut donc s'envoler dans la double conversion, ce qui représente des frais de change de 4% par transaction. Mais les taux sont plus avantageux dans les bureaux de change, comme Globex 2000 ou Calforex. En magasinant le meilleur taux, vous paierez seulement 1,5% par transaction.