Des carreaux de marbre vissés sur une terrasse extérieure en bois ou en béton.

Imitation marbre, précisons-le.

Un inventeur de Magog, André Ouellet, est à l'origine de l'idée. Il songeait à un produit synthétique de recouvrement de sol pour l'extérieur qui ne se déclinerait pas en longues lattes rectilignes.

Plastech et Moules industriels, deux entreprises-soeurs regroupées au sein de MI Intégration, ont relevé le défi. Une équipe d'une dizaine d'ingénieurs et de techniciens a planché sur le produit. Ils ont conçu des carreaux de polypropylène renforcés de fibres de verre, dont la surface imite le marbre, le granit, voire une mosaïque...

 

«Avec le cocooning et l'agrandissement du salon vers l'extérieur, il y a beaucoup d'argent qui s'investit autour de la maison», observe Vincent Houle, directeur du développement des affaires pour les carreaux SquareDecko.

Ces carreaux moulés par injection s'assemblent par bouvetage. Chaque carreau de 16 po est fixé sur la surface existante par deux vis, cachées par le carreau suivant. Les rainures et languettes, qui courent sur toute la longueur des chants, assurent la solidité de l'assemblage. Les concepteurs ont ajouté aux prototypes initiaux de petits tenons et mortaises pour faciliter l'alignement des pièces.

Les premiers carreaux issus du moule montraient une malheureuse tendance à se voiler. L'ajout de mica dans la mixture, en juste proportion, a permis de redresser le carreau et la situation. Il est maintenant légèrement concave. Ce léger renfoncement se corrige à l'installation, et assure que le centre du carreau est bien en appui contre la surface de support.

Un des problèmes les plus préoccupants des matériaux de recouvrement en plastique est causé par la dilatation et le retrait dus aux variations de température. Ce phénomène est limité ici par la dimension des carreaux, mais ne pouvait être négligé pour autant. Chaque carreau est muni de doigts qui maintiennent la distance adéquate entre les carreaux, en dépit des écarts de température.

Les concepteurs avaient d'abord tenté de mettre au point un système étanche. Ils ont abandonné cette voie après que des tests eurent montré que la dilatation du plastique les empêchait de garantir cette étanchéité.

Les carreaux, d'une épaisseur de 5/8 po, sont évidés et reposent sur 160 petits croisillons. Ils résistent à une charge de 200 lb/po2, assure Vincent Houle.

Des tests d'abrasion leur ont accordé une cote de revêtement commercial léger. Pour le déneigement, Vincent Houle recommande néanmoins l'usage d'une pelle de plastique.

Le polypropylène utilisé contient la concentration maximale d'adjuvants contre les UV - ce qui n'empêchera pas une légère décoloration au fil des années.

Selon le modèle, le coût varie de 6$ à 7,50$ par pi2.

Esthétique?

Bien sûr, c'est ensuite matière de goût. Il est surprenant de voir un petit balcon et son escalier entièrement couverts de carreaux imitation marbre. La rencontre de Florence-en-Toscane et de Venise-en-Québec.

Les carreaux unis, imitation granit couleur gris ou sable, font meilleur effet sur de grandes surfaces, au pourtour d'une piscine ou sur une terrasse, par exemple.

Ce serait encore mieux, toutefois, s'ils n'étaient pas creusés de deux légères rainures en croix, qui les subdivisent en quatre surfaces et simulent ainsi la juxtaposition de quatre petits carreaux de 8 po. Ces rainures sont nettement différentes des espacements entre les carreaux, ce qui accentue l'effet artificiel de cette simili-céramique.

Pourquoi ne pas avoir fait des carreaux plus petits, de 12 po de côté par exemple, et éviter ces rainures centrales? «Nous avons consulté des designers, qui nous ont dit que si on voulait un produit plus haut de gamme, il fallait opter pour des carreaux de 16 po sur 16 po ou de 12 po sur 24 po», répond Vincent Houle.

Mais il ne fallait pas alors les subdiviser en carreaux plus petits!

Il faudra atteindre un rythme de production de 250 000 carreaux par année pour qu'un autre moule soit fabriqué, sans rainure ou au format de 12 sur 24 po.