Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Stéfane Marion, de la Banque Nationale.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

La Bourse s'est ressaisie après les soubresauts qu'on avait connus la semaine précédente, lorsque l'Inde a commencé à resserrer sa politique monétaire, emboîtant le pas à la Chine. Cela avait amené les investisseurs à s'interroger sur la viabilité de la croissance économique mondiale.

Cette semaine, ils ont réalisé que la reprise est peut-être très robuste. Les statistiques sur la production industrielle ont été extrêmement fortes, à la fois dans les pays émergents et les pays industrialisés. Le niveau de la production industrielle est à peine 3% en dessous de son record de tous les temps!

Par ailleurs, les Américains ont réussi à adopter la réforme des soins de santé. Cela favorisera la reprise de la consommation discrétionnaire, un secteur névralgique de l'économie américaine. D'ailleurs, le secteur boursier de la consommation discrétionnaire a bondi de 8% depuis le début de mois.

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

La Bourse est dans l'attente des fameuses données sur l'emploi aux États-Unis, qui sortiront vendredi prochain. Règle générale, les marchés boursiers font bien dans les six mois qui suivent une reprise du cycle d'embauche. Un retour à la création d'emplois confirmerait la viabilité de la reprise économique. Cela permettrait aussi d'estomper les craintes d'une rechute du secteur immobilier résidentiel américain, ce qui serait positif pour les banques américaines.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

@D SUR LE RADAR 2 texte 3 (réponse P1):Nous sommes positionnés pour une année de croissance supérieure à la moyenne. Nous avons 65% en actions et 35% en titres à revenus fixes. À l'intérieur des actions, nous voulons profiter de la reprise du cycle d'investissement des entreprises qui voudront demeurer concurrentielles dans la reprise économique. Nous avons donc une surpondération dans le secteur des technologies de l'information au sein de l'indice américain S&P500. Nous sommes aussi surpondérés dans les marchés émergents.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Nous recommandons sous-pondérer les titres aurifères. Le prix du lingot est appelé à fléchir, autour de 850$US l'once, dans un contexte où l'inflation est faible, où les positions spéculatives demeurent très élevées sur l'or, et où la toile de fonds devient de plus en plus favorable au dollar américain.

On n'a qu'à penser à ce qui se passe en Europe: oui, la zone euro en est venue à une entente pour aider la Grèce, cette semaine, mais ça n'a pas été facile! Nous croyons que le dollar américain pourrait gagner encore 10 cents, face à l'euro, pour se fixer à 1,25US l'euro, par rapport à 1,34$US présentement.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement?

Une hausse des taux d'intérêt directeurs aux États-Unis, dès cet été. Les banques commerciales de ce pays détiennent présentement près de 1200 milliards$US de réserves excédentaires à la Réserve Fédérale, soit l'équivalent de 8% du produit intérieur brut (PIB).

Si la création d'emplois reprend et que les banques deviennent plus à l'aise, elles commenceront à redéployer ces réserves dans l'économie sous forme de prêts bancaires. La Réserve Fédérale devra agir de façon à assurer une croissance soutenable de la masse monétaire. Nous prévoyons donc une première hausse du taux directeur en août.