En hausse depuis plus de deux ans, la courbe de rendement des obligations américaines (ou l'écart entre les rendements des titres de dix ans et de deux ans) amorce vraisemblablement une nouvelle descente. Tout indique que les banques centrales vont bientôt «normaliser» leur politique monétaire, lire hausser les taux. Ce phénomène entraîne des changements à la stratégie d'allocations d'actifs de Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux.

Les actions devraient continuer à offrir une meilleure performance que les obligations, mais avec une plus faible marge, souligne M. Delisle dans son plus récent bulletin. «Notre niveau de confiance par rapport à cette surperformance des actions déclinera en même temps que la courbe de rendement deviendra moins prononcée.»

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Depuis un an, la pondération d'actions recommandée par M. Delisle était de 68%. Cette proportion diminuera, annonce-t-il. «La récompense au risque dans les actions n'est plus une idée aussi convaincante qu'au début de 2009», estime le stratège.

«Notre stratégie pour 2010 était de renverser notre tendance agressive vers les titres cycliques en 2009 et de diminuer graduellement notre penchant vers le risque, rappelle Vincent Delisle. Nous voyons ce revirement de la courbe comme une indication supplémentaire pour agir. Nous continuons à préférer les actions, mais notre niveau de confort diminue.»

À l'intérieur du portefeuille d'actions, Vincent Delisle recommande des secteurs généralement moins touchés par les craintes de hausses de taux d'intérêt ou la faiblesse de l'euro et du yen. Il met ainsi l'accent sur le secteur industriel, la technologie, la consommation discrétionnaire (médias, câble) et le pétrole. «Les fertilisants seraient notre choix numéro un dans les matériaux, précise-t-il. Notre préférence des assurances sur les banques vient également de notre perception que la courbe de rendement se stabilise.» Depuis 1987, illustre Vincent Delisle, les assureurs ont mieux fait que les banques quand les écarts de taux étaient plus faibles.