Derrière chaque personnalité publique, se cache un investisseur. Six d'entre elles ont accepté de nous ouvrir leur portefeuille: le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe, les comédiens Alex Perron et Raymond Legault, le gestionnaire de portefeuille Marc Dalpé, la joueuse de tennis Aleksandra Wozniak et le champion olympique de ski acrobatique Alexandre Bilodeau.

UN POLITICIEN PRUDENT

Gilles Duceppe

Chef du Bloc québécois et député fédéral de Laurier-Sainte-Marie

Gilles Duceppe a été initié au monde des placements dans son ancienne vie de conseiller syndical. Il a contribué au développement de Bâtirente, le fonds de retraite des membres de la CSN. «J'ai négocié beaucoup de conventions collectives dans l'hôtellerie et on a fait des changements à leurs régimes de retraite, qui étaient conçus pour que le compteur reparte à zéro après deux semaines de cessation d'emploi, se rappelle-t-il. J'ai vu des gens qui avaient travaillé 20 ans dans ce milieu et qui ont eu une pension de 131$... par année!» Le chef du Bloc québécois a conservé son RÉER chez Bâtirente jusqu'en 2008. Depuis deux ans, ses économies sont dans le fonds Helios de Desjardins Sécurité financière. «Le capital est protégé durant 10 ans et j'ai un boni garanti de 7% par année pendant 10 ans, des avantages que Bâtirente n'offrait pas», dit M. Duceppe, qui a obtenu un rendement de 21% en 2009. Toute sa vie, Gilles Duceppe a été un investisseur prudent, conservant toujours 60% de son portefeuille en obligations. «J'ai toujours pensé en fonction de ma retraite plutôt qu'en fonction de faire de l'argent», dit-il. En raison de son généreux régime de pension de député fédéral, Gilles Duceppe n'a pas de cotisation disponible pour son RÉER personnel. «Je place plutôt de l'argent dans le REEE de mes trois petits-enfants», dit-il.

INVESTIR À SON INSU

Alex Perron

Humoriste, comédien et auteur

Alex Perron s'intéressait à ses placements deux fois par année, quand il se rendait à la banque. Jusqu'à la récente crise boursière. «La crise, j'en ai payé les frais! Ça te rend plus frileux. Tu ne vires pas fou, mais tu te dis: «tabarouette, c'est mon argent qui disparaît!» Ça te permet de réfléchir», dit-il. Heureusement, 70% de son RÉER est géré de façon conservatrice par l'Union des artistes et la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC). «Je suis assez prudent, dit-il. Je prends quelques risques avec mon RÉER personnel parce que je sais que ceux de l'Union des artistes et de la SARTEC sont plus solides.» À chaque contrat, on retire obligatoirement à l'ancien Mec Comique un montant en prévision de sa retraite. «C'est une bonne affaire car ça s'accumule à ton insu! Comme travailleur autonome, les années, voire les mois, ne se ressemblent pas», dit-il. Jeune humoriste, Alex Perron ne s'intéressait pas au monde des placements. «Durant tes premières années dans le métier, tu te demandes si ça va durer et la retraite te semble encore bien loin, dit-il. Quand tu vois que tes affaires fonctionnent, tu y penses davantage.»

PRÊCHER PAR L'EXEMPLE

Marc Dalpé

Associé et gestionnaire de portefeuille du Groupe Dalpé-Milette

Marc Dalpé prêche par l'exemple. Le patron de la firme Dalpé-Milette investit ses économies de la même façon que celles de ses 1800 clients – une liste incluant la chanteuse Ginette Reno, la sextuple médaillée olympique Clara Hugues et l'auteur et chroniqueur sportif Réjean Tremblay. Chez Dalpé-Milette, il n'y a qu'un seul portefeuille d'actions. Seule la pondération actions-obligations varie selon le client. Le patron aime bien prêcher par l'exemple: son portefeuille contient 100% d'actions. «Je vis relativement bien avec la volatilité, dit-il. Je crois à la capacité des marchés boursiers de procurer des meilleurs rendements à long terme que les titres à revenus fixes.» Depuis quatre ans, il mise sur les marchés boursiers du Canada et des pays émergents. «Je n'investis pas aux États-Unis depuis six ans et en Europe depuis quatre ans, dit-il. Ce furent deux choix judicieux.»

LE FLAIR DU PRÉSIDENT

Raymond Legault

Acteur et président de l'Union des artistes

Que les membres de l'Union des artistes se rassurent: leur président s'y connaît en placements. Voyant venir la crise financière et la déprime boursière, Raymond Legault a vendu presque toutes ses actions avant l'automne 2008. «J'étais exposé à 75% en fonds d'actions et je suis sorti presque totalement du marché boursier quand j'ai commencé à voir des articles sur les problèmes de crédit aux États-Unis, dit-il. À 56 ans, je cherche surtout à protéger mon capital.» Durant toute sa carrière – qui comprend des premiers rôles dans le film Bach et Bottine et les téléromans Cormoran et Le Temps d'une paix –, Raymond Legault a toujours cotisé au RÉER de l'Union des artistes, le syndicat qu'il préside depuis 2007. «L'artiste se voit retirer 7,50% de son cachet, dit-il. Le producteur met 5,5% et l'artiste 2%.» Comme administrateur de la Caisse de sécurité des artistes, Raymond Legault a contribué à l'ajout de trois fonds à la fin des années 90. Ses membres ont désormais accès quatre fonds gérés par l'Industrielle Alliance. En plus de ses cotisations obligatoires, Raymond Legault rajoute chaque année quelques milliers de dollars dans son fonds de retraite de l'Union des artistes. «J'essaie de contribuer au maximum permis, soit 18% de mes revenus», dit-il. Quel conseil financier le président de l'Union des artistes, qui regarde les cours de la Bourse quotidiennement, donne-t-il à ses membres? «Il faut se connaître et surtout, connaître son rapport à l'argent», dit-il.

LA CHAMPIONNE DU RISQUE

Aleksandra Wozniak

Joueuse de tennis professionnelle (35e au monde)

Au tennis comme à la Bourse, Aleksandra Wozniak aime prendre des risques. «Il faut prendre des risques pour gagner, dit la 35e raquette mondiale et meilleure joueuse de tennis au pays. Si tu es trop sur la défensive, tu vas perdre. Mon profil boursier est donc un peu risqué.» L'athlète de 22 ans a acheté ses premiers fonds communs chez Desjardins quelques mois après son éclosion sur le circuit féminin, à la fin de l'année 2008. «Sans le savoir, j'ai commencé à investir au bon moment», dit-elle. Wozniak cause surtout placements avec le mari de sa soeur aînée Dorota, qui travaille chez Merrill Lynch au Texas. «Je ne regarde pas la Bourse à chaque jour, mais peut-être une fois par semaine, dit-elle. Je suis curieuse.» Si elle aime prendre des risques avec ses économies pour la retraite, Aleksandra Wozniak conserve tout de même 75% de ses économies hors-RÉER, dans un compte d'épargne à intérêts élevés. Ce compte lui sert à payer les dépenses courantes de sa vie de globe-trotter. Ces économies pourraient lui permettre de fonder son entreprise de design de mode une fois sa carrière tennistique terminée. «J'aimerais jouer jusqu'à 30 ans, mais on ne sait jamais au tennis, dit-elle. Si je me blesse, il faut un plan B. Pour moi, c'est la mode.»

UN CASSE-COU ALLERGIQUE AU RISQUE

Alexandre Bilodeau

Médaillé d'or olympique en ski acrobatique aux Jeux de Vancouver (bosses)

Quand il dévale les pentes, le skieur acrobatique Alexandre Bilodeau prend tous les risques pour gagner. Une attitude qui lui a valu une médaille d'or olympique aux Jeux olympiques de Vancouver le mois dernier. Comme investisseur, le champion olympique est plus prudent. «La Bourse l'intrigue, mais il n'aime pas prendre de risques avec son argent. Il prend déjà pas mal de risques dans son sport», dit son père Serge Bilodeau, fiscaliste chez KPMG. À la Bourse, Alexandre Bilodeau préfère le marché immobilier. En plus de son condo, il possède plusieurs blocs appartements au Canada. «Il regarde pour investir dans l'immobilier aux États-Unis, mais il ne l'a pas fait encore», dit son père Serge. Alexandre Bilodeau a liquidé ses actions avant la déprime boursière de 2008 afin d'acheter des actifs immobiliers. Il en a profité pour garder une partie de son portefeuille en argent. Sage décision avec les marchés qui ont chuté dramatiquement. Avec la reprise boursière, Alexandre Bilodeau a recommencé à investir. Il a maintenant 45% de son portefeuille dans des titres à dividendes élevés et 20% dans des titres plus risqués du secteur minier. «Comme je connais bien le secteur minier, ce sont des risques calculés, dit son père Serge. Alexandre commencera l'université éventuellement, peut-être même l'automne prochain, alors on a décidé de ne pas risquer son argent.»