Les actions des principales banques canadiennes sont en manque d'un nouvel élan en Bourse, après des mois de relative stagnation.

Pourtant, soulignent des analystes, ces banques demeurent parmi les plus réputées dans leur monde industrialisé pour la façon dont elles ont pu résister aux pires effets de la récente crise financière.

Aussi, ces banques peuvent s'appuyer sur un marché de base – l'économie canadienne – qui s'est avéré plutôt résiliente face à la récession mondiale.

En encore plus face à la dure récession aux États-Unis, qui a mis de nombreuses banques américaines en péril.

D'ailleurs, les résultats de premier trimestre 2010 divulgués ces jours-ci par les banques canadiennes témoignent d'un niveau d'activités relativement sain malgré la conjoncture incertaine.

N'empêche. Tout indique que les investisseurs boursiers cherchent plus de signaux favorables avant de se commettre davantage en actions de banques canadiennes.

«L'année 2010 en est une de transition pour les banques canadiennes. Car après une période d'obsession à propos des risques de crédit, on hésite maintenant à réaliser que ces risques ont été bien repris en mains», indique Michael Goldberg, analystes des banques chez Valeurs mobilières Desjardins, dans une récente note à ses clients-investisseurs.

De plus, note-il, la perception des investisseurs boursiers envers les banques canadiennes demeure handicapée par des facteurs hors de leur contrôle direct.

Combien de temps durera la léthargie de l'économie?

Cette conjoncture nuit à l'essor et la rentabilité des activités importantes des banques auprès des particuliers et des PME. Elle pourrait aussi les contraindre à maintenir plus longtemps que prévu un niveau relevé de provisions pour pertes sur prêts.

Par ailleurs, quel sera l'impact sur les banques canadiennes de la règlementation bancaire plus sévère attendue au niveau international, en particulier pour leurs actifs et filiales hors du Canada?

Cette question est particulièrement significative pour la Banque de Montréal (BMO), la Royale (RBC) et la Toronto-Dominion (TD), qui sont les plus investies sur le marché américain.

Pour sa part, la banque Scotia a des activités importantes dans les pays à l'économie émergente.

Malgré ces facteurs d'incertitude, les actions de banques canadiennes demeurent attrayantes aux yeux de plusieurs analystes.

Peter Rozenberg, qui surveille les services financiers au Canada pour la firme UBS Investment, projette un rendement moyen de l'ordre de 14% d'ici un an pour les actions de banques canadiennes.

Son explication? Ces actions de banques se négocient en Bourse à un multiple moyen de 12 fois leur bénéfice annuel par action qui est encore anticipé pour l'exercice 2010.

Mais c'est en appliquant le même multiple au bénéfice par action qui est prévisible pour l'an prochain, en hausse d'environ 15% par rapport à 2010, que l'analyste Peter Rozenberg déduit son potentiel d'appréciation d'environ 14%.

«Les actions de banques canadiennes apparaissent déjà un peu plus chères que leurs semblables américaines et australiennes, par exemple. Mais cette prime est justifiée par la meilleure qualité d'ensemble des banques canadiennes, ainsi que leur meilleur potentiel d'appréciation au cours des prochains trimestres», selon M. Rozenberg.

À la Financière Banque Nationale, l'analyste Robert Sedran abondait dans le même sens dans sa dernière note sur les banques canadiennes.

Selon lui, les investisseurs auraient avantage à profiter de la période de relative stagnation et de replis occasionnels des actions de banques en Bourse pour y augmenter leurs avoirs.

Et préparer ainsi leur portefeuille à profiter davantage de la reprise de croissance économique.

«La croissance des bénéfices des banques ira en s'accentuant au fur et à mesure qu'elles réduiront leurs provisions pour pertes sur prêts», rappelle M. Sedran.