Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, André Chabot, de Triasima.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?Le plus significatif, ce sont les problèmes de la Grèce et, par extension, de l'euro. Mais l'Allemagne a adopté la ligne dure, ce qui est probablement la bonne attitude. L'Allemagne, un pays dominant, conservateur et fiscalement responsable, veut que la Grèce mette en place des mesures d'austérité. Cela est bon pour la stabilité de l'euro à long terme.

Mais cette semaine, l'euro a encore faibli face au dollar US qui reprend des forces depuis deux mois. C'est le principe de «quand on se regarde, on se désole; mais quand on se compare, on se console». Oui, les Américains ont des problèmes, mais l'Europe et le Japon aussi.

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

Nous surveillons les indicateurs qui permettent de jauger la reprise économique américaine, comme l'indice ISM de la production manufacturière qui se situe à environ 55, ce qui est très bien (au-dessus de 50, l'ISM indique une expansion économique). On regarde aussi la création d'emplois (pas le taux de chômage qui est un indicateur retardataire). De ce côté, la détérioration est terminée. Nous sommes dans un creux. Et nous croyons que la création reviendra d'ici quelques mois.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

Dans le contexte d'un portefeuille diversifié, on investirait à la Bourse américaine, dans les secteurs de la technologie et de la santé. En techno, il y a une demande latente, car les entreprises ont sous-investi depuis 2002. Des fabricants de matériel informatique, comme IBM ou Corning, vont en profiter.

Par ailleurs, le président Obama risque d'accoucher d'une souris avec son projet de restructuration du système de santé. Qu'on soit d'accord ou pas, cela enlève beaucoup d'incertitude autour des entreprises de la santé. À surveiller: des grandes pharmaceutiques comme Merck, ou encore des fournisseurs de produits et services comme Edwards Lifesciences (traitement des maladies cardio-vasculaires), Emergency Medical Services (services médicaux d'urgence) et Odyssey HealthCare (soins palliatifs).

Quel placement évitez-vous à tout prix?

On évite l'or et les métaux de base. Ce sont des denrées dont le prix mondial est établi en dollars américains. Si le dollar monte, le prix de ces denrées va baisser. Et on continue d'éviter les banques américaines. Cela sera long avant qu'elles retrouvent une rentabilité solide. Il y a encore beaucoup de ménage à faire dans les mauvaises créances reliées au marché hypothécaire.

Quel est l'élément que les marchés sous-estiment le plus présentement?

Les marchés sous-estiment la capacité du consommateur américain à recommencer à dépenser lorsque la création d'emploi sera de retour. Nous avons un scénario plus positif que le consensus: nous prévoyons une accélération de la reprise économique et un raffermissement du dollar américain.