Au cours des deux prochaines semaines, le monde entier se tournera vers Vancouver, ville hôtesse des Jeux olympiques. Et les marchés boursiers?

La communauté financière s'intéresse lentement mais sûrement aux effets des Jeux olympiques sur la Bourse. Dow Jones prétend que les titres associés aux Jeux s'apprécient davantage lors d'une année préolympique. Un analyste de HSBC fait remarquer que les Jeux donnent souvent le ton à l'année en Bourse. Deux hypothèses qu'il faut prendre au sérieux - mais pas trop, implorent leurs auteurs.

AVANT LES JEUXILa demi-victoire de Dow Jones

Dow Jones a remporté son pari olympique. À moitié, mais quand même.

Au cours de la dernière année, l'indice olympique Dow Jones a mieux performé que la plupart des indices boursiers internationaux. Une coïncidence qui n'en est pas une, selon la société financière qui se spécialise notamment dans la création d'indices boursiers. La victoire de Dow Jones est toutefois diminuée par le fait que son indice olympique n'a pas la cote auprès des investisseurs.

Le pari de Dow Jones? Les commanditaires olympiques et les sociétés appelées à effectuer les contrats olympiques font de plus grosses affaires l'année précédant les Jeux olympiques. Leur titre boursier a ainsi tendance à s'apprécier davantage durant le cycle préolympique.

Dow Jones a vérifié son hypothèse une première fois à compter de décembre 2007 en prévision des Jeux de Pékin. En décembre 2008, Dow Jones a ajusté son indice olympique en vue des Jeux de Vancouver, qui commençaient hier.

L'indice olympique de Vancouver 2010 a généré un rendement de 38,1% entre le 22 décembre 2008 et la veille des cérémonies d'ouverture. Il se classe loin devant les grands indices boursiers comme le S&P 500 (+23,7%), l'indice industriel Dow Jones (+19,1%) et l'indice international de Morgan Stanley (+24,1%). Seul l'indice de la Bourse de Toronto a généré un meilleur rendement (+38,6%) durant la période en question.

«L'indice olympique est un phénomène intéressant, mais les investisseurs ne doivent pas baser toute leur philosophie d'investissement là-dessus», prévient son créateur John Prestbo, directeur exécutif des indices boursiers Dow Jones

L'indice olympique Dow Jones comprend deux types de titres: les commanditaires internationaux du mouvement olympique et les entreprises du pays hôte qui profitent de la manne des contrats olympiques. «Nous nous sommes rendu compte que les Jeux semblent avoir une influence sur les titres des entreprises du pays hôte durant leur cycle olympique, dit John Prestbo. Les titres de commanditaires internationaux, eux, sont moins influencés par les cycles olympiques.»

L'indice comprend actuellement 36 titres, dont 16 titres canadiens et 13 titres américains. Aucun titre ne dépasse 11% de l'indice. Les trois plus importants? McDonald's (10,6% de l'indice), General Electrics (10,3%) et la Banque Royale (9,8%). Dow Jones fera une mise à jour de son indice olympique à la fin de l'année afin de l'adapter aux prochains Jeux d'été de Londres. Les sociétés canadiennes feront ainsi place à des titres britanniques. «L'indice olympique est un phénomène à court terme, mais ce phénomène à court terme semble se continuer dans le temps si on change les titres en fonction des pays hôtes», dit John Prestbo.

Y a-t-il une demande pour un indice olympique au sein de la communauté financière? Dow Jones commence à en douter. L'indice n'a jamais été disponible au Canada, pays hôte des Jeux d'hiver de 2010. «Ce n'est pas un grand vendeur, dit John Prestbo. Il faut dire que nous n'avons pas créé cet indice pour la communauté financière mais pour les gens qui s'intéressent aux Jeux olympiques. En Europe, nous avons des indices boursiers semblables pour le soccer et la Formule 1.»

APRÈS LES JEUX I La boule de cristal olympique

À l'aube des Jeux de Vancouver, l'analyste boursier Douglas Rowat s'est amusé à consulter sa boule de cristal olympique la semaine dernière.

L'analyste principal des actions de l'équipe des services privés de Valeurs mobilières HSBC a comparé le rendement boursier des pays hôtes des Jeux olympiques depuis les derniers Jeux tenus en sol canadien, à Calgary en 1988. Résultat: 10 fois sur 12, les Jeux donnent le ton à l'année boursière en cours.

«Comme le rendement boursier durant les Jeux reflète très souvent le rendement boursier au cours de l'année, je conseille aux investisseurs de garder un oeil sur les marchés boursiers durant les Jeux de Vancouver», dit Douglas Rowat.

Une autre raison de continuer à suivre la Bourse durant les Jeux olympiques de Vancouver: les marchés boursiers du pays hôte s'apprécient en moyenne de 0,9% durant les Jeux depuis ceux de Calgary en 1988. Douglas Rowat ne prend pas sa boule de cristal olympique trop au sérieux, mais suffisamment pour rédiger une note à ses clients le 1er février dernier. «L'humeur et l'état d'esprit des investisseurs durant les Jeux olympiques peut avoir une certaine influence sur les marchés», dit-il en entrevue à La Presse Affaires.

En se basant sur les rendements passés des pays hôtes des Jeux, le TSX devrait augmenter de 0,9% au cours des deux prochaines semaines. C'est toutefois loin d'être une certitude. En se basant sur les rendements du TSX durant les Jeux depuis 1988, on observe que le TSX est en moyenne immobile (rendement de 0%) durant les Jeux.

Selon Douglas Rowat, l'indice de la Bourse de Toronto devrait s'apprécier de 15% entre la veille de l'ouverture des Jeux de Vancouver et la fin de l'année 2010. «Nous sommes très optimistes au sujet des actions, et ça n'a rien à voir avec les Jeux olympiques», dit-il.

HSBC Valeurs mobilières place le cours cible du TSX à 13 000 points à la fin de 2010. «Les titres financiers connaîtront une forte croissance cette année, dit Douglas Rowat. Les banques seront plus flexibles dans leurs prêts et généreront ainsi plus de revenus. Le baril du pétrole devrait aussi se situer à 85$ à la fin de l'année.»

La firme de valeurs mobilières est encore plus optimiste à l'égard des marchés boursiers étrangers. Selon HSBC, la Russie (+31,1%), l'Allemagne (+28,6%) et la Chine (+27,1%) connaîtront les plus importantes hausses boursières d'ici la fin de l'année. Avec un rendement prévu de 15%, le Canada se classe en queue de peloton. «Nous prévoyons une hausse de 15% à 25% pour les principaux marchés boursiers mondiaux», dit Douglas Rowat.