Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Nicolas Chevalier, gestionnaire de portefeuille chez Pembroke.

La Presse: Quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

Nicolas Chevalier: Les résultats de FedEx aux États-Unis. FedEx et UPS sont deux bons indicateurs pour prendre le pouls de l'économie. La direction de FedEx a annoncé en début de semaine que les résultats de l'entreprise allaient être supérieurs aux attentes des analystes. Les commentaires de la direction indiquent que d'un point de vue global, l'économie commence à reprendre de la vigueur.

L.P.: Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

N.C.: La clé, d'un point de vue macro-économique, est l'emploi au Canada, mais surtout aux États-Unis. La grande question est de savoir combien, des emplois qui ont été perdus, le seront de façon permanente, c'est-à-dire qui ne reviendront jamais parce qu'ils ont été déplacés en Chine ou ailleurs.

L.P.:Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

N.C.:Je le placerais dans des actions. Je suggère deux titres. D'abord celui de l'intégrateur montréalais de système et fournisseur de services conseils Groupe CGI. La direction est un important actionnaire de la firme. Le carnet de commandes s'élève à 10 milliards, ce qui assure une bonne diversité des revenus. Il y a une opportunité qui se présente pour croître de façon accélérée aux États-Unis où le marché se consolide présentement. L'autre titre que je recommande est celui d'Atrium Innovations, une entreprise de Québec qui commercialise des suppléments nutritionnels. L'année 2010 promet d'être une grosse année pour la compagnie. Atrium vient d'acheter une entreprise en Floride et les marchés fondent beaucoup d'espoir sur cette acquisition qui devrait permettre d'accélérer la croissance.

L.P.:Quel placement faut-il éviter?

N.C.:Les obligations à long terme du gouvernement sont assurément à éviter en raison de la hausse potentielle des taux d'intérêt.

L.P.:Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus en ce moment?

N.C.:Les attentes sur la reprise économique ne sont pas très élevées. Les gens ne s'attendent pas à grande chose et c'est bien, car ça laisse de la place pour des surprises positives. À la sortie des dernières récessions, les reprises ont été beaucoup plus rapides et agressives que ce que la plupart des économistes anticipaient. Si l'histoire est un guide, ça peut aider. Le gouvernement américain a seulement dépensé 25% de son programme d'aide. Une grosse partie des dépenses s'en vient en 2010. Le consommateur américain est encore endetté, sauf que la minorité aisée a repris beaucoup de confiance.

L.P.:Quelle erreur les investisseurs ne doivent pas commettre?

N.C.:Les gens sont toujours portés à investir en regardant dans le rétroviseur plutôt qu'en regardant vers l'avant. Ce qui fait bouger les marchés, c'est ce qui va se passer dans le futur. C'est important de se tourner vers ce qui s'en vient.Nicolas Chevalier est gestionnaire de portefeuille chez Pembroke Management à Montréal. Il y travaille depuis 12 ans. Les actifs sous gestion de Pembroke sont évalués à un milliard de dollars. La firme investit essentiellement dans des titres de croissance. Les caisses de retraite et les particuliers sont ses principaux clients.