Pierre Foglia en avait parlé dans sa première chronique de l'année 1999, question, disait-il, de projeter un rayon de soleil dans le quotidien de ses lecteurs.

Ergogrip, une entreprise fondée l'année précédente par Sarah Hubert-Levy et sa fille Alexandra, proposait de la vaisselle ergonomique pour les hôpitaux et centres de soins de longue durée.

Dix ans plus tard, Ergogrip existe toujours, et vient d'élargir sa gamme avec une nouvelle collection ergonomique qui peut servir à domicile.

Le communiqué envoyé à ce propos par l'entreprise indique que l'Office de la propriété intellectuelle du Canada (OPIC) «a reconnu la vaisselle ergonomique et thermique d'Ergogrip comme étant parfaitement adaptée aux personnes de tout âge ayant des problèmes de dextérité».

Interrogé à ce sujet, l'OPIC a expliqué que Mmes Hubert-Levy et leurs produits avaient plutôt été cités en exemple de réussite sur une affiche qui célébrait la contribution des femmes à l'innovation. «L'Office de la propriété intellectuelle n'appuie pas les produits d'entreprises», a précisé l'organisme.

Cette... nuance n'enlève rien au mérite intrinsèque du produit, remarquez. Sarah Hubert-Levy en avait eu l'idée alors qu'elle était représentante pour une société américaine de vaisselle isolante. «Pendant des années, on mettait la soupe dans les tasses parce que les gens ne pouvaient pas prendre correctement le bol», raconte-t-elle.

Elle a alors conçu une tasse et un bol munis de larges anses ouvertes, faciles à saisir par des mains rendues malhabiles par l'âge ou la maladie. Leurs parois doubles recelaient un film d'air, qui faisait office d'isolant.

Intermède technique: ces bols et tasses isothermiques sont constitués de deux pièces moulées par injection, puis assemblées. Elles sont soudées ensemble en les faisant tourner l'une contre l'autre à grande vitesse. La friction sur l'anneau de contact fait fondre localement la matière plastique, qui se refroidit ensuite en solidarisant les deux pièces.

Sarah Hubert-Levy voulait fabriquer ses produits au Québec mais n'avait trouvé aucun fournisseur en mesure de faire du soudage par rotation. La production a donc été lancée en Chine, mais a récemment été amenée au Québec. «Durant les trois dernières années, dit-elle, j'ai été très insatisfaite de la qualité et j'ai convaincu le fabricant québécois qui fabrique mes verres d'investir dans l'équipement.»

Elle esquisse elle-même la plupart de ses produits, dont la conception est laissée à ses fabricants ou à une firme de design. «Il y a très peu de designers qui conçoivent de la vaisselle au Québec, poursuit-elle. Des firmes qui font des pièces pour Bombardier, il y en a un paquet: ils sont tous passés par là. Mais la vaisselle, c'est un défi.»

La firme Morelli Designers avait elle aussi travaillé pour Bombardier, mais avait de l'expérience en vaisselle! Mme Hubert-Levy lui a demandé de mettre au point sa nouvelle collection. «Ils ont fait quatre maquettes, entre lesquelles il m'a fallu choisir.»

Entièrement fabriquée au Québec, souligne-t-elle avec fierté, la collection 2010 est une version plus raffinée de sa vaisselle destinée aux hôpitaux.

Les anses sur les bols ont été raccourcies, afin d'occuper moins de place dans les plateaux. La tasse est toujours munie d'une anse large et profonde, ouverte vers le bas. De petites ouvertures ont été ménagées à la jonction des anses, pour éviter que l'eau s'y accumule lorsque la vaisselle est déposée à l'envers dans le lave-vaisselle. Autre amélioration, la moitié inférieure du bol et de la tasse est plus étroite, afin qu'ils puissent s'emboîter au moment du rangement.

Les couleurs - or, marron ou bleu perle, avec une base crème - ont été choisies par Mme Hubert-Levy. Mais peut-être aurait-elle dû confier aussi cet aspect au designer.