Ils sont de retour. Le défi: lancer un produit en cinq semaines, de l'idée initiale jusqu'à la vente. Chaque automne, les étudiants en deuxième année de design industriel à l'Université de Montréal doivent dénicher un problème, trouver la solution, la raffiner et la tester avec des maquettes et des prototypes. Les équipes de trois ou quatre étudiants font ensuite la production d'au moins 12 articles. Au cours de cet atelier - une journée par semaine au milieu des autres cours -, ils conçoivent même l'emballage et le présentoir.

Le produit doit être suffisamment simple pour être fabriqué dans les ateliers de l'école... et suffisamment solide pour répondre à une garantie écrite d'un mois. La vente a lieu aujourd'hui, à HEC Montréal.

Voici cinq idées amusantes, choisies parmi les projets des 21 équipes.

Signet Plongez dans votre lecture

Audrey Tanguay, Fanny Brossard, Sophie Poulin Martin

Une paire de jambes féminines émerge entre deux pages. Inspiration: les étudiants plongent dans leurs livres en tout lieu, mais leur lecture est constamment interrompue. Ce signet en plastique coloré, plus mince qu'un signet en carton, est suffisamment fin pour s'insérer profondément dans la reliure. «Il garde non seulement la page, mais la ligne, précise Fanny Brossard. On ne lit pas constamment le même paragraphe.»

Le plus difficile: la silhouette devait répondre aux besoins ergonomiques de la manipulation sans sacrifier le galbe des jambes. Délicat équilibre...

«C'est la première fois qu'on nous fait calculer nos heures pour un projet», s'est étonnée l'étudiante. Total pour l'équipe: 250 heures.

Socle de recharge Log on

Gabriel Hébert, Jessica Ma, Anthony Miglierina

Le contraste pouvait difficilement être plus marqué. Les étudiants cherchaient à utiliser le bois dans sa forme la plus brute. Ils s'intéressaient d'autre part à une préoccupation très contemporaine: la recharge des petits appareils électroniques, qu'on cherche partout et dont le fil d'alimentation glisse toujours derrière un meuble.

Solution: une base permanente, sous la forme d'une tranche de rondin qui se fixe au mur sur une plaque murale. Percé de deux trous, le rondin s'insère et glisse sur les deux tenons d'acier de la plaque, qu'un aimant maintient en place. Le fil de recharge est pincé entre le rondin et son support. Le rondin peut également être simplement déposé sur un meuble. «C'est universel, commente Anthony Miglierina, avec humour. On peut y mettre n'importe quel fil et n'importe quel appareil!»

Support X-bottes

Lea Brisson Walters, Gabriel Caron, Frédérique Majeau-Rajotte

Améliorer la vie des gens. Hiver. Bottes qui sèchent dans leur «sloche».

Cette séquence logique s'est achevée avec un sèche-bottes en forme de X. Deux plateaux inclinés à 45° reçoivent chacun une paire de bottes et recueillent l'eau de fonte.

Les deux pièces sont moulées par thermoformage, sur une matrice fabriquée par l'équipe.

Les deux plateaux sont en fait la même pièce taillée différemment. «On n'a fait qu'un moule, ce qui évite le double du travail», explique Frédérique Majeau-Rajotte. Ils s'insèrent l'un dans l'autre à leur sommet, où leur croisement forme un rangement pour tuques et gants.

«Il y a beaucoup d'action en ce moment», poursuit-elle, pour s'excuser du bruit ambiant dans les ateliers de l'École. «On a terminé notre production et nous sommes en train de finaliser les détails du stand et de l'emballage.»

Bol à fruits Ras-le-bol

Marie-Pier Marcoux, Julien Thibeault, Patricia Ibarra, Karelle Messier

«C'est un truc de grand-mère, mais chaque truc de grand-mère a un fond de vérité», lance Julien Thibeault.

Leurs recherches l'ont confirmé: le liège repousse bel et bien les mouches à fruits en raison du CO2 qu'il dégage.

L'équipe cherchait à concevoir un bol à fruits doté de pieds originaux. Ils ont décidé d'utiliser huit bouchons de liège. Ils sont simplement insérés sous pression dans le plateau, dans des trous disséminés sur sa surface.

Moulé par thermoformage en forme de berceau, le plateau peut ainsi occuper trois positions d'équilibre différentes.

Afin de corriger les défauts de moulage dans le plastique transparent, les étudiants l'ont dépoli au jet de sable. «Il nous a fallu beaucoup de prototypes pour obtenir une qualité suffisante pour la vente», confie Julien Thibeault.

Lanterne Bétonium

Félix Martin, Alexandre Tardif, Samuel Bernier

Ils voulaient utiliser le béton à des fins esthétiques. Il restait à trouver le produit. Puis la lumière se fit. «L'idée est venue d'une série incroyable de sketchs», relate Samuel Bernier. Ce serait une lanterne en forme de silo nucléaire - contraste évocateur.

«Avec la qualité du moule, on s'est rendu compte qu'on pouvait obtenir une surface polie, presque miroir», indique-t-il.

La base est évidée de telle sorte qu'on puisse glisser lampions et allumettes sous la lanterne. L'objet peut même servir d'encensoir, duquel s'élève un filet de fumée encore plus évocateur.

«J'attendais ce projet avec impatience», confie l'étudiant. Expérience intense... «J'ai dormi deux fois à l'école au cours des deux dernières semaines. Je ne pense pas que ce soit quelque chose que font les étudiants en anthropologie.»