Tableau L'outil: Une carte de crédit VISA Desjardins, avec une puce électroniqueLe hic: La carte a été clonée, puis utilisée par un fraudeur pour une transaction de 632$ à la SAQ.«Il ne faut jamais perdre de vue sa carte de crédit. De cette façon, elle ne sera jamais clonée»-Jean-Paul BoyerAu bout du compte: Le client a immédiatement avisé VISA Desjardins. Trois jours plus tard, on lui a crédité le montant et on lui a fait parvenir une nouvelle carte.

Les détenteurs de carte de crédit ne sont pas à l'abri de la fraude, même avec les nouvelles puces électroniques qui ont fait leur apparition au Canada en 2008.

La preuve: Jean-Paul Boyer s'est fait cloner la carte à puce que Visa Desjardins lui avait envoyée au printemps dernier. Il a détecté la fraude lui-même en consultant son état de compte sur l'internet, au début d'octobre. Il s'est aperçu qu'un achat de 632$, à la SAQ, avait été porté à son compte.

M. Boyer a immédiatement averti VISA Desjardins qui a annulé la transaction et qui lui a fait parvenir une nouvelle carte de crédit.

«Ce n'est pas la puce qui est en cause. La puce est une technologie sûre, impossible à cloner. C'est la bande magnétique qui a été clonée», assure Hélène Lavoie, porte-parole de Desjardins.

Il faut savoir que les nouvelles cartes à puce ont aussi une bande magnétique, ce qui permet aux clients d'utiliser leur carte dans les commerces qui ne lisent pas les puces.

C'est d'ailleurs le cas de la SAQ, où les terminaux fonctionnent uniquement avec la bande magnétique. Mais la société d'État remplacera bientôt les terminaux de paiement dans ses 414 succursales. Le déploiement débutera en février pour se terminer en juin, indique la porte-parole, Linda Bouchard.

D'ici 2010, la technologie de la carte à puce sera généralisée au Canada. Les clients qui utiliseront leur carte à puce à partir d'un terminal pour cartes à puce, devront entrer leur numéro d'identification personnel (NIP).

Cela réduira les risques de fraude. En effet, un voleur ne pourra pas utiliser une carte à puce volée à partir d'un terminal à puce, puisqu'il n'aura pas le NIP et que le terminal ne procédera pas à la transaction avec la bande magnétique. Cependant, le voleur pourrait tenter d'utiliser une carte volée, à partir un terminal à bande magnétique seulement, en forgeant une fausse signature.

D'autre part, la puce n'éradiquera pas le clonage, un fléau en pleine expansion. Les pertes ont gonflé de 55% en deux ans seulement. L'an dernier, 158 500 comptes de cartes de crédit ont fait l'objet d'un clonage, ce qui a entraîné des pertes de 197 millions de dollars, selon l'Association des banquiers canadiens (ABC) qui compile les données d'American Express, de MasterCard et de Visa.

Or, les fraudeurs pourront encore cloner les cartes à puces, en copiant la bande magnétique seulement. Ensuite, ils pourront faire des transactions à partir de n'importe quel terminal, y compris les nouveaux terminaux qui accepteront les vieilles cartes à bande magnétique seulement. Pas le choix : les États-Unis n'ont pas adopté la puce.

Autrement dit, comme les nouveaux terminaux accepteront les vieilles cartes à bande magnétique, il y a encore des risques de clonage. C'est pourquoi M. Boyer se fait maintenant un devoir de suivre sa carte de crédit comme un chien de poche... même si elle a une puce. «Il ne faut jamais perdre de vue sa carte de crédit. De cette façon, elle ne sera jamais clonée», dit-il. Voici d'autres mises en garde :

- Signez l'endos de votre carte, même si elle a une puce

- Surveillez souvent et attentivement votre état de compte

- Choisissez un NIP impossible à deviner (pas votre date de naissance ou votre adresse!)

- Ne dévoilez votre NIP à personne. Ne l'écrivez nulle part (surtout pas votre portefeuille!)

- Protégez-vous des regards quand vous composer votre NIP sur le terminal

- Ne laissez jamais votre carte sans surveillance, ni au restaurant, ni à l'hôtel, ni ailleurs.