L'appétit pour le risque a repris sur le marché obligataire dans la première moitié de l'année 2009, et la période estivale n'a pas changé l'attitude des investisseurs. Contrairement à ce qui se passait à la fin de l'année 2008, ils favorisent de plus en plus le rendement par rapport à la sécurité.

On constate donc un rétrécissement important de l'écart de crédit entre les obligations du gouvernement fédéral et les obligations de société. Au 31 décembre, l'écart entre le rendement à l'échéance moyen des obligations était de près de 4%. Il n'est plus que de 2% aujourd'hui.

Cela se reflète aussi sur le rendement réel sur le marché. L'an dernier, les obligations à long terme du gouvernement du Canada ont procuré un rendement de 13%, contre un rendement négatif de -11,70% pour les obligations de société. Cette année, les premières ont engendré un rendement négatif de -2,17%, pendant que les secondes dégageaient un rendement de 25,48%.

«Il s'agit d'un revirement spectaculaire, note Benoit Durocher, vice-président exécutif et chef stratège économique chez Addenda Capital. L'an dernier, ce qui avait un soupçon de risque était ignoré par les investisseurs et délaissé. Tout ce qui était très sécuritaire suscitait un engouement.»

Ce revirement pourrait laisser croire qu'il y a eu exagération dans le cadre de la crise de liquidités en 2008. Mais ce retour rapide de l'appétit pour le risque traduit aussi des perspectives plus favorables par rapport à une éventuelle reprise économique et par rapport à la santé financière des investisseurs.

«Les anticipations de reprise étaient bonnes pendant l'été, mais elles semblent avoir été revues sous un angle plus modeste dernièrement, note M. Durocher. Mais il reste encore cet engouement, ce besoin pour le rendement. On est à un point d'inflexion quant aux perspectives sur les marchés.»

Si les investisseurs revoient à la baisse leurs anticipations économiques, ils vont réévaluer le risque d'investir dans les obligations de société.