Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Denis Durand, de Jarislowsky Fraser.

Quel a été l'événement le plus significatif de la semaine?

L'annonce des résultats des banques canadiennes qui ont été meilleurs que prévu. Dans à peu près tous les cas, les analystes avaient sous-estimé les profits.

 

D'abord, les marges de profit sur les opérations bancaires se sont améliorées, à cause de l'écart des taux d'intérêt: les banques ne versent pratiquement plus rien en intérêt dans les comptes de dépôt, mais elles prêtent encore à des taux aussi élevés que l'an dernier.

Ensuite, celles qui sont plus actives en financement d'entreprises ont fait de très bons profits: elles ont gentiment pressurisé les sociétés pour qu'elles rehaussent leurs capitaux... tout en leur offrant leurs services pour les aider à le faire!

Et puis, les banques ont eu moins de pertes liées à de mauvais prêts, au dernier trimestre.

Est-ce que tout ça indique que la reprise est vraiment bien enclenchée? Non. Je reste méfiant pour le prochain trimestre. Il pourrait y avoir de mauvaises surprises. D'ailleurs, les banques elles-mêmes restent prudentes. Comme leur ratio de capital est assez élevé, elles auraient pu relever leur dividende. Mais elles ne l'ont pas fait.

Quel indicateur surveillerez-vous le plus au cours des prochaines semaines?

Les ventes au détail pour la rentrée. Nous verrons si les consommateurs restent moroses ou s'ils ont seulement été refroidis par le mauvais temps cet été, et qu'ils ont gardé leur argent pour la rentrée.

S'il n'y a pas de reprise de la consommation, il faudra se replier sur l'investissement commercial. Mais comme il y en a peu, la planche de salut sera alors les programmes d'infrastructures dont l'impact ne se produira pas avant 2010.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

Même si elles ont monté beaucoup, j'irais vers de bonnes actions de banques qui versent un dividende élevé. En ce moment, je pencherais pour le titre de la Banque Scotia. Et si le pétrole baisse un peu à l'automne (avant de remonter au printemps prochain, suivant son habituelle tendance saisonnière), j'en profiterais pour acheter des titres faibles comme Suncor et EnCana (surtout que le prix du gaz naturel est tellement bas).

Quel investissement évitez-vous à tout prix?

Les secteurs des ressources naturelles qui ont monté en flèche en raison de la spéculation. Je pense aux métaux, comme le cuivre et le nickel. J'éviterais les petites sociétés minières.

À votre avis, qu'est-ce que les investisseurs sous-estiment le plus en ce moment?

Dans deux ans, il y aura beaucoup plus d'inflation. Pourquoi? On ne peut pomper le système économique en imprimant un trillion de dollars, on ne peut avoir un déficit de 1,8 trillion de dollars comme aux États-Unis sans créer de l'inflation.

Or, les gens sous-estiment l'impact qu'aura l'inflation sur les prix de l'immobilier et des actions à la Bourse. Ils s'imaginent que l'immobilier va rester extrêmement faible longtemps.