Une majorité de pères québécois utilisent leur congé de paternité. Une proportion importante profite du congé parental. Chez les jeunes familles à un seul revenu, le père est à la maison une fois sur 10. Quelles sont les conséquences financières? Petites histoires familiales...

Père au foyer? «C'est une super expérience, résume Pierre-Yves Villeneuve. On est en meilleure position pour comprendre ce que les femmes ont vécu, mais en même temps, on développe des relations avec nos propres enfants, qu'on ne pourrait développer autrement.»

Auprès de ses amis, Pierre-Yves Villeneuve est devenu une référence en congé parental. Il a appris à la dure, lors de la naissance de leur premier enfant, en septembre 2007. Le couple pensait pouvoir choisir le congé parental à la carte, l'un optant pour le régime de base, l'autre pour le régime particulier. «Il a fallu le comprendre, raconte-t-il. Et on ne s'était pas préparé de fonds à l'avance.»

Certaines dépenses ont alors diminué. Dès le premier jour de son congé, Pierre-Yves Villeneuve a appelé son assureur automobile pour faire modifier son contrat. Son kilométrage venait de passer de 1000km à 50km par semaine. «C'était plusieurs dizaines de dollars sur la durée du congé, dit-il. On le prend.»

La facture d'électricité a surpris Pierre-Yves Villeneuve. Avec une présence permanente à la maison, le chauffage n'est plus réduit durant le jour. Ajoutez les innombrables lavages et séchages...

Son employeur, a-t-il appris à son retour au travail, avait continué à payer les primes de ses avantages sociaux. Mais il lui fallait les rembourser, ce dont son maigre relevé de salaire a fait foi. «C'était 500$ à 600$ d'un coup. Ça donne un choc.»

Maintenant bien au fait de ces subtilités, il s'apprête à prendre le relais de sa conjointe, en septembre prochain, auprès de leur seconde fille de trois mois. «Je vais mettre un peu d'argent de côté», assure-t-il.

À l'inverse, le congé parental peut venir soulager à point nommé un problème imprévu. La planificatrice financière Josée Jeffrey donne l'exemple de son neveu, qui avait épuisé ses cinq semaines de congé de paternité et était retourné au travail. Après quelques mois, il a perdu son emploi. «Sa blonde, qui commençait à s'ennuyer à la maison après sept mois de congés parentaux (faut croire que son bébé est très calme), a suggéré que papa bénéficie du solde des prestations parentales et qu'elle reprenne son emploi, raconte-t-elle. Ainsi, il n'y a aucune perte de revenus pendant les mois restants. Une bonne idée!»

Des congés populaires

En 1995, à peine 4% des papas québécois se prévalaient d'un congé parental. Avec la mise en place du Régime québécois d'assurance parentale, en janvier 2006, la participation des pères a explosé. Dès 2006, 69% des nouveaux pères admissibles ont demandé un congé de paternité.

Les autres? «Ce ne sont pas 30% de mauvais pères», insiste Raymond Villeneuve, directeur du Regroupement pour la valorisation de la paternité. Selon lui, ils craignent plutôt de ne pas pouvoir retrouver leur emploi au retour - travailleurs saisonniers ou autonomes, par exemple.

On ne se racontera pas d'histoires: du point de vue financier, la question du parent au foyer se pose exactement de la même façon pour un père que pour une mère. La seule nuance tient peut-être au regard des autres... notamment des employeurs. «Généralement, ils sont moins compréhensifs avec les pères qu'avec les mères», relève Raymond Villeneuve. Déjà que ça surprend quand un père avertit qu'il ne pourra pas entrer au travail un après-midi parce que son enfant est malade, de dire qu'il veut partir pour un an et demi, je ne suis pas sûr que ça plaise beaucoup à l'employeur.»

Néanmoins, la société s'ajuste peu à peu. Josée Jeffrey l'observe en rigolant: «À la télévision, les meilleurs conseils culinaires ne nous viennent plus de Soeur Angèle ou de Jeannette Bertrand mais bien de Jean-François Plante à TVA, de Louis-François Marcotte à TQS, de Ricardo à Radio-Canada, dit-elle. Nos hommes à la maison apprendront de bonnes recettes de leurs modèles masculins!»

Pierre-Yves Villeneuve, lors de son premier congé, en avait déjà pris l'initiative. «Je ne sais pas si c'est économique, mais je me suis mis à faire du pain!»