Dans la splendide salle de consultation du Centre d'archives de Montréal (Bibliothèque et Archives nationales du Québec), une dizaine de personnes sont attablées, penchées sur des répertoires.

«Quatre-vingt pour cent de nos usagers font de la généalogie», commente le bibliothécaire Jean-François Chartrand.

Parmi elles, Micheline Galaise vient deux fois par semaine depuis plus de 20 ans. Au fil des ans, elle a remonté les branches et les rameaux de son arbre généalogique sur 14 générations. «Ça remplit sept ou huit classeurs à anneaux», décrit-elle. Minutieusement manuscrits page par page!

Elle a appris avec les bons vieux documents sur papier.

Le principe de base consiste à remonter la filière des actes de mariage, qui donnent les noms des parents des mariés. Comment les trouver, ces mariages? Parcourons d'abord les outils traditionnels.

D'abord un dictionnaire généalogique, pour connaître les lignées des premiers du nom en Amérique. L'ouvrage le plus réputé est le Dictionnaire généalogique de René Jetté. Il s'arrête cependant en 1730.

Puis le grand classique de la généalogie québécoise, la collection Drouin, qui a recensé et répertorié les registres de l'état civil, depuis les débuts de la colonie jusqu'en 1940.

Pour s'assurer de l'exactitude de l'arbre ainsi constitué, il faudra consulter les actes eux-mêmes. Comment? Connaissant maintenant la date et le lieu de chaque mariage, vous pouvez compulser les répertoires de baptêmes, mariages et sépultures, par ordre alphabétique d'entités géographiques. Quand vous avez repéré l'heureux événement, un code vous renvoie à l'acte lui-même, reproduit sur microfilm. Voilà pour le principe.

Le même travail peut se faire en bonne partie avec les banques de données informatisées.

Ou même à la maison, par Internet. Mais tôt ou tard, on se bute à des bases de données payantes. L'avantage de se rendre à l'un des neuf centres d'archives de BAnQ, c'est que, une fois inscrit, on a accès gratuitement à tous ces outils fort utiles. En voici quelques-uns.

Index des décès et mariages

Les mariages et décès de 1926 à 1996 y sont indexés. «C'est très utilisé, indique Jean-François Chartrand. La généalogie, plus c'est récent, plus c'est difficile. Les gens ne sont pas encore décédés et, de nos jours, on ne se marie plus.»

La banque Parchemin

Indexée par nom de famille, elle recense les actes notariés, de 1626 à 1789. La société Archiv-Histo poursuit ce travail, avec le soutien financier de la Chambre des notaires du Québec. «C'est une source d'information drôlement intéressante pour les gens qui s'intéressent à la généalogie. On le trouve dans plusieurs bibliothèques municipales», commente le porte-parole de la Chambre, Antonin Fortin.

Ancestry

Cette importante banque d'archives a acheté les documents numérisés de la collection Drouin. «Ce qui est fantastique, c'est qu'on peut chercher par nom, ce qui n'était pas possible avant», explique Jean-François Chartrand.

Vous pouvez voir apparaître à l'écran l'acte de mariage de votre ancêtre premier arrivant - une expérience toujours émouvante. «L'indexation laisse un peu à désirer, indique-t-il toutefois. La rumeur veut qu'elle soit faite en Chine.»

Cette banque est accessible sur l'Internet (www.ancestry.ca), mais la consultation est payante. Après une période d'essai gratuite de deux semaines, un tarif de 11,95$ par mois s'applique. Avec un abonnement annuel, c'est 6,95$ par mois.

BMS 2000

Fruit de la coopération de 22 sociétés de généalogie du Québec et de l'Ontario, on y trouve des versions en ligne des répertoires généalogiques: mariages, baptêmes, sépultures, du début de la colonie à 1990.

Elle aussi est sur Internet (www.bms2000.org). L'abonnement est gratuit mais la consultation est payante. Un exemple: consulter 200 fiches coûte 20$.

Mes aïeux

La banque Mes aïeux est offerte depuis cette semaine sur le portail de BAnQ. Aussi accessible sur l'Internet (www.mesaieux.com), elle serait la plus complète au Québec pour les registres matrimoniaux. L'abonnement est gratuit. Mais dès qu'apparaissent les résultats d'une première recherche - année du mariage, ville et époux -, on nous apprend que les détails supplémentaires ne seront accessibles qu'avec un abonnement payant au Service Plus. Un exemple: consulter 150 fiches coûte 14,99$.

PRDH

Cette banque généalogique, accessible gratuitement sur l'Internet (genealogie.umontreal.ca), donne la date et le lieu du mariage ainsi que les noms des conjoints. Mais des frais sont exigés pour approfondir la recherche. «C'est fait par l'Université de Montréal, et c'est donc très fiable, commente Jean-François Chartrand. Les erreurs sont minimes.»

Familysearch

Le site Familysearch (www.familysearch.org) est maintenu par les mormons, qui, pour des raisons religieuses, portent un intérêt considérable à la généalogie. Ce site est analogue à la collection Drouin sur Ancestry, mais alors que celle-ci avait compulsé les versions civiles des actes de mariage, les mormons ont répertorié les versions religieuses de ces mêmes actes. «Le curé était obligé de faire deux exemplaires, explique Jean-François Chartrand. Les différences entre les deux sont minimes, mais on peut quelquefois avoir dans l'une des informations qu'on ne trouve pas dans l'autre.»

L'accès est gratuit et on y trouve les copies numérisées des actes originaux, quelquefois de meilleure qualité que sur Ancestry.

À vous de jouer

Dans l'un des neuf centres d'archives de BAnQ (voir www.banq.qc.ca), avec un minimum d'aide de la part des (aimables) préposés et un peu de chance, on peut retracer le tronc de ses ancêtres en une demi-heure, soutient Jean-François Chartrand. «Mais quel est le plaisir de se dépêcher?» ajoute-t-il.

Micheline Galaise l'a compris. Elle n'a toujours pas fini de creuser. «J'en ai pour jusqu'à ma mort», lance-t-elle en souriant.