Dans le commerce de détail, les pseudo-soldes sont si fréquents, et parfois si mal déguisés, que les consommateurs ne s'en formalisent plus.

Le produit

Un vélo Raleigh en solde chez Canadian Tire.

Le hic

L'étiquette indique que le vélo est en solde à 219$, alors qu'il s'agit du prix courant.

«Un jeune vendeur m'a dit que personne ne s'en rendait compte.» Marie Allard

Au bout du compte

Il est interdit d'annoncer une fausse réduction ou de gonfler un prix pour faire croire à un solde. Canadian Tire dit qu'il s'agit d'une erreur informatique et offre un crédit à sa cliente en dédommagement.

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Dans le commerce de détail, les pseudo-soldes sont si fréquents, et parfois si mal déguisés, que les consommateurs ne s'en formalisent plus. Pourtant, la pratique est illégale. Les consommateurs devraient porter plainte auprès de l'Office de la protection du consommateur ou du Bureau de la concurrence. Marie Allard a préféré raconter sa mésaventure à La Presse Affaires...La semaine dernière, elle était à la recherche d'un vélo pour une adolescente. Dans les allées de la succursale Angrignon de Canadian Tire, elle a vu le Matterhorn Raleigh. Ça tombait bien, le vélo était en solde à 219,99$ jusqu'au 28 mai. Bien en évidence sur l'étiquette jaune fluo figurait le mot «rabais» en rouge. Un rabais de combien? Mystère. Mais en soulevant l'étiquette, la cliente a découvert que le vélo se détaillait au prix courant de 219,99$. Bref, il n'y avait pas d'aubaine.

Et ce n'était pas un cas isolé. Un autre modèle de vélo était affiché en solde à 179,99$, alors qu'il s'agissait du prix habituel, lui a appris un vendeur en cherchant dans son ordinateur. Quoique révoltée par ces faux rabais, la cliente a acheté le vélo à contrecoeur. «Malheureusement, Canadian Tire est un des rares endroits où l'on trouve des vélos pas chers pour une jeune ado», explique-t-elle.

Joint par La Presse, le commerçant a expliqué qu'il s'agissait d'un problème de logiciel. Dans la circulaire, le vélo était présenté comme un «super achat», soit un produit à prix courant dont le magasin fait la promotion.

«C'est ce qui aurait dû se trouver sur l'étiquette», a dit le directeur du magasin, Jonathan Gagné. Mais à cause d'une erreur informatique, les étiquettes portaient plutôt la mention «rabais».

Ce n'est pas une pratique courante, selon lui. M. Gagné a promis que, si la cliente revenait au magasin avec sa facture, il lui accorderait un véritable rabais, sous forme de crédit, en dédommagement.

Il n'est pas rare que les commerces attirent la clientèle avec de faux rabais.

Par exemple, Jean-François Vinet, d'Option consommateurs, a suivi, l'an dernier, l'évolution des prix d'un ordinateur sur le site web d'un grand détaillant de produits électroniques. Il a découvert que le prix courant fluctuait d'une semaine à l'autre. Le détaillant le gonflait lorsqu'il offrait des rabais, de telle sorte que le prix de vente réel demeurait toujours le même. Les soldes n'étaient qu'un subterfuge.

Par la suite, le Bureau de la concurrence a ouvert une enquête sur ces pseudo-rabais, qui sont interdits par la Loi sur la concurrence et par la Loi sur la protection du consommateur; cette loi stipule qu'un commerçant «ne peut faussement invoquer une réduction du prix ou indiquer faussement le prix courant d'un article».

Le Bureau de la concurrence a sévi à maintes reprises contre des commerçants qui affichaient de faux rabais. En mars dernier, il a imposé une sanction de 60 000$ à un magasin de matériel d'artistes. Curry's Art Stores affichait le prix suggéré par le fabricant et son propre prix, qui était moins élevé, laissant croire à une bonne affaire. Toutefois, les magasins n'ont jamais vendu les articles au prix suggéré par le fabricant.

Aussi en mars, le Bureau a épinglé le réseau de magasins The Brick, qui annonçait une remise postale de 80$ à l'achat de produits d'art. La publicité laissait entendre que les clients recevraient de l'argent, alors que le magasin leur envoyait un chèque-cadeau valide lors d'un nouvel achat. The Brick a accepté d'annuler sa campagne publicitaire et d'offrir un dédommagement aux clients admissibles à la remise.

Mais le cas le plus célèbre remonte à 2005. Sears Canada a écopé d'une sanction de près d'un demi-million de dollars pour avoir gonflé artificiellement le prix courant de ses pneus afin d'offrir des rabais fracassants pratiquement à longueur d'année. Le commerçant avait d'ailleurs admis avoir vendu seulement 1% des pneus au prix régulier, en un an.

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