Qui sont les championnes de la création de richesse au Canada? Et dans ce peloton de tête, quelles sont les sociétés dont l'action se négocie à prix raisonnable? La Presse Affaires présente une cuvée de titres qui répondent de ce rare pedigree.

À l'aide de la méthode EVA, Carl Simard, de StockPointer, a d'abord classé les entreprises selon leur performance économique. Celles dont le rendement du capital excède le coût du capital, obtiennent un indice supérieur à 1.

Au Canada, la palme de la création de richesse revient à Research in Motion, le fabricant du Blackberry, qui affiche un indice de 4,6. À l'inverse, le conglomérat Onex (indice de 0,1) est parmi les derniers de classe depuis 12 mois.

Mais ce n'est pas tout d'identifier des championnes de la création de richesse. Encore faut-il que leurs actions se négocient à un cours raisonnable. M. Simard a donc sélectionné les sociétés dont l'action est sous-évaluée par rapport à leur valeur intrinsèque.

Le croisement des deux critères, a fait ressortir de belles occasions dans le secteur de l'énergie. «Le prix du pétrole a tellement baissé que les titres ont été massacrés», note M. Simard.

L'exercice met aussi en lumière plusieurs fiducies de revenus qui ont souffert lorsque le fédéral a annoncé l'éventuel retrait de leur avantage fiscal. «Avec le changement de la loi, les titres ont été affectés, avec raison. Il y a de l'incertitude. Mais pour certaines, ça ne justifie pas la baisse du prix. À mon avis, il y a plusieurs fiducies à des prix très attrayants», juge M. Simard.

Voici un tour d'horizon des sociétés finalistes...

EnCana Corp.: Numéro 1 de l'énergie au Canada, EnCana a réussi à rétablir sa performance économique, après une année 2008 moins heureuse. Depuis 12 mois, son EVA (valeur économique ajoutée) s'est amélioré de façon significative. Ses profits ont presque doublé. Le versement du dividende a grimpé de 1$ à 1,84$. «La société réussi à maintenir un bel EVA, malgré la chute du prix des ressources», note Stephen Gauthier, stratège chez Valeurs mobilières Demers.

Bémol: Les activités nécessitent des investissements en capitaux majeurs. Malgré des profits importants, il lui reste peu de marge de manoeuvre après avoir versé son dividende.

Husky Energy: Belle performance constante au fil des ans. Dividende croissant qui offre un rendement de 5,5%. Peu endettée.

Bémol: Le titre a été plus stagnant ces dernières années.

Keyera Facilities Income Trust: La fiducie se spécialise dans le transport et l'entreposage de gaz naturel. Elle affiche une performance économique récente, alors qu'elle se situait plutôt en dessous de la moyenne auparavant. «Comme si c'était trop beau pour être vrai, le prix de son action ne reflète pas du tout cette performance récente, dit M. Simard. La valeur intrinsèque de la société est deux fois plus élevée que sa valeur boursière.»

Bémol: Le gaz naturel a été moins attrayant dans les dernières années, note M. Simard.

Stella-Jones: Le producteur de poutres de bois pour les voix ferrées et de poteaux d'électricité est géré au quart de tour. Chaque année, il obtient une belle performance économique, il augmente son dividende. «C'est un fleuron de l'économie québécoise, très mal connu», estime M. Simard.

Bémol: Le titre est moins liquide. Son endettement augmente, et devient élevé à 42%. Le bénéfice par action stagne depuis deux ans.

Genivar Income Fund: La firme d'ingénierie affiche une performance économique exceptionnelle. Elle profitera des programmes de relance économique des gouvernements qui misent sur les infrastructures. Généreuses distributions qui fournissent un rendement de plus de 7%.

Bémol: La firme pourra-t-elle maintenir son rythme de croissance élevée sans faire trop d'erreur?

Thomson-Reuters Corp.: La société a souffert depuis la fusion de Thomson et Reuter. Elle semble avoir tourné le coin, mais il reste de l'incertitude. Le potentiel d'appréciation du titre est important, car le titre l'action vaut la moitié de sa valeur intrinsèque.

Malgré les temps durs, la firme a toujours maintenu son dividende, et l'a haussé l'an dernier.

Bémol: La firme est orientée vers le secteur financier, qui traverse une crise, et elle fait face à un solide concurrent: Bloomberg.

Metro: L'épicier réussit toujours à obtenir une performance très acceptable dans le domaine. «Ils ont un peu compromis la performance économique qu'ils avaient lorsqu'ils étaient juste au Québec, pour croître en Ontario dans un marché beaucoup plus concurrentiel». Gestion prudente, sans fla-fla. Dividende en hausse.

Bémol: Le contexte concurrentiel est très serré. «On pense toujours qu'ils vont finir par décevoir les investisseurs... mais ils réussissent toujours à nous surprendre», dit M. Simard.

North West Co Fund: Grossiste en alimentation et en produits de consommation courante, dans le Grand Nord du Canada, North West Co. rencontre peu de concurrence. Cela lui vaut une performance économique très enviable. Avec une cote de 2,7, c'est la société qui crée le plus de richesse de notre palmarès. Un choix d'investissement qui saute aux yeux, selon M. Gauthier. Et le prix de l'action est raisonnable.

Bémol: La croissance de l'action est plus limitée, mais les distributions fournissent un rendement de 8% aux investisseurs.

CML Healthcare Income Fund: La fiducie exploite des cliniques de santé privées, au Canada et aux États-Unis. Sa performance économique demeure très adéquate, même si elle a chuté depuis un an. Cela a d'ailleurs miné le prix de son titre, bien en dessous de sa valeur intrinsèque.

Bémol: L'incertitude entourant les fiducies de revenus continue de nuire au titre.

Davis Henderson Income Fund: L'entreprise, qui se spécialise dans l'impression de chèques, est d'une stabilité et d'une rentabilité exemplaire. Elle crée énormément de valeur ajoutée. Malgré une industrie à maturité, son chiffre d'affaires se maintient... pour l'instant.

Bémol: La société fait face à un défi de diversification. «Réussira-t-elle à remplacer les activités qu'elle perd par d'autres activités aussi payantes?» demande M. Simard.

Great-West Lifeco: L'assureur a une performance historique extraordinaire, qui a baissé depuis un an. «Great-West contrôle très bien son offre de produits et services. Ils ne se sont pas faits avoir comme d'autres assureurs avec des produits garantis», souligne M. Gauthier.

Bémol: Est-ce que Great-West restaurera sa performance économique d'antan? Pour l'ensemble des marchés financiers, est-ce que l'environnement s'assainira?

Rogers Communications: Qui aurait dit que Rogers Communications ferait un jour autant de profit que BCE? C'est chose faite: toutes deux engrangent des bénéfices nets d'un milliard par an, mais Rogers y arrive avec des revenus bien moins élevés. La société est donc beaucoup rentable. Elle présente une superbe performance économique. L'action recèle un beau potentiel d'appréciation. Mais le risque est lui aussi élevé, car la croissance repose beaucoup sur le iPhone, indique M. Simard.

Bémol: Le décès récent de son patron Ted Rogers a créé une incertitude quant à la gestion de l'entreprise.

Gaz Metro: Les services publics sont le secteur anti-récession par excellence. En ce sens, le fournisseur de gaz est un bon titre sécuritaire. Sa performance économique s'est améliorée dernièrement. Et son dividende est attrayant (8,4%).

Bémol: La croissance est limitée. Le dividende est stagnant.