C'est un séminaire de planification de retraite offert par son employeur qui a déclenché l'alarme. «Je sors de cet exercice avec le sentiment qu'il me faut consulter un conseiller en planification financière», s'inquiète Suzanne.

Âgée de 50 ans, notre correspondante prévoit prendre sa retraite dans six ans. Après 24 ans de service dans une société du secteur public, elle toucherait alors une rente équivalant à 48% de son revenu brut, sans pénalité. Elle gagne actuellement 74 500$ par année.

 

C'est déjà une aventure. Mais pour compliquer les choses, elle est présentement en instance de séparation. Elle devra donc quitter la maison qu'elle détenait avec son conjoint. D'une valeur de 649 000$, la propriété est encore grevée d'une hypothèque de 180 000$.

«Dans le meilleur scénario, explique Suzanne, j'évalue qu'il me reviendra 100 000$ de la vente de la maison, puisque la mise de fonds de mon conjoint de fait était beaucoup plus importante que la mienne.»

Elle compte quitter la banlieue et revenir à Montréal afin de faciliter les études collégiales de son fils de 19 ans. Dans ce contexte, elle songe à remplacer sa Volvo vieille de 11 ans par une sous-compacte ou une voiture d'occasion.

«Il me faudra sans doute réduire mon train de vie, mais de combien? demande-t-elle. Serait-il plus judicieux d'acheter un appartement ou d'en louer un, une fois la maison vendue?»

D'abord la retraite

La planificatrice Josée Laframboise, de BMO Groupe financier, a d'abord vérifié si les projets de retraite prochaine de Suzanne étaient réalistes.

Mauvaise nouvelle.

Avec une rente équivalant à 48% de son revenu d'emploi, elle ne pourra prendre sa retraite à 56 ans. Une des difficultés de la projection résidait dans la situation instable de Suzanne. «Elle n'a pas de budget et ne sait pas combien elle dépense par mois», constate Mme Laframboise.

«En prenant l'hypothèse qu'elle devrait viser 70% de ses revenus pour maintenir son niveau de vie actuel, on constate un manque à gagner de près de 30%, même en considérant la rente de la RRQ qu'elle retirera à 60 ans et la pension du Canada, à 65 ans», observe la planificatrice.

Les 46 000$ qu'elle détient en REER, les 17 000$ investis en placements non enregistrés et les 100 000$ qui représentent sa part sur la maison familiale ne suffisent pas à combler le déficit.

Il vaudrait mieux qu'elle retarde sa retraite à 60 ans. Elle ajouterait ainsi quatre années de service, ce qui porterait sa rente de retraite à 56% de son salaire brut. Elle aurait eu le temps d'accumuler davantage d'épargnes, tant en REER que hors REER. Une partie proviendrait de la réduction des dépenses liées à la propriété actuelle - hypothèques, impôts fonciers, entretien, etc.

Josée Laframboise et Suzanne ont évalué que son coût de la vie pourrait se maintenir à 34 800$. Suzanne serait ainsi en mesure d'épargner 1200$ par mois, répartis dans son REER et dans des placements non enregistrés. En comblant ses droits de cotisation annuels, avec un rendement de 6%, elle porterait son REER de 46 000$ à 104 000$ en 2018.

La planificatrice suggère d'utiliser une partie du fruit de la vente de la maison pour payer comptant une nouvelle voiture de prix raisonnable. Les actifs non enregistrés de Suzanne totaliseraient ensuite environ 100 000$. Avec une épargne annuelle de près de 10 000$, ils atteindraient 258 000$ en 2018.

Ces mesures permettraient ensuite à Suzanne de maintenir un revenu de retraite de 50 400$ en dollars d'aujourd'hui. À ce régime, elle détiendrait encore à 90 ans des actifs de 110 000$.

Josée Laframboise recommande au passage de revoir la composition du portefeuille de Suzanne, trop concentré en actions.

Ensuite le logement

Le retour à Montréal sera coûteux. Le coût moyen d'un appartement gravite autour de 275 000$, rappelle la planificatrice. Avec un taux de 3,95% et un amortissement sur 25 ans, la mensualité serait de 1300$. Il faut encore compter avec les charges de copropriété, l'impôt foncier, les dépenses d'entretien et les autres frais d'acquisition et d'aménagement. Suzanne doit en outre se procurer de nouveaux électroménagers et son fils viendra habiter avec elle pendant quelques années encore.

«À la suite de la séparation, elle fera face seule à toutes ses obligations financières, observe Mme Laframboise. Dans ce contexte, la solution la plus abordable serait la location d'un appartement. Dans l'île de Montréal, le coût moyen d'un 4 1/2 est de 850$ par mois.»

Programme strict. Mais dans deux ou trois ans, avec des données rafraîchies et plus précises, une nouvelle projection montrera peut-être que la retraite approche.

LES DONNÉES

Suzanne, 50 ans

Revenus actuels 74 500$

REER 46 000$

Placements non enregistrés 19 000$

Maison familiale 649 000$

Hypothèque 180 000$

»Le portrait pourra être réévalué dans deux ou trois ans, quand Suzanne sera davantage fixée sur son rythme de vie.»

JOSÉE LAFRAMBOISE Planificatrice financière, BMO Groupe financier

 

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