Malgré la chute des indices en 2008, la cote d'amour des fonds négociés en Bourse (FNB) est à la hausse. Au Canada, trois douzaines de produits ont été lancés l'année dernière. Ces nouveautés ont-elles leur place dans votre portefeuille?

On aurait pu croire que le plongeon en eaux profondes des indices boursiers, l'année dernière, refroidirait les ardeurs des investisseurs pour les fonds indiciels négociés en Bourse. Au contraire, leur cote d'amour a grimpé davantage.

 

Plus que jamais, les investisseurs sont séduits par les fonds négociés en Bourse (FNB) qui offrent la même diversification qu'un fonds commun de placement, mais qui se négocient comme des actions inscrites à la Bourse.

Les FNB reproduisent la composition et le rendement d'un indice (boursier, obligataire ou autre) sans intervention active de la part d'un gestionnaire. Leur plus grand charme: des frais de gestion très faibles qui ne grugent pas le rendement potentiel des investisseurs.

Pour l'industrie des FNB, 2008 aura été une année faste. L'an dernier, les Canadiens ont pompé 4,4 milliards de nouveaux actifs vers les FNB de la famille iShares, alors qu'ils retiraient 14 milliards de l'industrie des fonds communs de placement traditionnels (ventes brutes moins retraits, dans tous les fonds sauf ceux de marchés monétaires).

Sept milliards d'actions

Aussi, le volume de transactions sur les FNB a littéralement explosé l'an dernier. Sept milliards d'actions de FNB ont été échangées, soit quatre fois plus qu'en 2007. Cela est dû en bonne partie à l'apparition des fonds Bull et Bear de la famille Horizons BetaPro, qui permettent d'amplifier le rendement d'un indice et aussi de miser sur les baisses de marché. Ces fonds destinés aux spéculateurs occupent quatre des premières positions dans le Top 5 des FNB les plus négociés à la Bourse canadienne.

L'année 2008 a vu apparaître 36 nouveaux FNB sur les parquets, représentant près du tiers des nouvelles inscriptions à la cote de la Bourse de Toronto. Au Canada, on compte désormais plus de 90 FNB, renfermant 20,3 milliards, alors qu'il y a 10 ans, on dénombrait seulement trois produits contenant 6,6 milliards.

De nouveaux acteurs se lancent dans la mêlée. En février dernier, BMO Service de gestion de l'actif a annoncé la création prochaine d'une famille de sept FNB. D'autres firmes essaient de ravir des parts de marchés à la famille iShares qui occupe la pole position au Canada. Par exemple, la famille Claymore tente de faire sa marque avec des produits plus ciblés, fondés sur des indices «intelligents» ou sur des thèmes d'investissement porteurs.

Aux États-Unis, les financiers ont l'imagination encore plus fertile. L'industrie des FNB récupère rapidement le moindre filon d'investissement. Par exemple, les investisseurs peuvent miser sur la peur avec le nouveau iPath, dont le rendement dépend de l'indice VIX de la volatilité: plus ça brasse à la Bourse, plus le VIX monte.

Pas encore assez exotique? Alors pourquoi pas un FNB sur une monnaie d'un pays émergent, un panier de fonds spéculatifs (hedge funds) ou l'industrie de l'énergie nucléaire?

«Être cohérent»

C'est à y perdre la tête! «Pour faire de l'argent, il faut être cohérent», lance Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital, et spécialiste dans l'analyse des FNB. Selon lui, le choix d'un FNB doit intervenir en dernier dans la construction d'un portefeuille.

Avant tout, il faut un plan pour déterminer la répartition d'actifs. Quelle proportion du portefeuille veut-on investir en Bourse? Dans des actions de petites sociétés plus risquées? Dans des actions de type valeur?

Ensuite, on peut sélectionner les meilleurs FNB selon une grille d'analyse. Est-ce que le fonds cadre avec ma stratégie d'investissement? Est-ce que le FNB reflète bien l'indice sous-jacent? À combien s'élèvent les frais de gestion? Quelle sera l'efficacité fiscale du FNB, dans un compte hors-REER?

Voilà de quoi résister à la tentation de chambarder son portefeuille chaque fois qu'une nouveauté alléchante atterrit sur les tablettes.

LE RENDEMENTDES PLUS GRANDS FNBAUCANADA

ACTIFS // 1 AN

iShares CDN S&P/TSX 60 Index 8852 millions -29,30%

iShares CDN Bond index 1128 millions // 5,30%

iShares CDN Short term Bond Index 967 millions // 7,20%

iShares CDN S&P/TSX Gobal Gold Index 963 millions // -7,10%

iShares CDN S&P/TSX Financial Sector Index 942 millions // -26,40%

iShares CDN S&P500 Index $CA 888 millions // -39,30%

iShares CDN Corporate Bond Index 743 millions // 3,10%

iShares CDN MSCI EAFE Index 721 millions // -37,20%

iShares CDN Energy Sector Index 652 millions // -38,20%

iShares CDN Composite Index 588 millions // -30,70%

Horizon BetaPro Nymex Crude Oil Bull 454 millions // -96,20%

iShares CDN REIT Sector Index 364 millions // -36,60%

Rendements en date de la fin avril Source : Morningstar Canada