Les propriétaires d'immeubles à revenus en ont déjà assez de percevoir les loyers. Pourquoi devraient-ils, en plus, gérer les dettes de leurs locataires envers les fournisseurs de services publics?

Le produitDeux chauffe-eau en location avec HydroSolution

Le hic

HydroSolution réclame 487$ aux propriétaires, pour les factures en souffrance des locataires.

«Est-ce que c'est ma responsabilité de vérifier si mes locataires paient leurs factures chaque mois?» - Johanne Vachon

Au bout du compte

À la suite de l'intervention de La Presse, HydroSolution a cessé les procédures de recouvrement auprès des propriétaires. Par contre, la société récupérera ses chauffe-eau, à moins que les propriétaires les rachètent.

Les propriétaires d'immeubles à revenus en ont déjà assez de percevoir les loyers. Pourquoi devraient-ils, en plus, gérer les dettes de leurs locataires envers les fournisseurs de services publics?

Johanne Vachon se le demande. Son mari et elle sont propriétaires d'un quadruplex à Montréal depuis 1998. Les logements sont équipés d'un chauffe-eau en location auprès d'HydroSolution, une société qui gère un parc de 210 000 chauffe-eau électriques.

Le couple n'a jamais signé de contrat avec HydroSolution. Il ne reçoit ni courrier, ni documents, ni quoi que ce soit de la part de l'entreprise. La location des chauffe-eau est payable par les locataires (9$ par mois), comme le précise leur bail.

Mais à la mi-avril, HydroSolution réclame tout à coup 487$ aux propriétaires, car deux de leurs locataires n'ont pas payé leurs factures, depuis plus de trois ans. Mme Vachon proteste. «Est-ce que c'est ma responsabilité de vérifier si mes locataires paient leurs factures chaque mois?» demande-t-elle. En vertu de quelle loi, de quel contrat devrait-elle payer?

Malgré de nombreux appels, elle ne réussit pas à trouver un terrain d'entente avec HydroSolution. Elle a même demandé à l'entreprise de venir récupérer ses chauffe-eau. «Mais ils refusent la résiliation du contrat tant que nous avons des dettes envers eux», rapporte-t-elle.

Étonnamment, HydroSolution a tenu un tout autre discours à La Presse Affaires. «On va aller chercher les chauffe-eau, comme elle le demande, et on va oublier les 487$», nous a promis Benoît Perreault, porte-parole d'HydroSolution.

La société offre une solution à Mme Vachon. Elle pourrait racheter les deux chauffe-eau, à un prix déprécié en fonction de leur âge. Cela serait peut-être moins compliqué, pour elle, que d'acheter deux nouveaux appareils et de les faire installer. Dans ce cas, HydroSolution cesserait aussi de lui réclamer le paiement de 487$.

«Je n'en reviens pas: j'ai dû faire 20 appels!» s'est exclamée Mme Vachon en entendant ces deux propositions.

M. Perreault admet que les employés d'HydroSolution ont pu insister pour que Mme Vachon paie la note. Cela fait partie du processus normal de recouvrement de l'entreprise.

Quand HydroSolution a des comptes en souffrance, elle entre d'abord en contact avec les locataires qui ont un engagement direct avec elle. Elle envoie des avis, laisse des messages téléphoniques.

Lorsqu'il n'y a pas de réponse, «on a un processus d'escalade. On passe aux propriétaires pour les aviser des montants en souffrance. On essaie de trouver une entente pour les sommes qui sont dues», explique M. Perreault. S'il n'y a pas d'entente possible, HydroSolution laisse tomber la créance et reprend ses chauffe-eau.

Car très souvent, il n'y a pas de lien juridique entre le propriétaire et HydroSolution. Et s'il y en a un, les traces ont peut-être disparu, au fil des changements de propriétaires. D'ailleurs, HydroSolution aussi a changé de mains. Ancienne filiale d'Hydro-Québec, la société appartient depuis 2005 à un consortium formé de Gaz Métro Plus (filiale de Gaz Métro), la Caisse de dépôt et placement du Québec et Confort Expert.

Les débordements de factures chez les propriétaires font partie des problèmes les plus récurrents chez HydroSolution. Ce genre de tracas existe aussi chez d'autres fournisseurs de service public.

Le câble et le téléphone posent rarement de problème. «Si le locataire ne paie pas, le fournisseur débranche. Il n'y a pas de conséquences pour les propriétaires», dit Hans Brouillette, porte-parole de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (Corpiq).

Il en va autrement pour l'électricité. Lors de changement de locataire, il arrive que la facture rebondisse chez le propriétaire.

Cas classique, le locataire s'en va avant la fin de son bail. Il avise Hydro-Québec de son changement d'adresse. Or, le logement doit continuer à être chauffé, ne serait-ce qu'un minimum. Le propriétaire reçoit donc la facture, même si le bail stipule que le locataire est responsable du chauffage.

Il est coincé. Pour une faible somme, le propriétaire ne se donnera pas la peine d'entreprendre des procédures de recouvrement contre un ancien locataire dont il a perdu la trace.

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