S'il avait su, M. Paré aurait économisé 1000$ par année. Mais comme bien d'autres automobilistes, il n'était pas au courant du fait que son courtier d'assurances ne magasinait pas vraiment pour lui.

Depuis une vingtaine d'années, il assure deux véhicules par l'entremise du même courtier. Sa dernière police lui a coûté 4884$ pour deux ans. En 2009, un autre cabinet (celui qui assure sa maison) lui a présenté une soumission pour ses deux véhicules à 2598$ pour deux ans. Pratiquement la moitié du prix!

 

Estomaqué, M. Paré a rappelé son autre courtier, qui lui a offert un rabais de seulement 200$. Et dire que M. Paré s'imaginait que son travail consistait à ratisser le marché pour lui dénicher la meilleure police au meilleur prix!

«Je suis tombé des nues! Je présumais que je faisais une bonne affaire», lance M. Paré. Erreur! Pendant toutes ces années, il payait trop cher. Jugeant que son courtier l'a fort mal conseillé, M. Paré a exigé un dédommagement. Mais un superviseur lui a répondu: «On ne fait pas ça.»

M. Paré a-t-il un recours? Son courtier a-t-il failli à sa tâche? Est-il normal qu'il lui ait fait payer le double du prix?

D'abord, il faut savoir que, en matière d'assurance automobile, les primes varient considérablement. Pour le même véhicule, on voit souvent des écarts de prix du simple au double... et même au triple. D'où l'importance de magasiner.

Pour bien le faire, il faut ensuite comprendre que l'industrie se divise en deux bassins étanches. D'un côté, on trouve des assureurs qui font directement affaire avec la clientèle. Les consommateurs doivent magasiner et négocier eux-mêmes.

De l'autre côté, on trouve des assureurs dont les produits sont distribués uniquement par des cabinets de courtage. Le public pourrait croire que ces courtiers font le magasinage à leur place en choisissant la meilleure soumission parmi un large éventail d'assureurs.

Mais dans la pratique, les cabinets de courtage ne font affaire qu'avec une poignée d'assureurs, avec qui ils entretiennent des liens étroits, comme l'a démontré une enquête de l'Autorités des marchés financiers (AMF) en 2005.

En fait, les grands cabinets concentrent 60% de leur volume d'affaires chez un seul assureur, et 80% chez deux assureurs seulement. Et les assureurs exercent toutes sortes de pressions pour que les courtiers leurs soient fidèles et leurs envoient une clientèle «rentable». Souvent, ils sont mêmes actionnaires des cabinets.

Ces liaisons dangereuses avaient soulevé de grands doutes sur l'objectivité et l'indépendance des courtiers. Or, peu de choses ont changé dans la structure de l'industrie. Sauf qu'il y a plus de transparence. Depuis août 2008, les cabinets doivent divulguer, par écrit, leurs liens d'affaires avec un assureur privilégié au moment de la délivrance ou du renouvellement d'une police.

Consommateurs, tenez-vous-le pour dit: malgré leur nom, bien des courtiers ressemblent plus à des représentants d'une seule compagnie d'assurances. Pour obtenir une police au meilleur prix, voici donc la marche à suivre:

> Quand vous faites appel à un courtier, exigez de voir la liste des soumissions qu'il a obtenues des différents assureurs consultés. Demandez-lui quels sont ses liens avec l'assureur qu'il vous conseille.

> Idéalement, demandez des soumissions à plusieurs cabinet d'assurances et à plusieurs assureurs directs, car ils n'ont pas accès aux mêmes produits.

> Pour accélérer le magasinage, consultez le site web www.kanetix.Ca, qui permet de comparer en quelques clics jusqu'à 42 assureurs.

> Refaites l'exercice à chaque renouvellement. Votre profil d'assuré change (âge, accident, type de véhicule, lieu de résidence, etc.), ce qui peut influer sur la prime.

> Combinez vos polices auto et habitation afin d'obtenir un rabais. Des rabais sont aussi accordés aux membres de certaines associations. N'oubliez pas de le mentionner le cas échéant.

> En fin de compte, si vous croyez avoir été lésé par un courtier d'assurances, portez plainte à l'AMF, qui offre un service de conciliation, ou encore auprès du syndic de la Chambre de l'assurance de dommages, qui veille au respect des droits du grand public.

 

Le service

Une police d'assurance automobile.

Le hic

Le client réalise que le prix offert par son courtier est deux fois trop élevé.

«Je pensais qu'il magasinait pour moi. Je présumais que je faisais une bonne affaire.»

Au bout du compte

De nombreux courtiers dirigent la majorité de leurs clients vers un seul assureur. Les consommateurs qui veulent s'assurer de payer le moins cher possible doivent faire leur propre recherche.

 

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