Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Robert Gorman, de TD Waterhouse

Q: À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

La grippe porcine a dominé l'actualité, mais c'est une nouvelle bien plus obscure qui a retenu mon attention. L'indice de confiance des consommateurs américain s'est élevé à 39, un niveau beaucoup plus élevé que la lecture de mars qui était de 27. Même si l'indice est très volatil, je crois que cette remontée est significative.

 

De plus, le recul de l'indice Case/Shiller du prix des maisons aux États-Unis, a été moins fort que prévu. Le déclin décélère. On sent que le plancher n'est pas très loin. Les taux hypothécaires ont diminué. Les prix des maisons ont baissé de 30% depuis le sommet en 2006. Cela rend les maisons beaucoup plus abordables. Et on commence à voir une amélioration du nombre de transactions.

Q: Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

Je surveille attentivement le taux hypothécaire fixe sur 30 ans, aux États-Unis. C'est un facteur extrêmement important.

Au Canada, les propriétaires renouvellent leur taux tous les cinq ans, ou moins. Mais les Américains contractent souvent un prêt avec un taux fixe pour 30 ans. En ce moment, ce taux se situe à 4,85%, un plancher depuis au moins une décennie. Cela a plusieurs effets.

Quand le taux baisse, les propriétaires américains peuvent généralement renégocier leur prêt à un taux plus faible, sans pénalité, ce qui réduit leurs mensualités et oxygène leur budget.

Pour les nouveaux acheteurs, la baisse de taux rend les maisons plus abordables. C'est un des ingrédients qui vont permettre au marché immobilier de se stabiliser. Et cela est très important pour les institutions financières qui veulent que la valeur des biens pour lesquels ils ont accordé des prêts cesse de fondre.

Q: Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

Pour un investisseur qui a un profil de tolérance au risque classique, et qui a des liquidités qui rapportent seulement 1%, l'idéal est d'investir dans un fonds d'actions canadiennes à dividendes élevés. Le prix des actions est relativement bas. Donc, il y a de belles perspectives de rebond sur cinq ans. D'ici là, vous serez très bien payés pour attendre. Le dividende produira un rendement de 4 à 5%. En tenant compte du crédit d'impôt pour les dividendes, cela équivaut à environ 6,5% en intérêts.

Q: Quel placement évitez-vous à tout prix?

J'éviterai les obligations du gouvernement à long terme. L'an dernier, les investisseurs ont couru se mettre à l'abri, ce qui a fait baisser leurs taux.

Vaut mieux investir dans les obligations de sociétés de bonne qualité, qui forment 60% de nos portefeuilles de revenus fixes, en ce moment.

Q: Quel est l'élément que les marchés sous-estiment le plus présentement?

Je crois que les marchés sous-estiment les pressions que subiront les obligations gouvernementales à long terme. Leur rapport rendement/risque n'est pas avantageux. Si les investisseurs continuent de sortir de leurs refuges et recommencent à chercher des titres qui versent des taux plus élevés, il y aura de la pression sur les titres gouvernementaux.

Robert Gorman

Robert Gorman est entré chez Gestion de Placements TD en 1987 et il a été le cofondateur des Fonds Mutuels TD. Il est actuellement stratège de portefeuille en chef de TD Waterhouse, qui englobe la Gestion privée, les Services fiduciaires privés, les Conseils de placement privés et le Courtage à escompte.