À 78 ans, Warren Buffett est en parfaite santé. Une santé de fer qu'il attribue à la blague à son régime alimentaire bien particulier: 5 canettes de Coke - sa boisson gazeuse et son entreprise préférées - par jour.

En Bourse, l'Oracle d'Omaha peine toutefois à garder sa forme légendaire. En 2008, le titre de Berkshire Hathaway (action A) a fléchi de 31,8%. C'est 6,7 points de mieux que l'indice S&P 500, mais c'est aussi la deuxième pire année de l'histoire de Berkshire Hathaway. Et la pire depuis 1974, alors que le titre de Berkshire Hathaway avait perdu 43,7% de sa valeur au plus fort de la crise pétrolière.

 

L'action phare de Berkshire Hathaway, qui s'échangeait à son sommet historique de 147 000$US le 19 septembre dernier, ne vaut plus que 92 000$US. Cette baisse de 37% en sept mois est supérieure à celle de l'indice S&P 500 sur la même période, mais elle ne décourage pas les adeptes de Warren Buffett. «La valeur intrinsèque de Berkshire Hathaway varie de 150 000$ à 170 000$ par action. À long terme, je suis persuadé que Berkshire Hathaway va bien faire», dit François Rochon, président de Giverny Capital, une firme montréalaise de gestion de portefeuilles.

François Rochon savait que le titre de Berkshire Hathaway ne pouvait résister complètement à une tempête économique comme celle vécue au cours des derniers mois. Mais jamais à ce point. «J'aurais pensé que les actionnaires de Berkshire Hathaway auraient fait preuve de davantage de prudence, dit-il. La baisse des marchés boursiers était pourtant une bonne chose pour Berkshire Hathaway, qui avait beaucoup d'argent liquide à investir. Lors d'un marché baissier, il y a de meilleures occasions d'achat pour une société d'investissement comme Berkshire. Malheureusement, les gens ont vendu leurs actions de Berkshire de façon stupide.»

Parmi les reproches adressés à Warren Buffett, sa décision d'investir dans les produits dérivés. En 2008, Berkshire Hathaway a perdu 4,6 milliards avec ce type de placements. Une critique injuste, selon François Rochon. «Ce sont seulement des pertes sur papier, dit-il. Ces produits dérivés sont des contrats à terme sur le rendement futur des indices boursiers qui viennent à échéance en 2020. Si la Bourse fait bien à long terme, Berkshire fera de l'argent avec cet investissement.»

Les récents déboires de Berkshire Hathaway donnent toutefois des arguments aux détracteurs de Warren Buffett, de plus en plus nombreux - ou bruyants, c'est selon - depuis un an. Certains en ont contre sa philosophie d'investissement. D'autres contre son statut de rock star des marchés boursiers. «Il obtient une attention démesurée», dit Vincent Delisle, stratège en chef chez Scotia Capitaux.

Le stratège boursier montréalais croit que les récents déboires de Berkshire Hathaway ont montré que tous les investisseurs sont vulnérables. Même l'Oracle d'Omaha. «Des mythes sont tombés, dit Vincent Delisle. Sa moyenne au bâton reste très bonne, mais il lui arrive d'en échapper lui aussi.»

La philosophie Buffett

> Acheter des titres extraordinaires à des prix ordinaires.

> Acheter des titres dont les activités sont faciles à comprendre.

> Acheter des titres dont les marques de produits sont solides, surtout en temps de récession.

> Conserver ses actions longtemps.

> Porter une attention particulière à la qualité des dirigeants de l'entreprise.