Dans toutes les régions du Québec, il y a des cas de gagnants malheureux, des histoires de coups de tête, de coups de sang, de coups durs. Des exemples où la vigueur de la nouvelle situation financière n'a pas empêché déroute et banqueroute.

«Pour aller chercher son chèque chez Loto-Québec, un homme qui avait gagné 2 millions s'est s'arrêté en chemin chez un concessionnaire et s'est acheté une Lincoln, relate Richard Leblanc, comptable à Trois-Rivières. Il n'avait pas encore le chèque en main. Tu espères que ce sera sa seule folie.»

 

Avant de laisser son travail, mieux vaut faire quelques calculs. «Avec un rendement de 4%, comme actuellement, 1 million ne rapporte que 40 000$ par année», rappelle Richard Leblanc.

Plusieurs gagnants achètent une maison plus grande, une auto plus luxueuse, un chalet, un bateau, sans comprendre que le train de dépenses change en proportion. «Le coût de vie passe de 30 000$ à 65 000$, et tu n'as encore rien fait, décrit-il. C'est un heureux problème, mais il est réel. Ils s'en vont vers le gouffre, pour faire faillite à court ou à moyen terme.»

Loto-Québec ne tient pas de statistiques sur le destin de ses grands gagnants, mais l'employé qui les a accueillis pour leur remettre leur chèque les rappelle un mois plus tard pour prendre de leurs nouvelles. «Dans bien des cas, il ne réussit pas, car les gens suivent un de nos conseils, qui est de changer de numéro de téléphone!» indique le porte-parole Jean-Pierre Roy. C'est une des craintes les plus courantes et les plus justifiées: le gagnant d'un lot important peut être importuné par tout un contingent de conseillers financiers en mal de clients, de nouveaux amis en mal d'argent et d'entrepreneurs en mal d'investissements.

Outre des félicitations et un chèque, l'heureux gagnant recevra un guide de 26 pages sur les précautions à prendre avec sa fortune nouvelle.

Loto-Québec rend publics les noms des gagnants de lots de 50 000$ ou plus. «Depuis environ un an et demi, on attend deux semaines avant de le faire, poursuit M. Roy. Ça donne 15 jours aux gens pour retomber sur terre, aviser famille, amis, patron et si les gens veulent aller se reposer dans le Sud, c'est possible.»

Une nouvelle réalité et de nombreuses décisions les attendent au retour.