Voyager sur les ailes de sa carte de crédit? Les offres de cartes pour voyageurs sont nombreuses, mais toutes n'ont pas la même envergure ni le même rayon d'action.

Nous avons fait quelques comparaisons pour savoir laquelle nous mènerait à Paris en juillet et à Cuba en mai avec le minimum d'achats. Le point de comparaison est le prix des billets aller-retour sur Air Transat, selon les indications de son site internet durant la semaine du 2 mars.

 

Parmi les cartes offertes par les grandes institutions canadiennes, c'est la Visa CIBC Aéro Or qui offre le meilleur rendement. Elle accorde 1,5 mille Aéroplan par dollar dépensé dans une station-service, une épicerie ou une pharmacie, et un mille par dollar sur les autres achats.

Un vol pour Paris exige 60 000 milles Aéroplan. En supposant que l'on fait 30% des dépenses à la station-service, à l'épicerie et à la pharmacie, il faut porter 56 000$ d'achats sur sa carte pour s'envoler vers Paris. Si on compare au prix d'un billet acheté chez Air Transat, c'est un taux de remise de 1,65%.

Plus de souplesse?

Les cartes voyage de TD Canada Trust et de la Banque Nationale ne sont pas loin derrière, avec un taux de remise qui oscille autour de 1,5%.

Plutôt que des milles aériens, toutes deux offrent des points convertibles en dollars à l'achat de billets ou de forfaits auprès de n'importe quelle ligne aérienne ou agence de voyages.

Avec la carte TD Canada Trust Visa Platine Voyages, 1$ d'achat donne trois points TD. Une tranche de 15 000 points TD rapportera 75$ de récompense. Après avoir enfilé les règles de trois (voir encadré), on calcule un taux de remise de 1,5%.

Pour acheter notre billet pour Paris à 890$, il faudra donc dépenser 59 300$.

En théorie, la carte Platine de la Banque Nationale utilise le même ratio de remise de 1,5%, mais il faut dépenser les points accumulés par tranche de 10 000, soit l'équivalent de 100$. Les frais annuels sont également plus élevés: 120$ plutôt que 99$ pour la carte de la TD.

Grappiller des points

Ces calculs ne tiennent pas compte - on n'en finirait plus - des points supplémentaires qu'on pourrait accumuler dans des commerces particuliers ou en utilisant en parallèle une carte de fidélisation.

Ainsi, la carte BMO Air Miles Or est la seule carte des grandes institutions bancaires canadiennes à offrir des Air Miles, qui peuvent s'ajouter à ceux que procurent la carte de fidélisation Air Miles. La carte BMO offre un rabais supplémentaire de 20% sur les points nécessaires à l'achat d'un vol. Un aller-retour pour Paris coûterait ainsi 5160 Air Miles plutôt que 6450.

À raison d'un Air Mile pour 15$ d'achats, il faudra donc porter 77 400$ sur la carte pour s'envoler vers Paris. Le taux de remise correspondant, dans le cas d'un billet Air Transat à 890$, est de 1,15%.

De leur côté, les cartes pour voyageurs de Desjardins, qui offrent une remise de 1%, la portent à 2% sur les achats réalisés à l'étranger. Mais ça n'accélère pas le premier voyage.

 

Attention aux intérêts

Sur les cartes que nous avons retenues, le taux d'intérêt sur les achats varie de 19,4% à 19,75%. Nous supposons que le solde est intégralement payé chaque mois. Si ce n'est pas le cas, les récompenses se transforment rapidement en miroir aux alouettes. Prenons l'exemple d'un ménage qui verse 40 000$ par année à son compte. En supposant une remise de 1%, il reçoit 400$ en récompense. Mais, dans sa quête enthousiaste de points-bonis, le couple excède ses capacités budgétaires et maintient un solde impayé de 1000$ chaque mois. Un taux de 19,5% lui imposera des intérêts de 195$ par année. Le bénéfice est réduit à 205$ - et on n'a pas encore soustrait les quelque 140$ de frais annuels!

 

L'obstacle des frais annuels

«Il faut s'assurer que les avantages, par exemple les points-voyage qu'on a accumulés, ne seront pas éclipsés par les frais additionnels qui peuvent parfois accompagner les cartes récompenses: frais annuels et taux d'intérêt plus élevés, possibilité de frais particuliers...» prévient Marie-France Lettre, de l'Agence de consommation en matière financière du Canada. À raison de 20 000$ par année portés à votre carte de crédit, vous accumulerez en trois ans les milles Aéroplan nécessaires à un billet aller-retour pour l'Europe. Ce billet vous aurait coûté 890$ si vous l'aviez acheté directement pour un vol nolisé. Mais vous avez payé en trois ans 360$ en frais annuels - lesquels vous procurent, il est vrai, des assurances et autres avantages. Néanmoins, vous n'économisez plus que 530$. Il y a donc un seuil de rentabilité à considérer.

Une des façons de réduire ce seuil est de partager un compte avec son conjoint. Les frais de la seconde carte sont aisément deux fois moins élevés.