Est-il enfin terminé, le krach boursier mondial de l'automne 2008? À moins que ce ne soit encore qu'un répit avant la prochaine phase de rechute, suscitée cette fois par des résultats d'entreprises et une récession bien plus grave qu'on s'y attendait?

Le brouillard boursier demeure dense pour les investisseurs qui souhaitent réparer les lourds dommages infligés à leurs placements au cours des derniers mois. En particulier pour ceux qui, opportunistes, cherchent les signaux du fameux «niveau plancher» des principaux indices boursiers afin de regarnir leur portefeuille avec des titres de qualité, mais encore très dépréciés.

 

Et que dire des particuliers qui, d'ici la fin du mois, souhaitent décider de l'usage des fonds mis dans leur régime enregistré d'épargne retraite (REER).

À ces gens, souvent des salariés moins aguerris en placements, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a d'ailleurs rappelé cette semaine d'être prudents face aux «choix précipités».

«La conjoncture actuelle pourrait inciter certains investisseurs à se laisser tenter par des offres qui paraissent alléchantes», indiquait l'AMF.

Rappelons que les fonds versés dans un REER pour en maximiser l'avantage fiscal immédiat n'ont pas à être commis immédiatement dans un type de placements à plus long terme.

Cela dit, de l'avis de spécialistes de la Bourse, divers signaux de marché et de conjoncture économique suggèrent l'atteinte de «niveaux de soutien» pour les principaux indices. Et du coup, d'un moment approprié pour magasiner et, peut-être, racheter des titres de qualité ou des parts de fonds communs qui ont chuté à des prix alléchants.

«Le recul des cours boursiers a rendu les évaluations (multiples cours-bénéfices) des titres nord-américains très intéressantes. En fait, les actions sont maintenant les moins chères depuis 1991, l'année de la dernière récession induite par les consommateurs», résume le stratège boursier Pierre Lapointe, à la Financière Banque Nationale, dans sa plus récente note aux clients-investisseurs.

Il anticipe un regain d'intérêt des investisseurs qui, d'ici un an, pourrait susciter un rebond de l'ordre de 10 à 20% des principaux indices nord-américains.

Mais ça ne sera pas sans soubresauts, provoqués surtout par l'état encore «inquiétant» du secteur bancaire et financier aux États-Unis.

«Le marché boursier est encore fragile. Mais comparé à son état d'il y a quelques semaines, il y a au moins des signaux qui pointent en direction d'une convalescence, après avoir frôlé la mort l'automne dernier», estime pour sa part Michael Kahn, analyste technique de marchés pour l'agence financière Dow Jones et l'hebdomadaire boursier Barron's, à New York.

Quels signaux observe-t-il en particulier? Entre autres, l'écart de taux d'intérêt entre les bons du Trésor américain et les prêts interbancaires.

Il s'agit d'une mesure importante de stress sur le marché du crédit, lui-même déterminant sur les décisions économiques des entreprises et des consommateurs.

Mais après avoir établi des records l'automne dernier, au pire de la crise financière, cet écart de taux s'est replié récemment à un niveau bien moindre de risque économique.

Michael Kahn surveille aussi de près l'indice de volatilité boursière de la Bourse des options de Chicago (CBOT).

Cet indice VIX est considéré comme une mesure de la nervosité et de l'inquiétude des investisseurs. Or, après avoir lui aussi atteint des records l'automne dernier, l'indice VIX s'est replié de près de moitié depuis deux mois (voir graphique ci-dessus).

Mais il demeure deux fois plus élevé que son niveau de l'été dernier, avant le pire de la crise financière et du krach boursier.

«Ce repli marqué du VIX est un indicateur de meilleur sentiment des investisseurs boursiers. Mais ça n'est pas encore suffisant pour présager d'un prochain marché haussier», selon M. Kahn.

Sentiment semblable de la part de Martin Roberge, stratège boursier à Valeurs mobilières Dundee, à Montréal.

Et ce, même s'il s'attend d'ici à la fin 2009 à ce que l'indice S&P 500 repasse le seuil des 1000 points, et des 10 000 points dans le cas de l'indice S&P/TSX à Toronto.

«Je ne vois pas ces rebonds comme le début d'un nouveau marché haussier en Bourse. Pour ça, il faudra attendre la fin du ménage des mauvaises dettes dans le secteur financier américain. Et ça pourrait durer encore deux ans, jusqu'à la fin de 2010», a indiqué Martin Roberge.