Trop jeune pour une résidence? Trop âgée pour un condo? Une fois passée la borne des 70 ans, on se trouve souvent à la croisée des chemins. Comment choisir sa voie?

Son mari est mort il y a quelques mois. Comme souvent, c'est le signal du départ. Françoise - elle ne voulait pas donner son véritable prénom - souhaite vendre sa maison à Laval. Trop d'entretien, trop de soucis, trop d'espace. Trop de souvenirs.

 

Âgée de 72 ans, elle hésite entre l'achat d'un appartement et l'admission dans une résidence pour personnes âgées. «Il faut que ce soit sécuritaire!» lance-t-elle. Elle veut un garage pour sa voiture et songe à s'installer à Montréal.

Elle est en bonne santé. Et elle pose les bonnes questions. «Un appartement, rendue à mon âge, c'est plus difficile à revendre, dit-elle. Il faut évaluer aussi s'il a été entretenu.»

Sa grande maison, construite en 1976, pourrait vraisemblablement se vendre 280 000$, selon un agent immobilier du secteur, que nous avons consulté. «J'ai des meubles pour quatre ou cinq pièces, exprime Françoise. Un trois et demi, c'est trop petit.»

Où aller quand on vend la maison familiale? La question est fréquemment posée à la FADOQ. «Le plus important est l'état de santé de la personne, dit Karine Genest, directrice des programmes. Il faut se demander: serais-je prêt à vivre un déménagement dans trois ou cinq ans? Parfois, ce changement a un impact important sur la santé de la personne.»

Selon Astrid Joseph, analyste de marché à la SCHL, les gens entrent en résidence à 75 ans, en moyenne. «C'est lorsque survient un événement comme une maladie ou la mort d'un conjoint que les gens songent à entrer en résidence», souligne-t-elle.

Pourquoi ne pas retarder la vente de la maison familiale et payer pour un soutien à l'entretien? «Quand on compte l'impôt foncier, le chauffage, l'entretien général, rester chez soi coûte de 12 000 à 13 000$ par année», estime Nicole Forget, agente immobilière à Laval. «La difficulté, c'est de trouver des gens pour nous aider. La pelouse, ça va bien, mais quand arrive le temps du déneigement ou des petites réparations, c'est très difficile. Il n'y a pas de main-d'oeuvre.»

Pour leur part, les résidences peuvent offrir des services d'entretien et de navette, des soins infirmiers, des repas, des activités sociales... «Il faut avoir besoin de ces services», rappelle Alice Brodeur, conseillère en hébergement à la résidence Le Renoir, à Laval. «Ça leur amène un réseau social, également. C'est souvent ce qui fait la différence entre la résidence et l'appartement en copropriété.»

Malgré une santé en déclin, il est pourtant possible de vivre en appartement, avec des services assurés par des firmes privées ou des entreprises d'économie sociale. «Il y a des gens qui ont le budget pour le faire et ça leur permet de demeurer très longtemps dans leur appartement», observe Karine Genest.

Autres possibilités: il existe des initiatives mises sur pied par les communautés, «entre le condo classique et le logement traditionnel, qui permettent, à prix plus abordable, de se loger», souligne Karine Genest. Des promoteurs construisent également des complexes où des appartements en copropriété jouxtent des résidences, avec des formules intermédiaires qui facilitent la transition.

Mais souvent, le facteur décisif sera le coût. Acheter un appartement est-il rentable si on n'y habite que deux ans? Jusqu'à quel point une résidence est-elle plus coûteuse, si on considère les principaux frais?

Nous avons fait quelques calculs...