C'est tout un revirement: il y a quelques années, les banques invitaient les gens à investir dans des fonds communs plutôt que de laisser poireauter leur argent dans leur compte d'épargne. Ces jours-ci, les banquiers appellent leurs clients pour leur vanter les mérites... de leur compte d'épargne.

Il est vrai qu'un rendement annuel de 2 ou 3% est plus attirant qu'une chute de 50%, comme celle que viennent de vivre les Bourses. Il est vrai aussi que les banques ont besoin d'argent, en cette période de crise du crédit.

 

Alors pourquoi ne pas attirer l'épargne à l'aide de taux d'intérêt un peu plus concurrentiels? Par exemple, la semaine dernière, la Banque HSBC Canada a annoncé un boni de 1% sur les nouveaux fonds déposés dans son compte d'épargne, jusqu'au 16 mars 2009. Cette prime fait passer le taux de 2,75% à 3,75% pendant les quatre prochains mois.

À 2,75%, le taux de HSBC est déjà parmi les plus élevés au pays (voir tableau). Le compte n'exige aucun solde minimal. Il n'impose aucuns frais mensuels ou de transaction. Les clients peuvent virer et retirer des sommes instantanément de leur compte, payer leurs factures, procéder à des paiements préautorisés, payer des achats chez les marchands à l'aide de leur carte de guichet et retirer de l'argent dans un réseau de 4100 guichets automatiques au Canada, sans frais.

En fait, le compte ressemble à s'y méprendre à un compte de banque avec opérations, sauf que l'on ne peut pas faire de chèques et que l'on doit gérer ses affaires par internet ou par téléphone plutôt qu'au comptoir d'une succursale bancaire traditionnelle.

«On est capables d'offrir ces taux parce que nos coûts sont moindres. On peut transférer les économies à nos clients», explique Amani Sawaya, vice-présidente de la Banque HSBC.

La banque virtuelle

C'est le principe de la banque virtuelle, lancé il y a plus d'une décennie par ING Direct. Le concept a fait école. Désormais, même les grandes banques, qui offraient des taux d'intérêt dérisoires, sont obligées de suivre.

Entre autres, la Banque Royale offre un taux de 2,5%. Et la Banque Scotia vient de lancer le compte d'épargne Accélération Plus, qui verse 3% d'intérêt à ceux qui maintiennent un solde supérieur à 5000$. Le compte n'exige pas de frais mensuels, pas de frais sur les virements vers le compte d'opération. Par contre, ce n'est pas l'outil approprié pour les transactions courantes (ainsi, les paiements de factures entraînent des frais de 5$).

«Mais pour les investisseurs qui maintiennent un solde élevé, c'est plus payant et moins onéreux qu'un fonds de marché monétaire», note Sophie Labonne, formatrice et planificatrice financière pour Montréal et l'Est du Canada, à la Banque Scotia.

En effet, les frais de gestion des fonds de marché monétaire, offerts par toutes les familles de fonds communs de placement, sont très élevés. En moyenne, les frais annuels (1,04%) grugent plus du quart du rendement des fonds de marchés, qui ont eu un rendement de 2,8% l'an dernier (net de frais).

Il existe certains fonds moins gourmands et automatiquement plus performants. Mais plusieurs sont réservés aux gens fortunés. Par exemple, le fonds Manuvie ML Élite est premier de classe. Grâce à des frais de gestion minimes (0,10%), il a produit un rendement au dessus de 4,13% depuis un an; c'est le seul fonds de l'industrie au-dessus de 4%. Mais il faut y injecter au moins 250 000$!

Autres solutions

Il y a aussi des solutions pour le commun des mortels. Les familles de fonds destinés à différents groupes de professionnels (Férique, MD, Professionnels) ont des produits très peu coûteux. Par exemple, le fonds FMOQ exige à peine 0,4% de frais, ce qui lui a permis de dégager des rendements de 3,64% depuis un an.

Les autres investisseurs peuvent se tourner vers les familles Renaissance, PH&N, RBC, Saxon, qui offrent des produits très concurrentiels.

Mais attention, les rendements des 12 derniers mois sont une histoire du passé. Les taux ont baissé depuis un an et cela se reflétera sur les fonds de marchés monétaires.

Aujourd'hui, les obligations de trois mois du gouvernement offrent un rendement de 1,84% au Canada. Aux États-Unis, le rendement n'est que de 0,01%, un seul point de base!

Autre bémol: les fonds de marchés sont très sécuritaires; mais, contrairement aux comptes d'épargne, ils ne sont pas couverts par la Société d'assurance dépôt du Canada.

N. B.: l'outil de sélection de compte d'épargne de l'Agence de la consommation en matière financière du Canada s'avère très utile pour comparer les comptes (www.fcac-acfc.gc.ca/fra/consommateurs). Il va bien au-delà des taux d'intérêt et donne l'heure juste sur les frais de transaction (que ce soit par téléphone, internet, au guichet ou au comptoir), les soldes minimum exigés, les méthodes de calcul des intérêts, etc.