Accros à la faiblesse du dollar, les entreprises canadiennes de tous les secteurs d'activité ont négligé les investissements nécessaires pour mieux affronter la concurrence. Plusieurs d'entre elles sont donc devenues plus vulnérables si l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) disparaissait ou si de nouvelles barrières tarifaires apparaissaient.

C'est la conclusion que tire une étude du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal qui a analysé la compétitivité des entreprises entre 2000 et 2014.

« Les entreprises se sont trop longtemps réfugiées derrière un taux de change favorable pour faire des affaires aux États-Unis », conclut l'équipe de chercheurs. Plus de 75 % des exportations canadiennes sont destinées au marché américain.

L'étude constate que dans la majorité des secteurs, la plupart des entreprises ont fait des gains de productivité au cours de la période, quand on les compare aux entreprises américaines.

En tenant compte de l'évolution du taux de change, le portrait n'est toutefois plus le même.

« Une fois les coûts de production ajustés pour tenir compte de l'évolution du taux de change, les gains sont devenus des pertes », explique Robert Gagné, directeur du Centre sur la productivité et coauteur de la recherche.

Au total, la compétitivité de l'économie canadienne (définie comme la capacité de faire face à la concurrence) a reculé de 16,7 % entre 2000 et 2014, ont mesuré les chercheurs.

Certains secteurs d'activité ont mieux fait que d'autres, mais dans l'ensemble des 34 groupes industriels examinés, seulement trois ont réellement amélioré leur compétitivité comparativement à leur équivalent américain. Il s'agit de l'agriculture, de la fabrication de papier et de la fabrication de produits en bois.

Le recul le plus important a été observé dans le secteur informatique et électronique, où les entreprises canadiennes ont perdu l'avance qu'elles ont déjà eue sur leurs concurrents américains.

UNE BÉQUILLE

La faiblesse du dollar a aidé les entreprises à augmenter leurs exportations, sans effort de leur part pour augmenter leur productivité. Malgré les efforts consentis au cours des années par les gouvernements pour aider les entreprises, le dollar canadien a continué d'être une béquille en cas de coup dur. Il devrait d'ailleurs continuer de jouer ce rôle si l'ALENA disparaissait.

En pleine renégociation des accords commerciaux avec les États-Unis, l'amélioration de la productivité des entreprises canadiennes devrait être la priorité, résume l'étude. « Les entreprises canadiennes doivent plus que jamais éviter de se réfugier à nouveau derrière la faiblesse du dollar canadien. »