La publicité prendra de plus en plus d'importance pour générer des revenus chez Stingray, dont l'objectif est de devenir la plus grande entreprise de son secteur d'ici 10 ans, devant Spotify, Pandora et les autres.

« On ne fera pas d'annonces audio sur nos chaînes musicales, mais on peut facilement leur accoler des noms », a dit le PDG Eric Boyko, hier, en marge de l'assemblée des actionnaires de l'entreprise montréalaise de services musicaux.

« La chaîne classique jazz peut devenir Banque TD. La hit list peut devenir la chaîne Budweiser. Dormez-vous ? [Sleep Country au Canada anglais] pourrait commanditer une chaîne qui aide les gens à s'endormir la nuit », précise-t-il.

« Nous avons beaucoup d'inventaires à vendre. Les gens ne le réalisent pas. »

En raison du nombre de personnes qui écoutent les chaînes de Stingray, il croit possible d'obtenir jusqu'à un quart de million de dollars par année pour le nom d'une chaîne.

« L'utilisation est énorme. On a 100 000 personnes qui écoutent nos chaînes musicales chaque minute en moyenne au Canada. »

L'acquisition annoncée au printemps d'une centaine de stations de radio au Canada anglais doit être bouclée à la fin du mois prochain et Stingray entend réaliser rapidement dès l'automne des ventes croisées. C'est ce qu'Eric Boyko qualifie de synergies positives.

« On va offrir une offre numérique aux annonceurs qui achètent de la publicité dans les stations de radio qu'on acquiert. Ils pourront annoncer sur l'application mobile de Stingray. Ça peut vite devenir des revenus importants. Ça pourrait générer entre 500 000 $ et 600 000 $ par mois. C'est beaucoup », dit-il.

Le milliard dans la ligne de mire

En poursuivant sa croissance comme elle le fait depuis sa fondation il y a 10 ans (près de 40 acquisitions jusqu'à maintenant), Stingray est positionnée pour devenir la plus grosse entreprise du monde dans son domaine d'ici 10 ans sur les plans du chiffre d'affaires, de la rentabilité, du nombre d'abonnés et de la capitalisation boursière, croit Eric Boyko.

Avec un chiffre d'affaires de 127 millions et une capitalisation boursière d'un peu moins de 350 millions, Stingray est encore loin de Spotify, par exemple, dont les revenus ont dépassé le milliard US l'an passé et dont la valeur boursière est supérieure à 30 milliards US.

Le patron de Stingray pense par ailleurs que la valeur de Spotify est appelée à être révisée. « Elle est trop élevée, selon moi », dit celui pour qui il ne fait aucun doute que les revenus de Stingray dépasseront le milliard dans 10 ans. « Nous allons être le plus gros dans notre industrie, comme Couche-Tard dans son secteur. »

Stingray, qui a dévoilé la semaine dernière une offre d'achat hostile en vue d'acquérir son concurrent américain Music Choice, a perdu 20 % de sa valeur boursière depuis l'annonce de l'acquisition de stations de radio en mai. L'action a reculé de 5 % hier dans la foulée de la présentation de ses résultats de début d'exercice.

La performance financière s'avère relativement conforme aux prévisions des analystes. Le dividende trimestriel a été bonifié de 20 %, à 6 cents par action. Stingray a maintenant doublé son dividende depuis son inscription en Bourse il y a trois ans.

Le recul du nombre d'abonnés aux services de vidéo sur demande par abonnement (VSDA) a semblé surprendre certains observateurs. Il est passé de 348 000 abonnés au début avril à 322 000 au début juillet. « Ce déclin est un peu décevant », a commenté l'analyste Drew McReynolds, de RBC.

Ce service est devenu un important vecteur de croissance pour Stingray au cours des derniers trimestres. Eric Boyko explique la baisse notamment par un effet saisonnier. « Les gens sont en vacances l'été et moins à la maison. Ils utilisent moins ce service. »