Le constructeur américain de voitures électriques Tesla, habitué des polémiques autour de son médiatique patron, Elon Musk, a rassuré le public mercredi sur sa production après de nombreux retards et a confirmé viser le deuxième bénéfice de son histoire d'ici la fin de l'année.

Le titre bondissait de 4,71 % à 315,00 dollars vers 17 h 20 dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street, les investisseurs semblant apprécier également une légère amélioration des flux de trésorerie.

« Après avoir atteint notre objectif de 5000 (Model 3) par semaine, nous allons augmenter [le rythme], avec l'objectif d'atteindre 6000 Model 3 par semaine d'ici fin août », a indiqué le groupe.

Le but est ensuite d'augmenter encore la cadence pour atteindre 10 000 véhicules par semaine « le plus vite possible », poursuit Tesla, qui explique avoir résolu l'essentiel des problèmes qui avaient entraîné des retards de production et donc de longues périodes d'attente pour les clients.

Tesla améliore ses capacités de production « en améliorant l'utilisation de nos chaînes existantes et en faisant des améliorations ciblées pour régler les goulets d'étranglement plutôt que de construire de nouvelles chaînes », dit encore le groupe de M. Musk, jugeant que c'est « l'approche la plus cohérente financièrement ». L'entrepreneur avait décidé récemment de dormir dans sa propre usine pour diriger - et augmenter - la production du Model 3.

Le Model 3, dont le prix de base est de 35 000 dollars, est censé permettre à Tesla de pénétrer le segment moyen de gamme et d'atteindre une production de masse au moment où les constructeurs automobiles américains classiques, comme Ford, se désengagent du marché des voitures compactes.

Enquêtes

Le groupe, qui a des légions d'admirateurs allant de l'acteur oscarisé Leonardo diCaprio au rappeur Kanye West, avait évoqué il y a deux ans viser une production de 500 000 voitures par an en 2018, alors que celle-ci n'atteignait même pas 100 000 en 2017.

Tesla s'attend à produire 50 à 55 000 Model 3 au troisième trimestre et a redit espérer dégager son premier bénéfice d'ici la fin de l'année.

Il a livré 18 449 Model 3 sur le trimestre.

Au deuxième trimestre, la trésorerie est restée dans le rouge, présentant un déficit de 739,5 millions, alors que les analystes tablaient sur environ - 900 millions après un milliard au premier trimestre.

Les flux de trésorerie disponible, qui mesurent la capacité d'une société à financer ses investissements, s'élèvent à 2,24 milliards de dollars, ce qui éloigne à court terme le spectre d'une levée de nouveaux capitaux.

Tesla, qui s'est démarqué en transformant la voiture en un « gadget » électronique avec des technologies très avancées, est régulièrement malmené en Bourse, souvent à cause des frasques de son très médiatique patron.

Habitué des polémiques, notamment via Twitter dont il est très friand, Elon Musk avait dû s'excuser récemment après avoir traité de « pédophile » un spéléologue britannique qui avait aidé au sauvetage d'enfants pris au piège dans une grotte en Thaïlande.

Cet épisode avait conduit certains analystes à s'interroger sur son équilibre mental et sa capacité à diriger son groupe.

Tesla a annoncé au printemps une restructuration, prévoyant notamment une baisse de 9 % de ses effectifs et la suppression d'échelons hiérarchiques intermédiaires, aboutissant notamment au départ du responsable de la production du Model 3.

Le groupe fait aussi l'objet d'enquêtes sur son système d'aide à la conduite Autopilot, censé préfigurer la conduite autonome, impliqué dans des accidents ces derniers mois, dont certains mortels.

Au deuxième trimestre, l'entreprise californienne a plus que doublé sa perte, à 717,5 millions de dollars, contre 336,4 millions à la même période en 2017.

Le chiffre d'affaires est ressorti un peu au-dessus des attentes, à 4 milliards de dollars (+43 %), quand les analystes tablaient sur 3,92 milliards en moyenne

Le groupe d'Elon Musk a par ailleurs dégagé une marge brute légèrement positive au deuxième trimestre pour le Model 3 et a dit s'attendre à de nouvelles améliorations : 15 % au deuxième trimestre puis 20 % au quatrième.