Corus offrira à ses clients moins de chaînes de télévision spécialisées, mais celles-ci seront de meilleure qualité et les publicités y seront mieux ciblées, ont expliqué mercredi ses dirigeants, qui donnaient plus de détails sur un plan de reconstruction qui devrait l'aider à s'adapter à l'intense concurrence, les nouvelles habitudes des téléspectateurs et les changements technologiques.

«Nous nous attendons à ce que la route soit cahoteuse à court terme, alors que notre industrie évolue», a déclaré le chef de la direction de Corus Entertainment, Doug Murphy, lors d'une conférence téléphonique suivant l'annonce d'une perte de 935,9 millions et d'une baisse du dividende de l'entreprise.

L'action a clôturé en baisse de 18 % à 5,13 $ à la Bourse de Toronto. Elle avait reculé, plus tôt dans la séance, jusqu'à 4,96 $, son plus bas niveau depuis son entrée en Bourse, en 1999.

M. Murphy a indiqué aux analystes que Corus travaillait avec ses partenaires de distribution réglementés - les câblodistributeurs et les fournisseurs de services téléphoniques et par satellite - afin d'optimiser les revenus provenant de ses principales chaînes de télévision.

Outre le réseau de Global Television et les chaînes de télévision conventionnelles acquises auprès de Shaw Communications en avril 2016, la société possède un certain nombre de chaînes de télévision spécialisées - certaines propriétés de longue date de Corus et d'autres obtenues lors de l'acquisition de Shaw Media pour 2,65 milliards en espèces et en actions.

Murphy a souligné que Corus avait recours à un certain nombre de nouvelles technologies qui utilisent des techniques qui ont donné un avantage aux géants de l'internet comme Facebook et Google. Ces deux sociétés obtiennent environ 80 cents de chaque dollar publicitaire récolté par l'industrie des médias, a-t-il ajouté.

«Nous pouvons maintenant bâtir des profils de téléspectateurs en tant que segments d'auditoire distincts et définis - comme les gens qui possèdent un véhicule utilitaire sport, les amateurs de mode, les parents dont les enfants ont quitté la maison, les gens riches et plusieurs, plusieurs autres», a expliqué M. Murphy aux analystes lors d'une conférence téléphonique.

«En profilant les segments d'auditoire et les émissions qu'ils aiment, la télévision peut offrir des campagnes plus ciblées à nos annonceurs, ce qui est fondamental pour l'avenir de la télévision.»

Il a ajouté que Corus utilisait l'intelligence artificielle «pour traiter des milliards de données provenant des décodeurs afin de déterminer quelles stratégies promotionnelles croisées entraînent le plus de résultats de réengagement ou de visionnements.»

Corus déploie également un système, appelé Cynch, qui automatise le processus d'achat publicitaire.

Au lieu de vendre de l'espace publicitaire de personne à personne par téléphone, Cynch permet d'informatiser la vente d'annonces associées à certaines programmations sur diverses plateformes médiatiques.

Dividende réduit de 80 %

Plus tôt mercredi, Corus a affiché une perte nette de 4,49 $ par action pour le trimestre clos le 31 mai, comparativement à un bénéfice de 66,7 millions, ou 33 cents par action, pour la même période il y a un an.

La perte nette comprenait une charge de dépréciation hors trésorerie de 1,01 milliard liée à des licences de radiodiffusion et à un écart d'acquisition.

En excluant la charge de dépréciation et les autres éléments non récurrents, Corus a réalisé un bénéfice ajusté de 78,1 millions, ou 37 cents par action, comparativement à un bénéfice ajusté de 70,1 millions, ou 35 cents par action, il y a un an. Les analystes s'attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 36 cents par action, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.

Les revenus du troisième trimestre ont totalisé 441,4 millions, en baisse par rapport à ceux de 461,6 millions du même trimestre l'an dernier. Les revenus de la télévision ont chuté de 4,6 % à 403 millions, comparativement à 422,3 millions il y a un an, tandis que les revenus de la radio ont reculé de 2,2 % à 38,4 millions, par rapport à 39,3 millions au même trimestre l'an dernier.

La société a en outre annoncé mercredi qu'elle réduirait de façon importante son dividende au prochain exercice financier, qui débutera le 1er septembre. Elle versera désormais un dividende trimestriel de 6 cents par action de catégorie B à compter de septembre, alors que le dividende actuel, versé chaque mois, est de 9,5 cents par action. Sur une base annuelle, le dividende passera ainsi de 1,14 $ par action à 24 cents par action.

Les changements au dividende devraient entraîner des économies directes d'environ 150 millions pour Corus. Cette somme sera redirigée vers la réduction de sa dette.