Même si son action est sous pression depuis l'annonce d'une percée dans l'industrie radiophonique canadienne au début mai pour plus d'un demi-milliard de dollars, Groupe Stingray Digital ne s'inquiète pas outre mesure.

Selon son président et chef de la direction, Eric Boyko, une transaction d'envergure peut parfois faire grimper le niveau de nervosité de certains actionnaires.

«Ce sera à nous de les rencontrer dans les prochaines semaines pour bien expliquer la transaction», a-t-il expliqué, jeudi, au cours d'un entretien téléphonique en marge de la divulgation de résultats du quatrième trimestre conformes aux attentes.

Le fournisseur de services musicaux a annoncé, le 2 mai, qu'il mettrait la main sur Newfoundland Capital et ses 101 stations de radio dans le Canada anglais grâce à une offre évaluée à 506 millions, incluant la dette. La transaction devra être approuvée par les actionnaires de Newfoundland Capital et les autorités réglementaires.

Cette incursion est complémentaire pour l'entreprise montréalaise, essentiellement présente sur les plateformes mobiles, en ligne et à la télévision, par l'entremise de ses différentes chaînes musicales.

Son action, qui avait clôturé à 10,80 $ à la Bourse de Toronto le 2 mai, s'est depuis repliée d'environ 25 %. Sur le parquet torontois, le titre a terminé la séance à 8,68 $, en hausse de 13 cents, ou 1,52 % par rapport à son cours de clôture de mercredi.

«Newfoundland Capital est l'une des seules compagnies présente partout au Canada [sauf au Québec], a expliqué M. Boyko. C'est un consolidateur pour les plus petits marchés.»

Si elle se concrétise, cette acquisition permettra à la compagnie québécoise d'être le deuxième propriétaire privé en importance au chapitre du nombre de stations. Stingray souhaite poursuivre ses emplettes dans ce secteur et a même les yeux sur le Québec.

Trimestre en hausse

Pour la période de trois mois terminée le 31 mars, Stingray a engrangé un bénéfice net de 4,7 millions, ou 8 cents par action, en hausse de 1,4 % par rapport à il y a un an.

Stimulé par les acquisitions et la croissance des services de vidéo sur demande par abonnement aux États-Unis, le chiffre d'affaires a bondi d'environ 25 %, à 33 millions. Les revenus récurrents ont été de 29,7 millions au quatrième trimestre, en progression de 30,8 % comparativement à la même période l'an dernier.

Abstraction faite des éléments non récurrents, Stingray a engrangé un profit ajusté de 9,7 millions, ou 17 cents par action, comparativement à 10,5 millions, ou 20 cents par action.

Cette performance trimestrielle a répondu aux attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur des revenus de 33 millions ainsi que sur un bénéfice ajusté par action de 14 cents.

En ce qui a trait à l'année financière, le bénéfice net de la société a été de 2,3 millions, ou 4 cents par action, par rapport à 10,7 millions, ou 21 cents par action, en 2017. Son chiffre d'affaires a grimpé de 25 %, à 127 millions.

Une décision saluée

M. Boyko a par ailleurs applaudi la révision des lois canadiennes sur les télécommunications et la radiodiffusion, alors que le gouvernement fédéral souhaite notamment les géants de la diffusion en ligne comme Netflix et Spotify à contribuer au contenu canadien.

«C'est un pas dans la bonne direction, a lancé l'homme d'affaires. C'est important pour le marché francophone et pour que les gens puissent découvrir des artistes. Il faut que tout le monde soit traité de la même façon.»

Tout comme Stingray, les géants étrangers devraient être obligés d'offrir du contenu canadien dans les listes d'écoutes offertes aux mélomanes sur les plateformes mobiles, a fait valoir M. Boyko.

Un récent rapport du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a également suggéré que les multinationales culturelles comme Netflix et Spotify soient forcées à verser de l'argent pour soutenir la création de contenu local.