La Banque Scotia a affiché mardi un bénéfice du deuxième trimestre supérieur aux attentes, alimenté par ses activités en Amérique latine et au Canada, malgré le ralentissement du marché de l'habitation au pays.

Le troisième plus grand prêteur canadien a vu son profit net attribuable aux actionnaires prendre près de 5 %. Le profit de sa division internationale a enregistré une croissance de 14 % et celui de sa division bancaire canadienne a avancé de 5 % d'une année à l'autre.

La Banque Scotia était la quatrième des grandes banques canadiennes à publier des résultats supérieurs aux attentes pour le trimestre terminé le 30 avril, dans un contexte de ralentissement de l'activité immobilière et de resserrement des lignes directrices sur les prêts hypothécaires non assurés depuis le 1er janvier.

Toutefois, les soldes de prêts hypothécaires de la Banque Scotia ont augmenté de 6 % par rapport à la même période l'an dernier pour atteindre 203,8 milliards. La valeur des nouvelles hypothèques a quant à elle reculé à 8,9 milliards, alors qu'elle était de 9 milliards au trimestre précédent.

Selon le directeur financier de la Banque Scotia, Sean McGuckin, la banque s'attend toujours à une croissance de 5 % pour son exercice financier 2018, grâce à l'effet de la demande devancée des acheteurs qui se sont précipités pour obtenir des prêts hypothécaires avant l'entrée en vigueur des nouvelles règles.

«Nous sommes toujours très optimistes (...) Avec tous les autres leviers de croissance que nous avons dans la banque, dans les services bancaires internationaux et dans les prêts commerciaux, nous pouvons surmonter tout ralentissement ou modération de notre croissance hypothécaire», a-t-il indiqué mardi aux journalistes.

Le bénéfice net attribuable aux actionnaires ordinaires s'est établi à 2,04 milliards, soit 1,70 $ par action, pour le plus récent trimestre. En comparaison, il avait été de 1,97 milliard, ou 1,62 $ par action, pour la même période un an plus tôt.

Sur une base ajustée, le bénéfice par action a atteint 1,71 $, alors que les analystes en attendaient un de 1,67 $, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.

La division bancaire canadienne du prêteur a vu son bénéfice net attribuable aux détenteurs de titres de capitaux propres augmenter de 5 % pour se chiffrer à 1,02 milliard, tandis que celui de sa division bancaire internationale a connu une hausse encore plus importante, de 14 %, à 675 millions.

Le chef de la direction de la Banque Scotia, Brian Porter, a indiqué que les bénéfices réalisés au Canada étaient alimentés par une solide croissance des actifs notamment au chapitre des petites et moyennes entreprises, des prêts automobiles et hypothécaires, ainsi que de l'expansion des marges dans un environnement de taux d'intérêt en hausse.

Coup de pouce de l'Alliance du Pacifique

À l'étranger, la croissance des revenus a été stimulée par l'élan des pays de l'Alliance du Pacifique, soit le Mexique, le Chili, la Colombie et le Pérou.

«Le secteur bancaire international a connu un autre trimestre solide, tiré par une croissance de plus de 10 % des prêts dans l'Alliance du Pacifique, un levier d'exploitation positif et une solide qualité de crédit», a déclaré M. Porter aux analystes financiers.

Le bloc commercial de l'Alliance du Pacifique a été un élément clé pour la Banque Scotia, qui a annoncé plusieurs acquisitions régionales et investissements stratégiques dans le but d'étendre sa présence en Amérique latine.

En mai, la Scotia a annoncé une entente visant l'acquisition d'une participation de contrôle de 51 % dans Banco Cencosud au Pérou pour environ 130 millions. La banque a également annoncé un accord en janvier pour acheter les activités de services aux consommateurs et aux petites et moyennes entreprises de Citibank en Colombie pour un montant non divulgué. Elle a aussi annoncé en décembre avoir conclu un accord pour s'emparer d'une participation de 68 % dans le groupe bancaire chilien BBVA Chile, pour 2,9 milliards.

Toutefois, la division des services bancaires et marchés mondiaux a vu son bénéfice net attribuable aux actionnaires diminuer de 14 % par rapport à l'an passé pour atteindre 447 millions. Cette baisse est attribuable à «la baisse des revenus autres que d'intérêts, en raison surtout du niveau élevé d'activités de transactions sur capitaux propres réalisées par les clients au cours de l'exercice précédent, et l'incidence défavorable de la conversion des devises».

L'analyste Gabriel Dechaine, de Banque Nationale Marchés financiers, a qualifié ce trimestre de «solide, mais pas spectaculaire» et a fait remarquer que la croissance ajustée de la Scotia de 7 % pour sa division bancaire canadienne était «faible par rapport à celle de ses pairs».

«La surperformance résulte d'un réalignement des périodes trimestrielles qui a ajouté un mois de contribution pour BNS Chile et les activités d'assurance canadiennes», a-t-il affirmé dans une note de recherche destinée à ses clients. Auparavant, ces divisions divulguaient leurs résultats avec un retard, et le réalignement a ajouté un mois supplémentaire de résultats au dernier trimestre sur une base ponctuelle.

Les plus récents résultats trimestriels ont également été alimentés par des provisions moins élevées, contrebalancées par un taux d'imposition plus élevé, a ajouté M. Dechaine.

Les provisions pour pertes sur créances de la banque se sont élevées à 534 millions, en baisse de 9 % par rapport au deuxième trimestre de 2017.

Le ratio de fonds propres de la banque, une mesure clé de la santé financière de la banque, s'est établi à 12 % au plus récent trimestre, comparativement à 11,3 % il y a un an et 11,2 % au trimestre précédent.