La firme de sondage CROP accuse un ex-dirigeant d'avoir quitté l'entreprise avec des bases de données névralgiques et s'adresse à la justice pour l'empêcher d'« urgence » de les utiliser, a appris La Presse.

Daniel Juillet a démissionné de son poste de vice-président début mai, quelques semaines après avoir demandé et obtenu copie de certaines bases de données de la part d'une responsable informatique de CROP, selon son ex-employeur.

« Il les a copiées, il les a emportées chez lui », a assuré Alain Giguère, président de CROP, en entrevue téléphonique. « Dans notre métier, on ne part pas avec les bases de données des clients. On ne fait pas ça. »

Il ne s'agirait pas de « toutes les données » détenues par CROP, mais plutôt des « données de plusieurs projets sur lesquels il travaillait et sur lesquels il avait visiblement l'intention de nous faire concurrence », a continué M. Giguère. L'homme était responsable des études pour des festivals et des évènements.

RENDEZ-VOUS DEVANT UN JUGE

M. Giguère, M. Juillet et le nouvel employeur de ce dernier, la firme Elevent, se retrouveront devant un juge la semaine prochaine. Celui-ci devra décider s'il accepte - comme le demande CROP - d'ordonner à M. Juillet de remettre à l'entreprise toute copie des données qui pourraient se retrouver entre ses mains et de renoncer à son nouveau poste.

C'est qu'Alain Giguère pensait que M. Juillet changeait de domaine. Son ex-employé est plutôt parti faire des études d'opinion au sein d'une firme de commandites d'évènements. Selon CROP, ces nouvelles responsabilités violent les obligations de non-concurrence que Daniel Juillet avait accepté de respecter en devenant dirigeant de CROP : il devait s'abstenir de concurrencer la firme pendant au moins six mois.

« Je ne croyais pas qu'il partait développer dans cette entreprise un département qui visait spécifiquement à me faire concurrence », a dénoncé M. Giguère. Il l'accuse d'avoir rapidement contacté des clients de CROP comme le Festival Juste pour rire, ainsi que l'organisation de la Coupe Rogers.

« Je préfère ne pas commenter à ce stade-ci », a réagi par courriel M. Juillet. Son nouveau patron chez Elevent, Jay Hebert, n'a pas non plus voulu se prononcer publiquement sur les démarches judiciaires entamées par CROP.

Vendredi en fin d'après-midi, M. Juillet a fait parvenir un courriel à La Presse pour se défendre d'être parti avec quelque information confidentielle que ce soit.

«À titre de vice-président de CROP je me suis très souvent trouvé en possession de données des clients puisque je travaillais régulièrement à partir de la maison. Toutefois toutes les données dont j'ai disposé à un moment ou à un autre, ont été retournée à CROP et supprimées de mon ordinateur», a-t-il écrit. «Je n'ai donc aucun accès à quelques données que ce soit des clients de CROP et j'ai toujours respecté les plus hauts standards de déontologie qui gouvernent notre profession.»