La Banque CIBC a surpassé les attentes du marché en affichant mercredi un bénéfice en hausse de près de 25 % grâce aux solides bénéfices réalisés des deux côtés de la frontière, malgré le ralentissement de la croissance des prêts hypothécaires au Canada.

Le prêteur établi à Toronto, qui a été la première des grandes banques canadiennes à dévoiler ses résultats pour le deuxième trimestre, a enrichi son profit net grâce à son acquisition, en juin dernier, de la banque de Chicago PrivateBancorp, qui a alimenté les bénéfices de ses activités américaines.

«Nos services de banque commerciale et de gestion de patrimoine aux États-Unis dépassent nos attentes, car notre équipe continue d'élargir les relations avec nos clients et d'établir des flux transfrontaliers», a déclaré le chef de la direction de la CIBC, Victor Dodig, au cours d'une conférence téléphonique avec des analystes.

Le prêteur a déclaré un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 1,29 milliard, ou 2,89 $ par action, pour le trimestre terminé le 30 avril. Ce résultat était en hausse par rapport à celui de 1,04 milliard, ou 2,59 $ par action, réalisé il y a un an.

Sur une base ajustée, la cinquième plus grande banque canadienne a affiché un bénéfice de 1,32 milliard, ou 2,95 $ par action, au plus récent trimestre, en hausse par rapport à celui de 1,06 milliard, ou 2,64 $ par action, d'il y a un an.

Les analystes s'attendaient à un bénéfice de 2,81 $ par action, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.

Le bénéfice net de la division américaine des services bancaires commerciaux et de gestion du patrimoine a grimpé de 431 % d'une année à l'autre pour se chiffrer à 138 millions. Il a été stimulé par la conclusion, en juin dernier, de l'acquisition de PrivateBancorp. Cette dernière a ensuite été rebaptisée CIBC Bank USA. La banque a également mis la main sur Geneva Advisors, une société de gestion de patrimoine privée de Chicago, au quatrième trimestre de 2017.

Ralentissement des prêts hypothécaires

Au Canada, la division des services bancaires aux particuliers et aux petites et moyennes entreprises a enregistré une hausse de 16 % de son bénéfice net à 584 millions. L'augmentation est survenue malgré le ralentissement de la croissance des prêts hypothécaires attribuable au resserrement de la réglementation, aux taux d'intérêt plus élevés et à l'activité canadienne de vente de logements en avril, qui a atteint son plus faible niveau en plusieurs années.

Selon la responsable des services bancaires aux particuliers et aux petites et moyennes entreprises pour le Canada, Christina Kramer, la plus grande partie du ralentissement observé au cours des derniers mois est attribuable aux changements apportés aux lignes directrices en matière de souscription de prêts hypothécaires. Ceux-ci soumettent les acheteurs dont la mise de fonds est supérieure à 20 % du prix d'acquisition à une nouvelle simulation de crise.

Au plus récent trimestre, les nouveaux prêts hypothécaires résidentiels non assurés à la Banque CIBC se sont chiffrés à 7 milliards, en baisse par rapport à ceux de 11 milliards de la même période il y a un an.

«Nous avons en fait vu un début très lent avec le marché du printemps», a déclaré Mme Kramer aux analystes. «Nous ne savons pas si c'est un peu une pause sur le marché ou si les consommateurs changent de comportement ou attendent de voir ce qui se passe (...) Nous observons toujours de l'activité sur le marché, en particulier du côté des copropriétés.»

Elle s'attend à ce que la croissance des prêts hypothécaires ralentisse au cours de la deuxième moitié de l'année pour se situer entre 1 et 5 % d'ici la fin de l'année.

Néanmoins, M. Dodig a indiqué que la banque s'attend à continuer à générer une solide croissance des bénéfices supérieure à sa cible de 5 % à l'avenir, si les conditions macroéconomiques restent favorables ou relativement positives.

«Même si la croissance des prêts hypothécaires ralentit (...) je crois que nous pouvons continuer à livrer une croissance dans la fourchette de 5 à 7 % ou mieux», a déclaré M. Dodig aux analystes.

Parallèlement, les activités canadiennes de banque commerciale et de gestion de patrimoine de la CIBC ont généré 310 millions au cours du trimestre, soit une augmentation de 9 % par rapport à la même période l'an dernier.

Le bénéfice net de la division des marchés des capitaux du prêteur a toutefois enregistré une baisse de 7 % à 249 millions par rapport à l'exercice précédent, «attribuable principalement à l'augmentation des charges autres que d'intérêts et à la hausse du taux d'impôt effectif et contrebalancée en partie par la progression des produits».

La provision pour mauvaises créances de la banque s'est chiffrée à 212 millions, en hausse de 33 millions, ou 18 %, par rapport au deuxième trimestre de 2017. La CIBC a essentiellement attribué cette augmentation à l'inclusion des résultats de CIBC Bank USA. De plus, des changements comptables en vigueur depuis deux trimestres ont introduit une plus grande volatilité à cette mesure.

Le ratio des fonds propres de première catégorie de la banque, une mesure clé de la santé financière de la banque, a été de 11,2 %, en hausse par rapport à 10,8 % au trimestre précédent, mais en baisse comparativement à celui de 12,2 % d'il y a un an.

Gabriel Dechaine, un analyste chez Banque Nationale Marchés financiers, a estimé que les derniers résultats trimestriels de la CIBC avaient été positifs, et même «exceptionnels» au chapitre des services bancaires personnels et commerciaux au Canada.