Paul Desmarais, jr a condamné hier les événements controversés impliquant le cimentier Lafarge, dont il est membre du conseil d'administration.

Étant donné l'importance des questions soulevées, le président du conseil et co-chef de la direction de Power Corporation a tenu à faire une mise au point, hier, en marge de l'assemblée annuelle des actionnaires du conglomérat financier montréalais.

Lafarge fait actuellement l'objet d'une enquête concernant des pots-de-vin qui auraient été versés il y a cinq ans à des groupes djihadistes - notamment le groupe État islamique - de manière à assurer le fonctionnement d'une usine en Syrie.

« Le conseil d'administration de Lafarge n'a été informé des éléments visés par l'enquête en cours qu'en 2016, lorsque révélés par les médias. Dès que cette affaire a été portée à sa connaissance, le conseil d'administration a immédiatement initié une enquête interne indépendante dont les résultats furent transmis, de son propre chef, aux autorités en leur assurant sa collaboration », a dit Paul Desmarais, jr dans la déclaration qu'il a lue aux médias.

« En plus des nombreux dispositifs de contrôle existants dont s'était dotée Lafarge, des mesures additionnelles ont été mises en place depuis pour éviter la répétition de tels regrettables événements que nous condamnons vigoureusement. »

En réponse à une question d'un journaliste lui demandant pourquoi il tient à demeurer membre du conseil de Lafarge, Paul Desmarais, jr a répondu qu'on ne « quitte pas le bateau quand il y a une tempête ». « Je ne crois pas à ça, a-t-il dit. La continuité, ça compte. »

Power Corporation est liée à Lafarge par l'entremise de sa participation de 66 % dans la Financière Power, dont la filiale Pargesa détient une participation dans le Groupe Bruxelles Lambert, qui est le deuxième actionnaire en importance de Lafarge.

Assemblée courue

L'assemblée des actionnaires a fait salle comble hier à l'hôtel Intercontinental, adjacent au siège social de Power Corporation, dans le Vieux-Montréal. Plus de 200 personnes se sont déplacées pour l'événement qui a nécessité le recours à une salle de débordement pour une vingtaine de personnes qui n'ont pu trouver un siège dans la salle principale. Après avoir été tenue à Toronto l'an dernier, l'assemblée de Power Corporation était de retour à Montréal en cette année qui marque le 50e anniversaire de l'engagement de la famille Desmarais auprès de Power Corporation. Paul Desmarais était devenu actionnaire de contrôle au printemps 1968.

La cession de La Presse

Le projet de cession de La Presse à un organisme à but non lucratif a fait jaser durant l'assemblée des actionnaires de l'entreprise connue pour ses activités dans le placement et l'assurance (en vertu de sa participation dans la Financière Power). Le président délégué du conseil, président et co-chef de la direction de Power Corporation, André Desmarais, a réitéré sa tristesse de voir le conglomérat couper ses liens avec le quotidien. « Ma tristesse est atténuée par la conviction que nous prenons la bonne décision en ce qui a trait à l'avenir de La Presse. »

Chaîne de blocs

Paul Desmarais, jr a par ailleurs confié qu'une équipe consacrée à la chaîne de blocs avait été mise en place « très récemment » pour tenter de mieux comprendre cette technologie comparée à un grand livre comptable virtuel. « Je crois que ce sera très important. Je ne sais pas jusqu'où ça va aller, mais certainement, dans le système de paiement, qui est davantage lié aux banques, ça jouera un rôle important. D'ici l'année prochaine, nous aurons une bonne idée de notre positionnement dans la chaîne de blocs. »

Dividende bonifié

L'action de Power Corporation a gagné 1 % hier en Bourse. Les investisseurs ont réagi aux résultats de début d'exercice publiés au début de la journée. Le profit par action ajusté de 1,13 $ a surpassé la cible de 73 cents fixée par les analystes. « L'important écart par rapport aux attentes provient principalement d'une contribution de 227 millions des fonds d'investissement Sagard, de China AMC et d'autres placements », explique l'analyste Graham Ryding, de la TD. Le dividende a été bonifié, comme attendu.