La banque HSBC a tourné la page des années noires pour investir désormais dans l'avenir, ce qui a pesé sur ses résultats du premier trimestre et masqué un contexte économique favorable en Asie.

Le groupe basé à Londres mais actif à travers le monde et particulièrement en Asie a également voulu récompenser ses actionnaires, avec l'annonce d'un programme de rachat d'actions de deux milliards de dollars.

HSBC a dévoilé vendredi un bénéfice net sur la période janvier-mars en légère baisse de 1,4% à 3,09 milliards.

«Nous avons réalisé une bonne performance mondiale au premier trimestre, poursuivant sur la lancée de la fin 2017», a déclaré John Flint, le nouveau directeur général de la banque.

«Nous continuons de bénéficier de la hausse des taux d'intérêt, de la croissance économique, en particulier en Asie», a-t-il ajouté. «Notre principal objectif est de réaliser de la croissance en toute sécurité et nous avons augmenté les investissements à cette fin».

Ces dépenses supplémentaires ont toutefois pesé sur les résultats du premier trimestre, expliquant le recul des profits.

Les coûts ont crû de 13%, à 9,4 milliards, en raison des «investissements nécessaires à la croissance et au renforcement de nos capacités numériques, et des effets de change», selon le groupe.

«La hausse de l'investissement pour créer de la croissance suggère que la direction se sent plus confiante dans ses perspectives. Cependant, cela pèsera à court terme sur la rentabilité», explique Charlie Huggins, gérant de fonds chez Hargreaves Lansdown.

Lors d'une conférence téléphonique, interrogé sur ses priorités d'investissement, M. Flint a évoqué le marché du courtage en prêts immobiliers au Royaume-Uni qui «nécessite que nous dépensions de l'argent dans la technologie», ainsi que «le soutien à l'activité de gestion de fortune en Asie», au moment où «la création de richesse avance rapidement» dans la région.

Pur produit du groupe qui compte quelque 230 000 salariés, M. Flint est arrivé aux commandes en février au moment où la banque renoue avec l'expansion après des années de restructurations, de pertes de dizaines de milliards de dollars et de coûteux scandales.

Le marché pas convaincu

Malgré la baisse des profits, la banque se félicite de «bons» résultats qui confortent son redressement, avec notamment une hausse du chiffres d'affaires, sur fond de croissance économique vigoureuse en Asie.

Le centre de gravité de la banque penche désormais davantage vers l'Orient, alors que le groupe a mené ces derniers années un plan de restructuration planétaire, avec la cession d'activité et une baisse des effectifs de 50 000 employés, afin de s'ancrer davantage en Asie.

La banque cherche dans le même temps à oublier des années turbulentes, marquées par des litiges hérités du passé et des lourdes pénalités financières.

La justice américaine a notamment mis fin en décembre à sa surveillance renforcée sur HSBC issue d'accusation de complicité de blanchiment au profit de trafiquants, de terroristes et de l'Iran.

HSBC s'est par ailleurs montrée optimiste quant aux prochains mois. La progression de l'économie mondiale a décidé les grandes banques centrales à travers la planète à augmenter les taux d'intérêt, ou au moins à envisager de le faire, ce qui devrait gonfler les marges des établissements financiers.

«Je m'attends à une accélération de la croissance au deuxième trimestre ou au deuxième semestre, car HSBC va se focaliser davantage sur la Chine et l'Asie du Sud-Est», a observé Jackson Wong, analyste chez Huarong International Securities.

«Globalement, nous voyons que l'activité connaît toujours la croissance, surtout dans les marchés chinois» (Chine continentale, Hong Kong, Taïwan...), a renchéri Dickie Wong, analyste chez Kingston Securities. «Le marché hongkongais se porte clairement très bien».

Le marché faisait toutefois la fine bouche, le titre de la banque perdant 2,98% à 699,80 pence vers 5h30 à la Bourse de Londres.

Les investisseurs s'interrogeaient sur l'impact financier des investissements et étaient déçus par l'ampleur du rachat d'actions.

Ce programme «arrive tôt, mais il est plus faible que prévu et le groupe a prévenu qu'il n'y aurait qu'un rachat cette année», souligne Hagreaves Lansdown.