Longueuil a officiellement vendu la semaine dernière à Molson Coors le terrain pour la construction de sa nouvelle brasserie de la région montréalaise. La transaction s'est faite au prix que la Ville avait elle-même payé en 2010, révèle l'acte notarié consulté par La Presse. Longueuil était en concurrence avec d'autres villes de la région pour attirer Molson, ses centaines d'emplois et ses millions en revenus de taxation.

PRIX D'AMI...

Le 4 avril, le terrain de 6,3 millions de pieds carrés a été vendu 6,79 millions de dollars, un prix correspondant à 40 % de la valeur de 17,2 millions apparaissant au rôle municipal d'évaluation foncière. Autre élément à considérer, Longueuil a revendu le terrain au même prix qu'elle avait payé en 2010 pour en devenir propriétaire. Il appartenait alors à Développement de l'aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASHL). La Ville avait payé l'équivalent de 6,85 millions pour le même terrain, comme l'indique l'acte de vente du 27 mai 2010.

... OU PRIX DU MARCHÉ

La transaction s'est faite « au prix du marché », soutient néanmoins Louis-Pascal Cyr, chef de service aux affaires publiques de la Ville de Longueuil. Le prix de vente reflète le fait que le terrain a une faible capacité portante et que Molson devra faire enfoncer des pieux pour solidifier les installations, « des coûts significatifs », indique François Lefebvre, porte-parole de Molson Coors, avant d'ajouter qu'il est trop tôt pour les quantifier. Longueuil a dû prendre à ses frais la facture de 2 millions en compensation pour la perte de terrains humides, en vertu de la nouvelle réglementation en vigueur.

EN COMPARAISON

IKEA a payé 15 millions à Beauharnois en 2016 pour un terrain de taille semblable. À Varennes, Divco a vendu un vaste terrain à Costco pour 4,50 $ le pied carré. Toujours dans cette ville, le maire a une entente avec Divco pour que l'entreprise achète un terrain de 2 millions de pieds carrés, contigu à celui de Costco, à 3 $ le pied carré.

FIN DU CHANTIER : JUIN 2020

Molson est toutefois soumise à des obligations de construction d'un bâtiment d'une valeur imposable minimale de 138 millions, à défaut de quoi le brasseur s'expose à des pénalités. Dans un cas extrême, l'acquéreur pourrait être forcé de rendre le terrain à la Ville. La construction doit débuter dans les 180 jours suivant le 4 avril, selon Molson, qui espère une première pelletée de terre avant juillet. De plus, l'entreprise brassicole doit avoir terminé la construction le 30 juin 2020. La superficie totale du ou des bâtiments s'élèvera à environ 900 000 pieds carrés. Après l'installation de la machinerie et une période de rodage, la mise en service est prévue en 2021.

CONGÉ DE TAXES

En plus du terrain pas cher, Molson profitera d'un congé de taxes municipales, dégressif, s'échelonnant sur les cinq premières années d'exploitation de l'usine. Au total, le brasseur économisera environ 15 millions sur son avis d'imposition. À compter de la sixième année, Molson paiera environ 5 millions par an à la Ville, sur la base d'une valeur estimative des bâtiments de 138 millions.

Photo François Roy, archives La Presse

Le 4 avril, le terrain de 6,3 millions de pieds carrés a été vendu 6,79 millions de dollars à Molson, un prix correspondant à 40 % de la valeur de 17,2 millions apparaissant au rôle municipal d'évaluation foncière.