Après avoir claqué la porte du conseil d'administration du marchand de thé québécois David's Tea au début mars, son cofondateur, Herschel Segal, souhaite y revenir, mais cette fois dans la chaise du président.

L'homme d'affaires, qui détient 46 % des actions du détaillant par l'entremise de sa société Placements Mauvais Jours, a proposé cette semaine huit candidats - dont lui-même - pour former le prochain conseil.

En pleine révision stratégique de ses options - une opération qui pourrait se traduire par une vente de la compagnie - David's Tea a confirmé jeudi que ces candidats tenteraient de se faire élire à l'assemblée annuelle des actionnaires, prévue en juin.

«L'étude d'options stratégiques se poursuivra et représente la meilleure façon d'évaluer les différentes possibilités qui s'offrent à nos actionnaires, a précisé le président du conseil de David's Tea, Maurice Tousson. Nous continuerons de voir à ce que tous les actionnaires soient représentés équitablement au conseil.»

Placements Mauvais Jours est le plus important actionnaire du marchand québécois de thé, loin devant Highland Capital Partners, qui, selon les données de Thomson Reuters, détient une participation de 12,8 %.

C'est en décembre que David's Tea a signalé que diverses options, dont une restructuration, une fusion ou un refinancement, seraient envisagées.

Dans sa lettre de démission transmise le 5 mars dernier, M. Segal, fondateur du détaillant de vêtements Le Château, avait entre autres fait part de sa déception à l'égard de la performance du détaillant de thés.

Au nom de Placements Mauvais Jours, l'homme d'affaires avait avisé le conseil de David's Tea, le mois dernier, qu'il étudiait la possibilité d'une transaction visant à fermer le capital de la société.

«Il y a divergence d'opinions, a expliqué le chef de l'exploitation de Placements Mauvais Jours, Lorenzo Salvaggio, au cours d'un entretien téléphonique. Ils (le conseil) veulent vendre la compagnie et la firme croit qu'elle peut redresser l'entreprise.»

Celui-ci avait également démissionné de ses fonctions d'administrateur au début du mois. Il figure sur la liste proposée par M. Segal, tout comme Emilia Di Raddo, actuellement administratrice.

Des défis à relever

Même si David's Tea a plusieurs obstacles à surmonter, Placements Mauvais Jours estime que le détaillant repose encore sur des assises solides et qu'il est possible de redresser la barre avec une «bonne équipe de gestionnaires» autour de la table du conseil.

Interrogé, M. Salvaggio n'a pas voulu s'avancer sur les mesures qui pourraient être déployées par l'équipe proposée par la firme de M. Segal afin de relancer David's Tea.

Depuis son entrée au Nasdaq, en juin 2015, le marchand de thé fait face à des problèmes de rentabilité et son incursion dans le marché américain est loin d'avoir été couronnée de succès. Le détaillant a remanié sa haute direction à plusieurs reprises avant que Joel Silver devienne son président et chef de la direction, il y a un an.

Selon Louis Hebert, professeur titulaire au département de management à HEC, advenant que M. Segal revienne au conseil, celui-ci pourrait de nouveau tenter de fermer le capital de la compagnie.

Néanmoins, à court terme, cela ne sera pas suffisant pour dissiper l'incertitude entourant l'avenir de David's Tea.

«Ces chicanes (...) au niveau du conseil signalent qu'il n'y a pas de consensus quant à la direction de l'entreprise, a dit M. Hébert. Ce n'est pas fatal dans l'immédiat, mais cela pose de sérieux problèmes à plus long terme.»

En plus des nombreux changements au sein de la direction, M. Hébert a rappelé que David Segal, ce fondateur qui a donné son nom au détaillant, a quitté le navire depuis 2016, ce qui, à son avis, a créé un vide n'ayant pas été comblé.

M. Silver, actuellement aux commandes de la société, avait déjà fait part de son intention de fermer des établissements jugés non performants aux États-Unis, sans fournir de nombre exact. David's Tea exploitait 236 magasins au Canada et aux États-Unis en date du 28 octobre.

Au trimestre, l'entreprise avait vu sa perte nette bondir de 30 %, à 6,5 millions, ou 25 cents par action, alors que ses recettes avaient décliné de 2,5 %, à 43 millions.