Alimentation Couche-Tard a connu sa journée la plus difficile depuis au moins deux ans à la Bourse de Toronto après avoir vu ses résultats du troisième trimestre être affectés par une baisse des marges sur les ventes de carburant aux États-Unis.

Sur Bay Street, mardi, le titre de la multinationale a retraité de 6,45%, ou 4,11 $, pour clôturer à 59,60 $. Il faut remonter à février 2016 pour observer un recul d'une telle ampleur.

Au cours d'une conférence téléphonique, le président et chef de la direction de Couche-Tard, Brian Hannasch, a expliqué que le déclin des marges s'observait surtout au Texas et en Arizona et était attribuable à une hausse rapide des prix du brut.

«À plus long terme, les marges devraient recommencer à grimper, a-t-il expliqué. Il s'agit d'un phénomène cyclique. Ce n'est pas structurel.»

En sol américain, la marge sur le carburant a fléchi de 17%, à 15,66 cents US par gallon.

Une diminution des volumes vendus par les stations-service ouvertes depuis au moins un an a également été observée, notamment parce que le Texas n'a pas fini de se relever du passage de l'ouragan Harvey à la fin de l'été dernier. Cela a engendré des dépenses de 1,8 million US au troisième trimestre.

«Nous considérons cela comme un élément isolé», a dit M. Hannasch aux analystes.

Celui-ci a toutefois souligné que les tendances étaient positives au Canada, en Europe ainsi qu'au sein de la bannière CST Brands au chapitre des volumes de carburant par magasin comparable, des ventes de marchandises et des marges.

Baisses d'impôt et acquisitions

Pour le trimestre clos le 4 février, Couche-Tard a vu son bénéfice net bondir de 61%, à 463,9 millions US, ou 82 cents par action, grâce aux acquisitions ainsi qu'à la réforme fiscale américaine.

L'exploitant de dépanneurs et de stations-service a profité d'une réduction d'impôt de 182,2 millions US attribuable aux actionnaires grâce à la décision de l'administration Trump d'abaisser le taux d'imposition des sociétés.

De leur côté, les revenus se sont établis à 15,79 milliards US, alors qu'ils avaient été de 11,42 milliards US au troisième trimestre l'an dernier.

Toutefois, en excluant les éléments non récurrents, le profit ajusté de Couche-Tard n'a grimpé que de 1 million US, ou un cent US par action, pour s'établir à 304 millions US, ou 54 cents US par action. Ce résultat a largement raté la cible des analystes sondés par Thomson Reuters, qui anticipaient un profit ajusté par action de 74 cents US.

D'après Derek Dley, de Cannacord Genuity, les plus faibles marges que prévu sur les ventes de carburant ont eu une incidence négative de 17 cents US sur le bénéfice ajusté par action de Couche-Tard.

Malgré certaines mauvaises surprises au troisième trimestre, Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, a expliqué que ses perspectives demeuraient positives à plus long terme, «particulièrement en raison du vent de dos découlant des acquisitions de CST Brands et Holiday».

«À notre avis, il s'agit de vecteurs de croissance pour le cours de l'action», a écrit l'analyste dans une note envoyée à ses clients.

Couche-Tard a par ailleurs relevé à 215 millions US sa cible de synergies qu'elle prévoit réaliser en intégrant CST Brands - dont l'acquisition a été annoncée à l'été 2016 pour 4,4 milliards US. Jusqu'à présent, des économies de 103 millions US ont été réalisées.

En ce qui a trait à l'acquisition de la chaîne de dépanneurs américaine Holiday, annoncée le 22 décembre pour 1,6 milliard US, les synergies devraient osciller entre 50 millions US et 60 millions US.

Réaction sensée

M. Hannasch a par ailleurs estimé que la plupart des détaillants ontariens avaient réagi de façon rationnelle sans trop réduire les heures d'ouverture de leurs magasins depuis la hausse du salaire minimum en vigueur depuis janvier.

«Il est peut-être tôt pour se prononcer, mais je pense que les coûts sont absorbés par une augmentation des ventes et une hausse des marges», a-t-il dit.

Le patron de Couche-Tard a néanmoins affirmé que cette hausse d'environ 21 pour cent du taux horaire minimum était la plus élevée qu'il avait vue au cours de sa carrière. Il a ajouté que l'entreprise tablait sur des initiatives pour réduire ses coûts et demeurer concurrentielle.

La décision du gouvernement ontarien d'augmenter le salaire minimum à 14 $ l'heure cette année - et à 15 $ l'heure en 2019 - a été critiquée par les associations d'affaires, qui estiment qu'elle obligera les employeurs à ralentir les embauches et accélérer l'automatisation de leurs activités.