SNC-Lavalin dit avoir une solution de rechange advenant qu'Ottawa décide de ne pas légiférer en matière d'actes répréhensibles commis par les entreprises, comme la mise en place d'un régime d'accords de poursuite suspendue (APS).

«Je crois qu'il y a des options que nous pourrions considérer, mais je préfère le premier scénario», a affirmé jeudi le président et chef de la direction de l'entreprise, Neil Bruce, au cours d'une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du quatrième trimestre.

Interrogé par les analystes, celui-ci n'a toutefois pas voulu préciser quelles seraient les avenues qui pourraient être empruntées par SNC-Lavalin.

Néanmoins, M. Bruce a affirmé que la firme d'ingénierie montréalaise et la communauté d'affaires ont apprécié les audiences publiques menées par le gouvernement Trudeau l'an dernier sur la question des APS.

«Nous espérons un dénouement positif et nous voudrions discuter avec les autorités concernées», a dit le patron de SNC-Lavalin, rappelant au passage qu'il n'avait aucun contrôle sur la suite des choses.

La firme d'ingénierie plaide pour la mise en place d'un APS semblable à ceux qui existent dans d'autres pays pour tenter de régler les accusations de fraude criminelle qui pèsent contre elle et du même coup tourner la page sur son passé trouble.

Elle fait valoir que de tels accords permettraient aux entreprises de régler les affaires de corruption et d'éviter de se retrouver en situation de désavantage lorsqu'elles font concurrence à des firmes rivales d'autres pays membres du G7.

SNC-Lavalin a plaidé non coupable à une accusation de fraude et à une accusation de corruption déposées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) contre SNC et deux de ses filiales.

D'après la police fédérale, la firme aurait versé 47,7 millions à des titulaires de charges publiques en Libye dans le but d'influencer les décisions du gouvernement. De plus, deux divisions auraient privé diverses organisations locales d'environ 129,8 millions.

Des verdicts de culpabilité pourraient faire en sorte que les entreprises perdent la possibilité de livrer concurrence pour l'obtention de contrats gouvernementaux.

Au-delà des attentes

Entre-temps, SNC-Lavalin anticipe une croissance supérieure à 10 % de son profit ajusté en 2018 alors que l'acquisition de la firme britannique WS Atkins devrait lui permettre de contrebalancer des difficultés dans certaines divisions.

Son bénéfice par action devrait osciller dans une fourchette de 3,60 $ à 3,85 $ par action cette année. Cela est de 12,5 % à 20 % supérieur au résultat de 3,20 $ réalisé lors du plus récent exercice.

«En 2017, nous avons réalisé des progrès dans le cadre de notre stratégie et nous avons l'intention de poursuivre nos efforts pour atteindre nos cibles en 2020», a souligné M. Bruce.

L'entreprise a été la grande gagnante pour le projet de train électrique du Réseau express métropolitain (REM) évalué à 6,3 milliards $ en faisant partie des consortiums retenus pour l'ingénierie ainsi que la fourniture du matériel roulant.

Jusqu'à présent, SNC-Lavalin dit avoir réalisé des synergies de 40 millions après avoir acheté Atkins l'an dernier pour 3,6 milliards. L'entreprise a l'objectif d'économiser 120 millions d'ici la fin de l'exercice.

La firme québécoise a par ailleurs terminé l'année en affichant une hausse de 32 % de son bénéfice net au quatrième trimestre, qui s'est établi à 52,4 millions, ou 30 cents par action.

De leur côté, les revenus ont bondi de 32 % pour s'établir à 2,92 milliards.

Abstraction faite des éléments non récurrents, la multinationale a affiché un bénéfice ajusté de 172,7 millions, ou 98 cents par action, par rapport à 116,1 millions, ou 77 cents par action, au quatrième trimestre l'an dernier.

Cette performance a surpassé les attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur des revenus de 2,85 milliards et sur un profit ajusté par action de 93 cents.

Les investisseurs ont réagi favorablement, puisqu'à la Bourse de Toronto, le titre de SNC-Lavalin a pris 2,12 $, ou 3,96 %, pour clôturer à 55,60 $.

Pour sa part, la taille du carnet de commandes était de 10,4 milliards, en léger recul par rapport à il y a un an, ce qui n'a pas inquiété Yuri Link, de Cannacord Genuity.

«Nous notons que cela ne tient pas compte du projet du REM qui, à notre avis, pourrait ajouter 2 milliards $ au carnet de commandes», a estimé l'analyste dans une note envoyée par courriel.

Pour l'exercice, SNC-Lavalin a généré des profits de 382 millions, ou 2,34 $ par action, par rapport à 255,5 millions, ou 1,70 $ par action, en 2016, alors que son chiffre d'affaires a été de 9,3 milliards, en hausse de 10 %.

Sur une base ajustée, son bénéfice a été de 522,3 millions, ou 3,20 $ par action, comparativement à 387,1 millions, ou 2,58 $ par action, lors du dernier exercice.