Alors que Boeing et Embraer semblent se diriger vers un accord dans le secteur des avions commerciaux, Héroux-Devtek s'estime bien positionnée pour tirer profit d'une éventuelle alliance entre ces deux avionneurs.

Le spécialiste québécois des trains d'atterrissage et de pièces d'aéronautique a déjà des relations d'affaires avec ces deux constructeurs, a souligné mercredi son président et chef de la direction, Gilles Labbé.

«Si un accord était conclu, nous allons certainement trouver une façon de travailler avec la nouvelle entité qui sera créée», a-t-il expliqué, mercredi, au cours d'une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre.

D'après divers médias, Boeing serait l'actionnaire majoritaire de la nouvelle coentreprise avec Embraer tandis que le constructeur brésilien conserverait le contrôle de ses activités militaires.

Un tel partenariat permettrait au géant américain de riposter à Airbus - l'actionnaire majoritaire de la C Series de Bombardier. Boeing mettrait la main sur la gamme d'appareils E-Jets d'Embraer, mieux outillée pour rivaliser avec la C Series dans le segment des avions de 100 à 150 places.

Le rapprochement entre les avionneurs américain et brésilien semble s'être accéléré depuis que la plainte de Boeing contre la C Series a été rejetée par la Commission américaine sur le commerce international (USITC).

Rendue le mois dernier, cette décision a éliminé les droits compensatoires et antidumping de 292,21 % préalablement déterminés par le département du Commerce.

Boeing est l'un des plus importants clients de Héroux-Devtek, l'unique fournisseur des trains d'atterrissage des avions de ligne 777 et 777X et responsable de la fabrication de pièces de rechange vendues par le géant américain.

En plus d'avoir des liens d'affaires avec Bombardier, la société établie à Longueuil est également un fournisseur d'Embraer pour ses jets d'affaires Legacy 400 et 500 ainsi que pour l'avion de transport militaire K-390.

«Nous ambitionnons aussi d'être un (important) fournisseur pour les nouveaux E-Jet, a souligné M. Labbé. La relation (d'affaires) est présente avec les deux compagnies. Nous suivons attentivement ce qui se passe.»

À l'automne, le grand patron de Héroux-Devtek avait dit voir d'un bon oeil le partenariat conclu entre Airbus et Bombardier, estimant que l'impact serait positif pour les chaînes d'approvisionnement du Québec et du Canada.

Impact fiscal

Quant à sa performance au troisième trimestre terminé le 31 décembre, Héroux-Devtek a affiché un bénéfice net de 626 000 $, ou deux cents par action, par rapport à 8,2 millions, ou 23 cents par action, il y a un an.

Ce déclin est essentiellement attribuable à une charge d'impôt non récurrente de 4,9 millions  liée à la réforme fiscale adoptée en décembre aux États-Unis et qui abaisse à 21 % le taux d'imposition des sociétés.

Abstraction faite des éléments non récurrents, le bénéfice ajusté s'est chiffré à 5,7 millions $, ou 16 cents par action, en baisse de 5 %, alors que les revenus ont légèrement fléchi, à 97,5 millions.

Ces résultats se sont avérés conformes aux attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur un bénéfice ajusté par action de 16 cents et sur des recettes de 97,9 millions.

Dans un rapport envoyé à ses clients, Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, a notamment souligné l'augmentation marquée des flux de trésorerie, qui sont passés de 9,7 millions à 17,1 millions.

«Plus important encore, Héroux-Devtek a réitéré ses prévisions pour l'exercice 2018, soit une décroissance inférieure de 10 % des revenus, ce qui reflète la baisse de cadence de certains programmes, comme celui du 777», a écrit l'analyste.

L'entreprise poursuit par ailleurs ses discussions avec Dassault Aviation, qui a mis un terme en décembre au programme de jets d'affaires Falcon 5X dans le but de déployer un nouveau programme en 2022. Fournisseur du train d'atterrissage du Falcon 5X, Héroux-Devtek s'attend à conserver le même rôle avec le prochain avion de Dassault.

À la Bourse de Toronto, le titre de l'entreprise a pris 53 cents, ou 3,74 %, pour clôturer à 14,70 $.