General Motors (GM) a réussi à jongler en 2017 avec le plafonnement des ventes de voitures aux États-Unis pour dégager ses plus gros profits, se reposant sur des réductions de coûts et des hausses de prix de ses gros véhicules.

Si sur le papier le premier constructeur automobile américain a essuyé une perte nette de 5,2 milliards de dollars au quatrième trimestre c'est principalement un effet comptable car il a dû inscrire dans ses comptes une charge de 7,3 milliards liée à la récente réforme fiscale l'ayant obligé à revoir sa comptabilité.

En excluant cette charge, GM a gagné 1,9 milliard de dollars, ce qui est, selon un communiqué publié mardi, le plus gros bénéfice de son histoire pour cette période de l'année. Ce résultat s'est traduit par un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, de 1,65 dollar contre 1,38 dollar attendu en moyenne par les analystes financiers.

Sur l'année, GM a essuyé une perte nette de 3,86 milliards de dollars, contre un profit de 8,6 milliards lors de l'exercice précédent. Le résultat d'exploitation annuel est toutefois de 12,8 milliards de dollars, soit un nouveau record après 2016.

Le bénéfice par action ajusté de 6,62 dollars est supérieur non seulement aux 6,35 dollars anticipés par les marchés mais également à la fourchette de 6 à 6,50 dollars livrée mi-janvier au salon automobile de Detroit.

À Wall Street, le titre bondissait de 4,96% à 41,50 dollars vers 11h15.

Les gros bénéfices de GM sont alimentés par l'Amérique du Nord où le constructeur a certes vendu 450 000 voitures de moins comparé à 2016 mais une hausse importante des prix des grosses voitures (camionettes, VUS ou 4X4 urbains et hybrides) lui a permis de préserver sa rentabilité.

Optimisme

Après avoir délaissé les grands modèles pendant la crise financière, les Américains se précipitent de nouveau vers eux à la suite du rebond de la croissance, du recul du taux de chômage à ses plus bas niveaux et de prix de l'essence à la pompe plutôt bas.

Les camionnettes à plateau aux fortes marges bénéficiaires ont ainsi constitué près d'un tiers des 3 millions de véhicules vendus aux États-Unis en 2017 par GM, une part qui devrait encore augmenter cette année suite au lancement prévu d'une nouvelle version de la Chevrolet Silverado, deuxième modèle le plus vendu sur le marché américain.

La marge opérationnelle trimestrielle en a été renforcée, ressortant à 8,2% contre 6,5% au quatrième trimestre 2016, alors qu'elle a chuté à 3,7% chez le rival Ford contre 5,7% un an plus tôt.

Contrairement à Ford, GM a donné un coup de lifting à ses VUS en lançant de nouvelles versions de la Chevrolet Equinox, la Chevy Traverse et la Buick Enclave, ce qui a permis de surclasser les ventes de la Ford Escape par exemple, selon les chiffres du cabinet Autodata.

Pour faire des économies face au ralentissement des ventes aux États-Unis après des années de record successives, GM a mis fin à son aventure européenne devenue un puits de perte en finalisant la vente de sa filiale européenne Opel/Vauxhall au français PSA.

Le géant de Detroit, seul grand groupe automobile dirigé par une femme, l'Américaine Mary Barra, affiche également son optimisme en disant anticiper en 2018 des résultats «largement en ligne» avec 2017, en dépit des craintes sur la remontée des taux d'intérêt et la croissance de l'inflation susceptibles de freiner les dépenses des ménages.

«Nous ne sommes pas particulièrement inquiets de la hausse de l'inflation», a déclaré mardi Chuck Stevens, le directeur financier de GM.

À terme, GM mise sur les technologies autonomes et électriques, considérées comme l'avenir de l'automobile, et a prévu d'y consacrer une grande part de ses 8 milliards de dollars d'investissements prévus pour cette année.

Le gouvernement américain va examiner prochainement une requête du constructeur de tester une voiture sans volant ni pédales dans le cadre de son programme de développement d'un véhicule autonome qu'il veut mettre sur les routes en 2019.