L'avionneur Boeing a confirmé mercredi sa bonne année 2017 et brossé un tableau optimiste pour cette année, dont une livraison d'avions record, en raison de la hausse du trafic aérien et des baisses massives d'impôts accordées aux entreprises par l'administration Trump.

Membre de l'indice boursier Dow Jones, regroupant les trente valeurs vedettes de Wall Street, le titre bondissait de 6,00% à 357,98 dollars vers 10h30 à la Bourse de New York. Il a déjà gagné plus de 109% lors des douze derniers mois, faisant de Boeing le premier groupe industriel américain par capitalisation boursière devant General Electric (GE) en perte de vitesse depuis un an.

Le constructeur aéronautique entend livrer cette année entre 810 et 815 appareils aux compagnies aériennes clientes, soit au moins 47 avions de plus comparé à 2017 (763 appareils), qui était déjà une année record.

Les livraisons sont le baromètre de la santé financière d'un groupe aéronautique, car une compagnie aérienne paie traditionnellement quand elle prend possession de l'appareil, ce qui a un effet sur les revenus.

Boeing prévoit en conséquence un chiffre d'affaires 2018 compris entre 96 et 98 milliards de dollars, en hausse de 3% comparé à 2017 et nettement au-dessus des 93,45 milliards anticipés actuellement par les marchés financiers.

L'avionneur, qui dispose d'un carnet de commandes garni -5.864 appareils à fabriquer évalués à 488 milliards de dollars- a augmenté récemment ses cadences de production: il va fabriquer 52 appareils de la famille 737 par mois dès cette année, contre 47 l'an dernier. Le rythme sera de 57 avions mensuels en 2019.

La production du 787 va, elle, augmenter de 12 à 14 appareils par mois.

Un 797?

Pour ce qui est de la rentabilité, le bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, devrait être de l'ordre de 13,80 à 14 dollars contre 11,96 dollars escompté.

La trésorerie disponible va nettement s'améliorer, passant de 13,34 milliards de dollars à 15 milliards, avance également le groupe de Chicago, dont les projections incluent des avantages de la réforme fiscale adoptée récemment par l'administration Trump. Cette dernière va abaisser son taux d'imposition à 16%.

L'amélioration de la trésorerie est, selon des experts, le message que Boeing tiendra sa promesse de rémunérer grassement les actionnaires en leur reversant 18 milliards de dollars sous la forme d'une hausse de 20% du dividende et de programmes de rachat d'actions.

Depuis son arrivée aux commandes, le PDG Dennis Muilenburg s'est attelé à réduire les coûts, via des suppressions d'emplois aux États-Unis, à automatiser de plus en plus de tâches et à rapatrier en interne des activités confiées autrefois aux équipementiers dans le but de doper les profits.

Cette stratégie semble produire les fruits escomptés puisque Boeing a dégagé sur l'année écoulée un bénéfice net de 8,2 milliards de dollars, en forte hausse de 67,5%, dont 3,1 milliards au quatrième trimestre (+92%).

Les trois derniers mois ont en outre été gonflés par un crédit d'impôt de plus d'un milliard, conséquence d'une modification de la comptabilité du fait de la nouvelle législation fiscale.

Le chiffre d'affaires annuel a certes reculé de 1,2% à 93,4 milliards, mais est supérieur aux 92,55 milliards attendus. Au quatrième trimestre, il a bondi de 8,9% à 25,368 dollars, contre 24,69 milliards attendus.

Boeing n'a rien dévoilé mercredi de ses intentions après le blocage vendredi dernier des taxes gigantesques imposées par l'administration Trump, à sa demande, aux avions Cseries du rival canadien Bombardier vendus à la compagnie américaine Delta Air Lines.

Il est également resté muet sur les négociations en cours avec le constructeur aéronautique brésilien Embraer sur un partenariat stratégique potentiel et sur l'éventuel lancement d'un nouveau programme pour remplacer le 757, alors que des rumeurs évoquent de plus en plus un programme baptisé 797.

Dennis Muilenburg a réussi récemment à lancer le 787-10 sans accroc, alors que les débuts de l'A320 Neo et de l'A330 Neo du rival Airbus ont été émaillés de problèmes de réacteurs construits par PrattWhitney (United Technologies).