Les compagnies aériennes qui évacuent leurs clients des endroits se trouvant dans la trajectoire d'Irma affirment qu'il est trop tôt pour dire si l'ouragan pourrait limiter les options des voyageurs qui planifient se rendre dans des destinations soleil cet hiver.

«Nous avons peu de détails en ce qui a trait à l'impact des ouragans pour le reste de la saison ainsi que pour l'hiver», a expliqué jeudi le chef de la direction financière de Transat A.T., Denis Pétrin, au cours d'une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre.

À l'instar d'Air Canada et de WestJet, l'exploitant du transporteur Air Transat a déployé plusieurs avions afin de rapatrier ses clients.

La République dominicaine, Cuba ainsi que certaines parties des Antilles représentent près de 60 % de la capacité du voyagiste québécois vers les destinations soleil.

Accompagné de vents d'environ 300 kilomètres/heure, l'ouragan Irma a jusqu'ici fait au moins 10 morts en plus de ravager des endroits comme Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Barbuda ainsi qu'Anguilla. Irma se dirige maintenant vers la République dominicaine et Haïti ainsi que la Floride.

«Nous ne sommes pas encore en mesure de discuter (des effets), a fait savoir par courriel une porte-parole de WestJet, Lauren Stewart. Les endroits touchés semblent encore constater les dégâts.»

Une porte-parole d'Air Canada, Isabelle Arthur, a offert une réponse similaire par courriel.

Jusqu'à présent, Transat dit tenter d'aider ses clients qui prévoyaient se rendre dans les endroits frappés par Irma. Le voyagiste leur propose par exemple d'autres destinations ou un crédit afin de voyager plus tard dans l'année.

Selon le président et chef de la direction de l'entreprise, Jean-Marc Eustache, l'impact financier découlant d'Irma ne devrait pas être significatif. La facture pourrait toutefois être plus salée si d'autres ouragans continuent à se former.

Il a toutefois rappelé aux analystes que la saison des ouragans avait été difficile il y a cinq ans, mais qu'au bout du compte, l'impact avait été limité pour les voyageurs.

Le directeur de l'association canadienne des voyagistes, Pierre LePage, croit que certains centres de villégiature vont subir les contrecoups d'Irma, ajoutant que l'industrie était résiliente et capable de s'adapter rapidement.

«Cette situation n'affectera pas le modèle d'affaires des voyagistes», a-t-il affirmé au cours d'un entretien téléphonique.

Un meilleur été

Par ailleurs, même si Transat a presque triplé ses profits au cours du trimestre d'été, cette performance trimestrielle n'a pas empêché son action de piquer du nez à la Bourse de Toronto. Le titre a clôturé à 9,08 $, en baisse de 1,00 $, soit 9,9 %.

Le voyagiste - qui avait signalé en août que ses résultats seraient meilleurs que prévu - a engrangé un bénéfice net de 26,6 millions, ou 72 cents par action, au troisième trimestre, par rapport à 9,4 millions, ou 26 cents par action, à la même période il y a un an.

Ses revenus ont progressé de 10,5 %, à 733,2 millions.

L'entreprise a expliqué que son chiffre d'affaires avait été stimulé par une hausse de 8,7 % du nombre de voyageurs sur les liaisons transatlantiques - son principal marché au troisième trimestre.

Transat a toutefois prévenu que ses prévisions pour le quatrième trimestre pourraient être affectées par les prix plus élevés du carburant, la fluctuation des devises et les tempêtes qui frappent la région des Antilles.

En excluant l'impact de ces événements météorologiques, Transat prévoit que son bénéfice net du quatrième trimestre devrait être similaire à celui de l'an dernier, soit d'environ 70,8 millions.

«Les perspectives du dollar canadien par rapport à la devise américaine (...) sont nettement plus favorables», a souligné l'analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, dans une note.

Puisque la majorité des dépenses de l'entreprise s'effectuent en dollars américains pendant l'hiver, la remontée du huard est de bon augure, estiment certains analystes.

Par ailleurs, M. Eustache a fait savoir que le projet visant à établir une chaîne hôtelière dans le Sud qui compterait quelque 5000 chambres d'ici 2024 pourrait représenter des investissements totalisant 1,2 milliard sur sept ans.

Après des mois de réflexion, Transat avait décidé en juillet de vendre sa participation minoritaire dans Ocean Hotels - qui possède des établissements au Mexique et en République dominicaine, en plus d'en gérer quatre autres à Cuba - à son partenaire espagnol H10 pour 190 millions.