Des tensions entre YouTube et ses annonceurs publicitaires n'ont pas empêché Google et sa maison mère Alphabet d'afficher de nouveau des résultats en forte hausse au premier trimestre, entraînant l'action du géant internet américain vers de nouveaux records historiques.

Alphabet a publié jeudi des chiffres meilleurs que prévu et devant beaucoup aux recettes publicitaires de sa filiale vedette.

Le bénéfice net du groupe s'est envolé de 29% à 5,4 milliards de dollars et son chiffre d'affaires de 22% à 24,75 milliards, un niveau supérieur aux attentes du marché.

Le bénéfice par action, qui sert de référence aux États-Unis, a atteint pour sa part 7,73 dollars, soit 33 cents de mieux que la prévision moyenne des analystes. Ces bonnes surprises permettaient à l'action Alphabet de gagner 4,24% à 929,25 dollars vers 19 h 45 dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York, un cours jusqu'ici jamais atteint en séance officielle, et qui confère à l'ensemble du groupe une valeur de quelque 635 milliards de dollars.

Google a souffert en fin de trimestre d'une fronde de ses annonceurs publicitaires, qui ont commencé à boycotter certaines de ses plateformes, et en particulier son service de vidéo en ligne YouTube, après l'apparition de certaines annonces à côté de contenus polémiques (antisémites, incitant à la haine ou faisant l'apologie du terrorisme).

Le boycottage, parti mi-mars du Royaume-Uni, s'était ensuite étendu à plusieurs grandes marques aux États-Unis. Google avait réagi en annonçant un renforcement de ses contrôles internes grâce à des technologies d'intelligence artificielle.

YouTube a également décidé d'arrêter de placer des publicités sur ses chaînes affichant moins de 10 000 visiteurs, et d'ajouter des procédures de préexamen une fois que ce seuil est franchi avant d'y autoriser des annonces.

«Nous prenons cette responsabilité très au sérieux. Je dirais que les annonceurs ont clairement remarqué toutes les améliorations que nous avons faites», a assuré jeudi Sundar Pichai, le patron de Google, lors d'une téléconférence avec des analystes.

L'affaire n'a en tout cas pas semblé dans l'immédiat peser sur les recettes publicitaires de Google, qui ont encore augmenté de 19% à 21,4 milliards de dollars au premier trimestre.

«Croissance substantielle» du nuage et des appareils

Google est la filiale qui, depuis la réorganisation fin 2015 du groupe sous l'ombrelle du holding, regroupe les activités mobiles et en ligne du groupe (YouTube, recherche et publicité, Android...), et aussi celle qui lui rapporte l'essentiel de ses bénéfices et de ses revenus.

«La croissance des recettes publicitaires a été de nouveau entraînée par la recherche mobile» au premier trimestre, a précisé la directrice financière d'Alphabet, Ruth Porat.

Mais elle a aussi souligné la «croissance substantielle» (+49% à 3,1 milliards de dollars) des «autres revenus» de Google, tirés de nouvelles activités comme les services dématérialisés en ligne dans le nuage, où il tente de rattraper les poids lourds Amazon et Microsoft, ainsi que les appareils électroniques.

Google a en particulier lancé l'an dernier le tout premier téléphone intelligent portant sa marque, le Pixel, positionné clairement comme un rival de l'iPhone d'Apple, et une enceinte intégrant un assistant virtuel pour la maison, Google Home, qui ambitionne pour sa part de concurrencer les populaires appareils Echo d'Amazon.

Le groupe n'a pas divulgué ses chiffres de ventes, mais Sundar Pichai a assuré jeudi qu'elles «continuent d'être solides», ajoutant que le groupe travaillait «activement» pour lancer les produits sur de nouveaux marchés.

La création d'Alphabet visait essentiellement à apporter davantage de clarté sur les performances des paris futuristes du groupe. Les investisseurs s'inquiétaient en effet des coûts importants, et des retours sur investissements incertains, des initiatives comme les voitures sans chauffeur (Waymo), les drones de livraison (projet Wing), les accès à internet par montgolfière (Loon), la domotique connectée (Nest), les réseaux internet hyperrapides en fibre optique (Fiber) ou les recherches dans la santé (Calico et Verily).

Ruth Porat a contribué à beaucoup rationaliser ces investissements et a réduit la voilure dans plusieurs d'entre eux. Ces paris futuristes ont malgré tout encore accusé une perte d'exploitation de 855 millions de dollars US au premier trimestre (contre 774 millions US un an plus tôt), pour un chiffre d'affaires de seulement 244 millions US.